[crowdfunding] KisskissBankBank et ses « mentors »

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[crowdfunding] KisskissBankBank et ses « mentors »

Les communautés adhèrent facilement aux projets agricoles, qui ont d’ailleurs un taux de réussite supérieur, selon le responsable des projets “Food”chez KissKissBankBank.

KissKissBankBank est leader sur les projets agricoles et agroalimentaires et en fait clairement une cible pour les prochaines années. En 2016, l’objectif est d’augmenter de 20% le nombre de projets agricoles ou agroalimentaires et d’arriver à une bonne centaine de campagnes réussies. Entretien avec Augustin Mille, dédié au projet « Food » (agricole et alimentaire) chez KisKisBankBank  depuis 6 mois.

Quel est l’historique de votre plateforme ?

Créé en 2009 par trois startupers (Ombline Lelasseur , Vincent Ricordeau , Adrien Aumont ), KKBB était alors la première solution de crowdfunding en Europe. A l’origine, la plateforme était plutôt destinée à la musique. Aujourd’hui l’entreprise parisienne regroupe les plateformes Hellomerci et KKBB pour le don et lendopolis.com pour le crowdlending.

Qui sont vos partenaires ?

La Banque Postale est notre partenaire historique. Nous tissons également de nombreux liens avec d’autres organismes. Nos 211 « mentors » ont vocation à parrainer les campagnes en fonction de leurs domaines d’interactivité. Parc Naturel Régional des Pyrénées Catalanes ou de la Haute Vallée de Chevreuse, le Monde.fr, l’association Prommata pour le développement de la traction animale ou encore MK2 sont autant de relais pour les porteurs de projets. En matière agricole, nous entretenons des relations particulières avec La Ruche Qui Dit Oui. Les ruches sont de super relais sur le territoire. Et leurs newsletter hebdomadaire est envoyée à 500 000 personnes. Nous avons d’ailleurs prévu de développer avec eux des solutions de financement participatif dédiées à leurs producteurs et artisans.

Augustin Mille, KisKisBankBank.

Augustin Mille, issu d’une école hôtelière. Responsable « Agriculture et Alimentation »

Quel est le pourcentage de projets agricoles ?

Nous sommes la première plateforme alimentaire avec 3,2M€ récoltés depuis la création de la plateforme sur les projets « food ». Cela représente environ 15% de notre activité. L’année 2015 s’est soldée avec 1,2M€ et les objectifs pour 2016 sont à +20%. Nous avons un taux de succès de 73% sur les projets agricoles et agroalimentaires contre 67% de moyenne globale.

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Quelle est la ligne défendue par KissKissBankBank ? Quels sont les principaux critères auxquels doivent répondre les porteurs des projets ?

Solidaire, créatif et innovant. Donc a priori pas de projets de cultures à grande échelle avec des produits phytos. Pas de projets à connotation religieuse ou politique non plus. Ce qu’on veut, c’est que le projet soit abouti et que ce soit le bon moment. Il est important d’avoir déjà des éléments visuels à présenter.

Attendez-vous que les porteurs de projets vous contactent ou allez-vous à leur rencontre ? Comment procédez-vous ?

La majorité des porteurs de projet s’inscrivent directement sur la plateforme . Pour les autres cela fait suite au différents partenariat mis en place et suite au travail pédagogique et d’accompagnement sur le territoire.

Combien de projets choisissez-vous d’accompagner ?

Deux projets sur trois sont lancés sur notre plateforme après un mois de préparation.

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Proposez-vous un accompagnement à la mise en ligne du projet (communication, aide à la rédaction, etc) ?

Nous échangeons avec tous les porteurs de projets qui nous contactent . Je suis par exemple exclusivement attaché aux projets agricoles et alimentaires. Au cas par cas, on peut accompagner sur la communication parce que le projet en vaut la peine et qu’il y a un vrai besoin d’aide du porteur de projet sur la com’ et l’informatique.

Nous effectuons également un travail sur le rétro-planning pour savoir quel partenaire contacter au bon moment. On communique sur les réseaux sociaux et on avertit des blogs, des restaurateurs, la presse régionale de notre réseau. Ensuite, c’est au porteur de projet de prendre la main. Nous partons du principe qu’il est le plus à même de défendre son projet. C’est à lui d’aller voir le réseau que nous lui fournissons.  On a peu de personnes qui se baladent sur notre plateforme avec leur carte bancaire. On a forcément besoin de relais pour faire venir les gens sur la plateforme et leur donner envie de donner.

Pratiquez-vous le don, le prêt ou les deux ? A combien s’élèvent les projets en moyenne selon ces deux catégories ?

Les deux, avec deux autres plateformes (Hello Merci et Lendopolis). Les projets pour crowdfunding s’élèvent à 6 000 € en moyenne (4500 sur les autres secteurs).

Quelle est la valeur moyenne d’un don ? Comment se rémunère votre plateforme ?

Le don moyen tourne autour de 50€ mais nous faisons un gros travail sur les contreparties pour aboutir à un don moyen qui tourne plus autour de 75€. La commission est de 8%. Chez nous, c’est tout ou rien.

Combien de comptes de donateurs/prêteurs avez-vous sur votre plateforme ?

Environ un million de comptes. Le premier cercle donne 30%, le second entre 20% et 30%, les 40% restants sont le dernier cercle, mais ils n’interviennent que lorsque la campagne en est déjà à la moitié des dons récoltés.

Combien de salariés travaillent sur la plateforme ? Bénéficiez-vous d’appui logistique ?

KissKiss compte 50 salariés sur la France, le siège est à Paris dans le 10e arrondissement. Nous sommes également présents au Benelux, au Canada et en Italie. Des antennes s’ouvrent par ailleurs un peu partout en France pour être au plus près des porteurs de projets et améliorer les services. Lyon – Maisse – PACA

Le « bon projet » selon vous ?

Plus on donne (d’info, de photos de soi et d’éléments visuels) plus on reçoit.

Il faut être lisible du grand public, simple à comprendre. Présenter une amélioration pour la qualité des productions : plus justes, plus locales, plus saines. Être sincère dans son projet et dans sa présentation. La réussite dépend de l’ambition du projet et d’une bonne communication numérique. Le porteur doit être connecté et savoir fédérer sa communauté même quand la campagne sera terminée. Certains arrivent avec une communication bien léchée, un film de présentation dans lequel ils ont investi du temps et de l’argent. Pour d’autres, ces aspects peuvent être plus secondaires si le projet a d’autres atouts. Il ne faut pas hésiter à se montrer et à se livrer un peu pour que le donateur ait le sentiment de connaître.

Par ailleurs un projet est toujours d’abord emmené par un cercle proche. Avant de lancer sa campagne le porteur de projet doit déjà avoir un réseau de gens prêts à donner pour venir chercher les autres. Quelqu’un qui ne souhaite pas faire appel à ses proches ou qui estime les avoir déjà trop sollicités aura de facto des objectifs plus bas.

La communauté devra ensuite être informée. C’est très important de poster régulièrement des nouvelles sur les réseaux sociaux une fois la campagne terminée. Il faut CAPITALISER cet élan dans la longueur. C’est presque davantage cela finalement l’intérêt de passer par une campagne de don.

Et le projet pourri ?

Trop complexe pour le grand public. Pas bien identifié. Il est plus facile de financer un cheptel ou une haie d’arbres que du matériel agricole, c’est bien trop technique pour être lisible des gens extérieurs à l’agriculture.

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ainsi que tous les compléments à notre dossier de novembre 2016: « Crowdfunding, ça décolle! »

Mensuel novembre 2016