La ferme apporte lumière et chaleur nouvelles à son territoire

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La ferme apporte lumière et chaleur nouvelles à son territoire

Six associés ont mené à bien leur projet. Ils produisent de l’énergie depuis septembre. Ils y travaillaient depuis six ans.

Ils auront mis cinq ans à construire leur projet, celui d’une ferme de production d’énergie intégrée dans son territoire. La SAS Métha-Ferchaud a installé la biologie de son digesteur cet été. La cogénération a démarré en septembre. Histoire d’un groupe naissant.

Le moteur tourne et monte en régime. Á Martigné-Ferchaud, dans l’extrême est breton, un groupe de six associés s’est fédéré autour d’un digesteur. Le projet s’est concrétisé en 2016. Son histoire s’était initiée en 2010, avec un groupe de quatre personnes.

«Pourquoi nous lancer dans la méthanisation ?» Produire de l’énergie renouvelable, investir pour créer un complément de revenu, valoriser ses effluents d’élevage, améliorer ses pratiques de fertilisation, et sans engrais de synthèse, ou donner une autre image de l’agriculture conventionnelle… Il y a presque autant de motivations différentes que d’associés.

Impossible seul

«Aucun ne voulait partir seul. D’ailleurs, cela n’aurait pas été possible, que ce soit par rapport aux apports de matière, ou par rapport à l’investissement», confirme Sébastien Boudet, le chef d’exploitation salarié de la SAS Métha-Ferchaud. Il est aussi l’un des associés, avec un gestionnaire de patrimoine et quatre agriculteurs (de trois élevages différents).

Sébastien Boudet devant le site

Sébastien Boudet est un associé de l’entreprise officiellement créée en 2013 et qui produit de l’énergie depuis septembre 2016. Il en est aussi salarié, en qualité de chef d’exploitation.

Boulevards et obstacles parfois inattendus

Il constate : «A six, nous avons fait face à un certain nombre d’obstacles», lors de ces six années entre l’idée et le premier tour du générateur, intervenu à l’issue d’une visite d’ERDF. Car au-delà d’apprendre à travailler ensemble, les associés de la SAS se sont mis en relation avec un tas de structures pour réaliser leur projet, que ce soient des collectivités, des administrations, des associations ou des entreprises. «Six ans, cela paraît long», mais le producteur d’énergie juge que «le temps amène la cohérence. C’est plutôt bénéfique. Les idées initiales de notre projet sont là, et nous l’avons optimisé.»

De leur parcours, il retient que la dernière ligne droite a été la plus dure pour eux. Suite aux nombreuses visites qu’ils ont faites, «parce que, quand on investit 1,8M€, il faut être sûr que cela fonctionnera», les néo-méthaniseurs s’attendaient à ce que les dossiers administratifs ou celui du raccordement au réseau électrique soient les plus démoralisants. Finalement, «les contraintes administratives prennent du temps, mais une fois que cela a été fait, nous avons eu des réponses rapides.» En revanche, pour les financements, ça a été plus compliqué, même en présentant presque 30% de subventions (hors séchage) et des apports personnels: seule la troisième enseigne contactée, la BPO, s’est montrée réactive et a finalement permis le lancement des travaux en septembre 2015.

En travaux

Les aménagements ne sont pas terminés, Stéphane Choquet, le président, le prouve. La SAS Métha-Ferchaud n’a pas encore révélé toutes les portées d’un tel projet.

S’assurer un revenu en maîtrisant ses intrants

«Nous voulions être indépendants pour l’approvisionnement.» Ainsi, les déjections animales représentent 80% du poids versé dans la trémie d’alimentation. Outre le lisier et le fumier apportés par les éleveurs associés, la méthanisation utilisera les fientes produites sur la première ferme voisine du site de la SAS. Car le projet veut avoir une implantation locale, comme le montrent les autres sources de matières premières: les déchets de tonte de la collectivité et du marc de pommes issu d’une entreprise située à 1,5km de là.

Un tas d’ensilage de maïs occupe un coin de la plateforme de stockage: outre les cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cive), «nous mettons 1t/j de maïs.» L’ingrédient, riche en énergie, est aussi «un bon aliment tampon.» Il offre une sécurité non négligeable pour ce démarrage biologique. Ancien régisseur pour des tournages de film, il a été un moteur dans la réalisation de ce projet aux multiples volets qu’entraid.com vous ouvrira au fil des prochains mois. Avec volontarisme et prudence, le chef d’exploitation se forme, par la pratique, à ses nouveaux métiers d’éleveur de bactéries et de producteur d’énergies.

Livraison de marc de pommes

Fumier, fiente, menue-paille, Cive maïs et tonte, ou marc de pommes, ici fraîchement livré, composent la fraction solide incorporée au digesteur. Valorisation des effluents et complément local sont des objectifs.

Le groupe et son outil

Sébastien Boudet, Stéphane Boudet, Benoît Bouvry, Frédéric Brizard, Stéphane Choquet, Guénaël Hamelin sont les 6 associés de la SAS Métha-Ferchaud.
Ils ont entre 38 et 46ans, 4 sont agriculteurs, tous installés à moins de 10km du siège de la SAS et adhérents de la cuma la Fourragère.
•Le système de production du gaz avalera 30t de matière tous les jours.
•100% du gaz sert à la cogénération.
•La puissance électrique du moteur est de 205kWe
•La production annuelle d’électricité sera de 1,6GWhe, soit l’équivalent de la consommation de 500 foyers hors chauffage.
•L’investissement réalisé pour aménager le site de production s’élève à 1,8M€.
•La vente d’électricité est contractualisée pour 15ans.
•Le kilowattheure est vendu à 0,21€.
•En phase de mise en route, le fonctionnement du site occupe une personne à temps plein.

Un guide pour financer un projet de méthanisation existe. Rédigé par l’Association d’Initiatives locales pour l’Energie et l’Environnement (AILE) et l’Agence Rhône-Alpes Énergie Environnement (RAEE), il est disponible ici.

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