Et si le bonheur était dans le pré…

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Et si le bonheur était dans le pré…

La prairie est le principal décor de l'élevage qui valorise ainsi des terres au potentiel limité.

Au gaec de la Poterie, à Nuillé-le-Jalais dans la Sarthe, la maîtrise des charges que permet notamment la délégation des investissements est plus qu'appréciable du point de vue économique. A l'heure où la retraite des associés se profile, leur choix se révèle être un atout pour la transmission.

Une expérience de 25 ans et un choix de l’autonomie, partagés à l’occasion de l’assemblée générale de l’association sarthoise de la race Normande. Depuis 1993, Didier Richard et Jacky Médard sont installés en gaec sur une exploitation de 110 ha, avec un troupeau de 65 normandes ainsi que des bœufs. Avant de s’installer, les deux agriculteurs ont acquis une solide expérience en comptabilité et gestion d’un troupeau laitier. «Cela nous a permis de repérer les choses à ne pas faire.»

Recherche d’autonomie

Comme ils le précisent: «Nous sommes situés sur une exploitation avec des terres à potentiels limités. Nous recherchons l’autonomie sur l’exploitation.» Tout est organisé autour d’un système économe en intrants, en mécanisation… L’assolement est tourné vers la valorisation de l’herbe (plus de 70% de la surface) avec une surface importante en foin.

Jacky assure la traite le matin et Didier le soir. Ils souhaitent tous les deux limiter les astreintes de la production. Ils prennent également trois semaines de congé par an et ne travaillent qu’un week-end sur deux de mars à août.

Du côté des produits, le lait est très bien valorisé (TB à 46 et TP à 38,5). Tenant compte de l’ensemble des critères, le gaec dégage un EBE supérieur à la moyenne du groupe.

91% de la mécanisation en cuma

A leur installation, avec l’appui de deux voisins et d’une cuma locale, une cuma est relancée : la cuma des Sablons, qui dispose notamment de la traction nécessaire à l’exploitation.

Didier confirme: «Sur l’exploitation, il reste deux vieux tracteurs, un Someca et un Case IH. Il s’agit des tracteurs de nos grands-parents, c’est notre part de nostalgie et d’affectif!» Pour ceux qui doutent, il précise : «La fenaison en cuma, c’est possible. Nous avons mis en place une bonne organisation, avec du matériel grande largeur.»

Des coûts de mécanisation inférieurs à 270 €/ha, qui dit mieux ?

Il faut le dire, les charges de mécanisation sont très faibles sur cette ferme : 270€/ha, contre des références à 410-450€/ha (tirées d’une étude de groupe sur 25 exploitations laitières de la Sarthe), soit une économie équivalente à 15.000€. La mécanisation représente 11,6% du chiffre d’affaires de l’exploitation (le groupe est entre 14 et 15%) et 64€/1.000l, tandis que le groupe est à un niveau supérieur à 100€/1.000l sur ce critère.

Le système de l’exploitation est cohérent dans la globalité : peu de besoins en mécanisation (31.000€), le choix d’un équipement collectif, des terres groupées, des vaches qui vont dans les champs et qui mangent au silo…

Et recherche de performance

Comme l’évoque un responsable de cuma présent dans le public : «La stratégie collective est intéressante, notamment pour la traction, mais qu’est-ce que tu veux, c’est dans la tête que cela se passe!»

Toujours à la recherche d’une meilleure performance, Jacky vient de suivre une formation sur l’acupuncture et les huiles essentielles pour soigner les animaux: «Il est vrai qu’à notre premier essai de traitement d’une mammite, nous avions beaucoup de doutes… mais nous sommes satisfaits des résultats obtenus.»

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Le faible poids des investissements engagés dans le système facilite sa transmission.

Une transmission facilitée

Très connus en Sarthe, nos deux protagonistes commencent à réfléchir à la retraite, projet qui se concrétisera dans les 2-3 ans à venir. Un conseiller de gestion du Cerfrance confirme que la reprise sera plus facile grâce à la part d’investissement qui est limitée.

En cette période de forte crise économique et d’incertitudes, Jacky et Didier sont touchés, comme tous les éleveurs. Ils confirment que l’autonomie est un point essentiel pour l’exploitation. A travers leur comportement, leur expression, on peut repérer que «la pression» est moins importante chez eux que dans de nombreuses exploitations.