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160 millions d'ha dans le monde sont cultivés en semis direct.

On estime que 2000 agriculteurs français auraient mis en œuvre les principes de l’agriculture de conservation des sols (2% de la surface agricole utile). Et ils sont de plus en plus nombreux à s’y intéresser avec en tête une quête d’autonomie et la volonté de remettre de l’agronomie au cœur de leur système de production.

A l’échelle mondiale, un tiers des sols sont modérément à fortement dégradés. Les causes sont multiples: pollution, compaction, épuisement, salinisation, artificialisation, érosion. Selon un rapport de l’organisation mondiale pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) paru en 2015, l’érosion est d’ailleurs à l’origine de la perte de 20 à 40milliards de tonnes de couche superficielle de sol chaque année.

Les sols sont aujourd’hui au cœur de problématiques environnementales et de fait agronomiques. En effet, leur altération impacte les rendements et donc la production de denrées alimentaires. Ils sont aussi considérés comme une des solutions pour lutter contre le changement climatique: c’est l’initiative 4 pour 1000 lancée à l’occasion de la Cop 21 à Paris en 2015.

La restructuration du sol est une dynamique longue et complexe. Il faut 500ans pour créer 3cm de sol. Certaines techniques agricoles sont aujourd’hui pointées du doigt pour leurs conséquences négatives sur la vie des sols ( travail profond, passages répétés de machines de plus en plus lourdes, exploitation intensive ou en monoculture).

Une «troisième voie» pour l’agriculture

Parallèlement à ce constat, l’agriculture de conservation des sols se positionne comme un système de production alternatif. Une  «troisième voie» pour l’agriculture qui, en prenant davantage en compte l’activité biologique des sols, s’en sert pour être plus productive et sortir de certaines impasses agronomiques connues (résistance des adventices, rendements qui stagnent, etc.).

L’agriculture de conservation des sols se caractérise par la mise en œuvre de trois principes à l’échelle de la parcelle de cultures: le non travail du sol (semis direct), les associations et les rotations culturales, et la couverture permanente des sols.

Si aujourd’hui, on estime que 2.000agriculteurs français auraient mis en œuvre ces principes (2% de la surface agricole utile), ils sont de plus en plus nombreux à s’y intéresser. Les raisons sont multiples mais l’autonomie et la baisse des charges de mécanisation sont citées comme les principaux motifs de ce changement d’approche. La consommation de fuel par exemple est divisée par trois entre un système basé sur le labour (100l/ha) et le semis direct (35 l/ha). Si l’achat d’un semoir de semis direct avec double trémis, etc. reste un investissement important, il ne nécessite pas non plus les mêmes puissances de traction…

Lever les freins psychologiques

A l’objection que cette technique n’est pas applicable partout, les pratiquants de l’agriculture de conservation, que nous avons appelés les Sdistes dans cette série d’articles, rétorquent que c’est une posture «presque idéologique». Ils en veulent pour preuve que ceux qui se sont lancés, malgré le regard négatif des voisins et de la famille, ne sont jamais revenus en arrière.  Dans ce changement de pratique, le groupe et l’échange entre pairs sont des facteurs clés de réussite pour ne pas se «sentir trop isolé». Les cuma sont nombreuses à avoir initié un changement et certaines ont démarré, il y a 20 ans, avec comme volonté celle de remettre l’agronomie et l’observation de l’environnement biologique et pédo-climatique au cœur de leur système de production.

La formation et l’échange, le fait de se documenter et d’aller voir ce qui se passe ailleurs sont déjà un pas en avant. «C’est bien cela le métier d’agriculteur. Celui qui vient à vous (commercial, etc.) a un intérêt à venir vous voir mais l’avez-vous à l’inverse?», interroge Frédéric Thomas.  Ce spécialiste de l’agriculture de conservation des sols, rédacteur en chef de la fameuse revue TCS et du site internet A2C, intervient dans de très nombreuses journées de formation auprès des agriculteurs. Son discours se veut pragmatique, ancré dans les réalités du terrain. Entraid y a participé et vous propose d’aborder le sujet dans trois articles intitulés «En route vers le semis direct». Au-delà de cette lecture, nous vous invitons à aller «chercher l’info» auprès d’associations comme l’Apad ou Base. Présentes en région, elles organisent régulièrement des journées de regroupement techniques ou des interventions d’experts. Et vous, quand bazardez-vous votre charrue?

En route pour l’aventure

=> Episode 1 : Le constat des besoins de changement et approche économique.

=> Episode 2: Le passage à l’action, bâtir des objectifs en mettant en pratique l’agriculture de conservation.

=> Episode 3: Comment développer des sols performants? En garantissant la circulation de l’eau et de l’air, en limitant le poids des machines et la circulation des outils et en insérant des couverts performants.

A lire aussi le dossier spécial: Se lancer dans le semis direct : conseils pratiques, avis sur les semoirs, travail de groupe, reportages