Le H5N8, vecteur de division ?

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Le H5N8, vecteur de division ?

Quels moyens de lutte pour venir à bout du virus H5N8 sans compromettre définitivement la pérennité de nombreux élevages ?

Les normes de biosécurité contre la grippe aviaire suscitent parfois des difficultés d’application, surtout dans élevages fermiers engagés en vente directe. De quoi susciter quelques tensions...

Dans la tourmente sanitaire actuelle, difficile de mettre dans un même panier tous les types d’élevages : les conventionnels souvent conduits dans une logique intensive, les élevages labels, les élevages tournés vers la vente directe et tous ceux qui sont impliqués dans la filière gras : les éleveurs, pré-gaveurs, gaveurs.
Tous les aviculteurs, petits ou grands, intensifs ou fermiers, veulent bien sûr une éradication totale et rapide du virus tueur H5N8 et être indemnisés à hauteur du préjudice (lire aussi notre article sur ce sujet). Mais les moyens de lutte engagés sont plus ou moins faciles à mettre en œuvre selon les types d’élevage. Ainsi, certaines mesures imposent dans une zone d’élevage, le principe de la bande unique avec une seule espèce et une seule classe d’âge. Depuis le 6 décembre s’ajoute aussi l’obligation de confinement des volailles ou alors de mise en place de filets au-dessus des parcours.

Elevages « autarciques »

Dans ce contexte, les pouvoirs publics distinguent les élevages « autarciques » dont le principe général est que la volaille entre à un jour et en sort abattue, et les autres. Pour les premiers, des dérogations sont possibles. Ce qui peut susciter quelques incompréhensions, voire tensions entre éleveurs … Manquerait plus que le H5N8 soit aussi un vecteur de division entre producteurs !
Au-delà des efforts actuels de lutte, la grippe aviaire soulève aussi un débat sur les modes de production. Certains observateurs considèrent par exemple que le transfert de canards vivants d’un élevage spécialisé à l’autre et leur concentration, accentueraient les risques de contamination. De leur côté, les éleveurs bio cherchent plutôt, en l’absence de désinfectant chimiques radicaux, à développer l’auto-immunité (production d’anticorps) de leurs élevages contre l’agression de germes pathogènes extérieurs. Quoiqu’il en soit, l’ensemble de la filière avicole devra tirer tous les enseignements de cette crise sanitaire pour éviter qu’elle ne se répète et conduise de trop nombreux élevages à fermer définitivement leurs portes.