Implanter pour durer

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Implanter pour durer

Les prairies multi-espèces sont composées au minimum de une à deux graminées et une à deux légumineuses. © Nathalie Tiers

Semer une prairie est un investissement pour plusieurs années. Il est donc valable de se pencher sur les facteurs de réussite, en particulier si on opte pour un mélange avec des légumineuses.

L’introduction de plantes légumineuses dans des prairies dites multi-espèces est en plein essor. Pour preuve, les surfaces dédiées à la multiplication des légumineuses fourragères sont passées en deux ans de 20.000 à 30.000ha. Le Gnis constate aussi une montée en puissance des mélanges prairiaux. Ils représentent désormais 20% des ventes de semences pour la prairie.

Production sécurisée et qualité

Composées au minimum de une à deux graminées et une à deux légumineuses, les prairies multi-espèces présentent plusieurs avantages: productivité, richesse en protéines, résistance aux aléas climatiques et étalement de la production sur l’année, grâce à la complémentarité des espèces. Mais pour profiter au mieux de ces atouts et faire durer la prairie dans le temps, des précautions particulières doivent être prises à l’implantation, à commencer par le choix des espèces.

6 espèces et 30 kg/ha maximum

Des essais de longue durée ont été réalisés dans les fermes expérimentales de La Jaillère (Loire-Atlantique), Thorigné d’Anjou (Maine-et-Loire) et Jeu-les-Bois (Indre). Les résultats obtenus constituent aujourd’hui des références robustes pour conseiller les éleveurs dans différents contextes pédo-climatiques et en fonction des usages prévus: pâture, fauche (1). «Il n’est pas recommandé de dépasser 6 espèces et aucun essai n’a montré de bénéfice au-delà d’une dose de semis globale de 30kg/ha», précise Pierre-Vincent Protin, animateur du pôle fourrages d’Arvalis.

Analyse de sol incontournable

En 2015 et 2016, Arvalis a mis en évidence l’importance du pH et de la fumure de fond sur la production des prairies multi-espèces, à l’aide d’essais menés à la station de La Jaillère sur une luzerne pure. Ils montrent un gain de 3,1t MS/ha avec un apport à l’implantation de 1.000 unités de CaO broyé (chaux). A la station, cet apport a poussé le pH de 5,7 à 6,4. Les sept coupes cumulées sur deux ans atteignent 21,5t MS/ha. L’apport de 2.000 unités de CaO pulvérisé fait monter le pH à 7,2 et le tonnage à 24,2t MS/ha.

Arvalis montre aussi l’effet du phosphore: le rendement sur deux ans passe de 19,5 à 21,7t MS/ha (+2,2 t MS) avec un apport de 120 unités de P2O5. «Les légumineuses ont des exigences fortes en phosphore, potassium et soufre, confirme Pierre-Vincent Protin. L’analyse de sol est donc incontournable et la fumure de fond est un élément crucial pour réussir l’implantation des prairies multi-espèces.» Outre le choix des espèces et la fumure de fond, il convient de soigner aussi le choix de la parcelle (la luzerne est pénalisée par un sol hydromorphe), la préparation du sol (terre fine en surface) et le semis: 1cm de profondeur au maximum, roulage avant/après et précoce, dès la mi-août si possible. Une prairie a besoin d’un an pour s’implanter.

Une fois l’opération réussie, il ne faut pas relâcher son attention: la gestion du pâturage, des plantes indésirables et des apports organiques aura une influence sur sa pérennité, sa productivité et sa qualité.

(1) Pour plus d’informations sur les compositions, se rapprocher d’Arvalis ou des chambres d’agriculture.


Boîte à outils pour une prairie réussie

• Le label France prairie pour choisir un mélange d’espèces adapté au type de sol et au mode d’exploitation : www.franceprairie.fr
• L’appli et le site « calculateur mélanges prairiaux » du Gnis pour calculer le peuplement à partir des doses de semis ou l’inverse
• Le dépliant des solutions de lutte contre les adventices édité tous les 2 ans par Arvalis (dernière édition en 2016)
• L’appli et le site Date N’Prairie pour calculer la date du premier apport d’azote en fonction des conditions climatiques de l’année.


Retrouvez la version numérique du hors-série élevage paru en avril 2017.