Dès janvier, l’étiquetage des plats cuisinés précisera l’origine des ingrédients

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Dès janvier, l’étiquetage des plats cuisinés précisera l’origine des ingrédients

A partir de janvier 2017, l'origine de la viande et du lait contenus dans les plats cuisinés sera indiquée sur les emballages.

D'où vient la viande dans mon plat de lasagnes ou le lait de mon fromage? Les consommateurs français pourront le savoir à partir du 1er janvier grâce à l'étiquetage de l'origine des ingrédients des plats cuisinés, une expérience unique en Europe.

Aujourd’hui seul l’étiquetage de l’origine des produits bruts (lait, vin, huile..) est permis en Europe. L’étiquetage des produits transformés était réclamé depuis longtemps par les associations de consommateurs, notamment depuis le scandale des lasagnes à la viande de cheval en 2013. Un appel largement relayé par les agriculteurs français en crise qui voient dans cette mesure un soutien à leurs exploitations et un encouragement à la promotion et l’achat de produits 100% français. Le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll a obtenu en mars un feu vert de la Commission européenne pour pouvoir tester à titre expérimental ce mode d’étiquetage en France à partir du 1er janvier et pendant deux ans, jusqu’au 31 décembre 2018. Ce sera une première en Europe. Le décret qui rend obligatoire l’indication de l’origine du lait ainsi que des viandes, utilisés en tant qu’ingrédients dans les denrées alimentaires préemballées, avait été publié le 21 août au Journal officiel. Pour les moussakas et autres raviolis, les professionnels de l’agro-alimentaire n’attendaient plus que la fixation du seuil rendant obligatoire l’étiquetage de l’origine des viandes.

Les consommateurs veulent la transparence

C’est aujourd’hui chose faite. Seuls les produits transformés avec 100% de viande française ou 100% de lait français pourront porter l’étiquette « Produit d’origine française », selon le ministère. Mais M. Le Foll a profité de son passage jeudi au Salon international de l’élevage à Rennes, le Space, pour préciser que le seuil rendant obligatoire l’étiquetage de l’origine des viandes dans les produits transformés sera fixé à 8%, et à 50% pour le lait. Au-delà de ces seuils, les plats préparés devront obligatoirement mentionner l’origine du produit étranger: pour la viande, le pays de naissance, d’élevage et d’abattage des animaux. Pour le lait: le pays de collecte, de conditionnement et de transformation. Pour les produits en deçà des seuils fixés par le ministère, la mention de l’origine ne sera pas obligatoire, mais ils ne pourront pas pour autant revendiquer la mention « d’origine française ». L’arrêté sera pris la semaine prochaine, a ajouté le ministre. Christiane Lambert, vice-présidente de la FNSEA, a exprimé sa « satisfaction », à l’annonce du seuil de 8%, « un taux qui nous va bien », car « nous voulions un taux bas pour intégrer les plats préparés », où il y a de petites quantités de viande, a-t-elle assuré. « Nous demandions 5% et (l’industrie de) la transformation plaidait pour 15% », selon elle. Après le « drame des lasagnes de cheval », les associations de consommateurs comme les agriculteurs « voulaient que les produits français soient mis sur le devant de la scène », explique Mme Lambert.

« Tout ce qu’on fait sur l’origine va obliger tous les acteurs à revoir leurs stratégies d’approvisionnement », et en parallèle espère-t-elle, « à remonter le niveau des prix » payé aux agriculteurs. « L’industrie agroalimentaire va devoir se faire à l’idée que les consommateurs veulent la transparence« , a pour sa part déclaré à l’AFP le président de l’UFC-Que Choisir, Alain Bazot, qui dit « se féliciter des seuil retenus ». Le taux de 8% pour la viande est « satisfaisant car cela concerne la majorité des plats cuisinés, raviolis ou lasagnes, fabriqués en France », explique-t-il. « Cela répond à une attente forte des consommateurs, qui ne veulent pas d’informations génériques du type: origine UE », selon lui. Mais l’association de consommateurs Familles rurales n’est pas convaincue, estimant que le seuil de 8% est trop haut. « Si Familles rurales se réjouit du lancement de cette expérimentation, le mouvement regrette que ce seuil exclut de nombreux produits de consommation courante. Cela risque de rendre la mesure inefficace » car « de nombreux plats préparés (raviolis, pâtes bolognaises) contiennent moins de 8% de viande », souligne un communiqué. « Par ailleurs le seuil de 8% présente un risque d’effet d’aubaine fort. Pour les produits contenant entre 8 et 10% de viande, la tentation sera grande pour certains industriels d’adapter leurs recettes pour échapper à cette obligation d’étiquetage », craint l’association.

Rennes, 15 sept 2016 (AFP)