#AmericanDream, épisode 2 : un autre monde

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#AmericanDream, épisode 2 : un autre monde

Sous le hangar. Crédit photo: Martin Roquet

Martin Roquet est fils d’agriculteurs finistériens. Avant de s’installer, il réalise son rêve : découvrir l’agriculture nord-américaine en travaillant pendant plus de 8 mois sur une exploitation dans la vallée des Sioux, dans le Dakota du Nord. Au menu : maïs, soja et blé sur… 5400ha. Entraid publie son journal de bord en exclusivité. Aujourd'hui, un petit tour d'exploitation.

La Rédaction vous propose d’en savoir plus sur ces 8 mois de découverte de l’agriculture américaine aux côtés de Martin Roquet :

#AmericanDream, épisode 1 : le rêve américain d’un futur agriculteur

#AmericanDream, épisode 3 : la coopération capitaliste, c’est possible ?

#AmericanDream, épisode 4 : road-trip à la recherche de Lucky Luke

#AmericanDream, épisode 5 : le pays de la liberté… de tout faire ?

#AmericanDream, épisode 6 : ma ferme «à l’américaine» ?


« Arrivé par avion à Fargo le 3 avril, je me rends vite compte que les Américains ne vivent pas dans le même monde que nous quand mon patron vient me chercher après 2h de route avec un pick-up de 350cv tout neuf consommant plus de 20l/100km.

C’était en fait, l’arbre qui cache la forêt quand j’ai découvert que les hangars étaient pleins d’automoteurs neufs renouvelés tous les ans (quadtracs, batteuses, semoir, pulvérisateur, épandeur).

La neige plus abondante que les autres années ne nous a permis de réaliser les semis de maïs et blé qu’un mois plus tard.

Sur cette exploitation de 5.400ha situé entre Bismarck et Fargo, nous produisons surtout du maïs et du soja, les 10% restant sont en blé. Le parcellaire est constitué de quart, demi ou pleine sections taillées de manière rectangulaire, une section mesurant un mile (1,56km) carré.

champs mais États-Unis

Des surfaces impressionnantes.

Elle se situe dans la Sioux Valley, où vivaient avant cette tribu indienne. Les paysages de grands espaces ont façonné les méthodes agricoles : le travail du sol est restreint à son minimum par exemple. Le paysage est constitué de 1001 collines à dominante de sable, avec des dévers dans tous les sens, sans talus. Les orages de pluie, tornades et tempêtes de poussière y causent des érosions vraiment phénoménales.

Les semoirs sont donc de type semis direct et les outils de travail du sol offrent un grand dégagement pour travailler à grande vitesse afin de découper le sol et les nombreux résidus.

Les nouvelles technologies (autoguidage, coupures de tronçons sur les semoirs, pulvérisateurs et épandeurs d’engrais) sont indispensables compte tenu de la morphologie des parcelles. Elles ressemblent souvent à un gruyère à causent des nombreuses mares et fossés.

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Des parcelles inégales.

Grandes largeurs et répartition du poids y sont l’alpha et l’oméga : tous les matériels sont jumelés, triplés ou à chenilles y compris les moissonneuses et pulvérisateurs, afin d’éviter la compaction et de garantir de l’adhérence sur un maximum de surface.

Le parc matériel comprend des tracteurs de 670 ch qui pèsent 27 tonnes mais qui tassent à peine plus qu’un homme, compte tenu de leur surface au sol.

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Matériel au champ dans le Dakota du Nord.

Les matériels sont récents, performants et coûtent cher, mais ils sont cependant amortis par les surfaces travaillées. Par exemple quand un semoir à maïs 8 rangs en France fera 350 ha/an ici le semoir 24 rangs a fait 1300 ha en 5 semaines. Il en est de même pour tous les matériels, certains tracteurs ont fait 450 ha en 1 mois pendant les semis, certains agriculteurs Français investissent dans du neuf et n’en font parfois pas autant en 12 mois.

Des missions variées

Le parc automoteur est renouvelé tous les ans ou 2 ans pour du neuf alors que certains outils coûtent 550 000€ pièce.

Tout cela pour dire que le matériel ici est démesuré, rempli d’options chères, mais en travaillant sur davantage de surface il coûte surement moins cher qu’en France car le rapport capitaux investis/ha et le temps passé/ha sont bien plus faibles. Sur l’exploitation le poste tracteur+ batteuse représente à peine 1 cheval/ha et les batteuses font 1500ha/an.

Mes missions sur l’entreprise sont très variées : en période creuse j’entretiens les matériels, les bâtiments et installations, bricolage divers.

En période de semis je roule le soja, ramasse les cailloux avec une machine spécialisée et je fais le ravitaillement en fioul sur les différents chantiers.

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Déchargement des cailloux après ramassage.

Je déplace également les salariés qui transportent les camions de semences, fertilisants et de produits phytosanitaires sur les différentes parcelles. Cette période a été assez intense puisqu’en 40 jours je n’ai eu que 2,5 jours de repos et en 3 séquences pour cause de pluie.

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Un rouleau sur une parcelle de soja aux Etats-Unis.

Le reste du temps, les journées de travail atteignent 15 ou 16 heures de travail et 7 jours/7 avec les sandwiches avalés sans descendre du tracteur le midi.

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Martin Roquet en cabine. Les déjeuners se prennent aussi dans le tracteur.

Il y avait un Danois avec moi sur l’entreprise mais c’était trop dur pour lui il a craqué et est rentré chez lui après 2 semaines intenses.

En période de moisson je vais conduire un transbordeur et remplir les camions aux champs et peut-être conduire les camions de grain, là encore les journées risquent d’être bien chargées. »