L’agriculture bio progresse vigoureusement, l’emploi en profite

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L’agriculture bio progresse vigoureusement, l’emploi en profite

1,77 million : c'est le nombre d'hectares engagés en bio fin 2017 en France.

L'agriculture bio a le vent en poupe, stimulée par les objectifs du gouvernement d'atteindre 15% des surfaces exploitées en bio et par une consommation en augmentation, tirant à la hausse l'emploi dans toute la filière.

« On est en train de changer de dimension, en particulier sur la question de l’emploi », a déclaré vendredi à l’AFP Florent Guhl, le président de l’Agence Bio, organisme dont le but est d’aider au développement de l’agriculture bio en France. Au total, 1,77 million d’hectares étaient engagés en bio fin 2017, soit une hausse de 15,6% par rapport à 2016. La filière bio concernait 36.691 agriculteurs, soit 8,3% des fermes françaises.

L’emploi dans la production agricole biologique a pour sa part progressé de 13,7% sur la même période, soit 10.669 emplois à temps plein supplémentaires. Sur cinq ans, l’emploi dans la filière bio a augmenté en moyenne de 9,5% par an, selon l’Agence Bio.

Pour expliquer cette hausse importante, alors que l’emploi agricole en général a pour sa part diminué à un rythme de 1,1% en moyenne annuelle entre 2010 et 2015, M. Guhl explique que « quand on remplace des produits chimiques par l’action humaine, il y a besoin de plus de main-d’oeuvre ». Avec le passage en bio, « on a eu besoin de plus de personnel saisonnier, on est passé de cinq saisonniers à neuf, car les salariés permanents sont occupés par le désherbage mécanique, la tonte de l’herbe entre les vignes et le travail du sol », confirme à l’AFP Sylvie Cady, qui exploite un vignoble dans la vallée de la Loire ayant entrepris sa conversion en 2011 et certifié en 2014.

Dans le secteur bio, la part élevée de transformation à la ferme et de commercialisation en circuits courts augmente aussi le besoin en emploi des exploitations. Dans la transformation comme dans la distribution, le bio est aussi  pourvoyeur d’emplois car « il y a la nécessité de travailler avec des produits plus fragiles », quand dans l’agriculture conventionnelle « on utilise la chimie pour conserver les fruits et légumes plus longtemps », démontre M. Guhl.

Agriculture bio : 6,6% de la surface agricole utile

L’Agence Bio estime que la filière de l’agriculture bio compte près de 134.500 emplois directs, depuis les fermes bio (88.400 emplois) jusqu’à la distribution (28.900 emplois, soit +13% en un an), en passant par la transformation (15.000 emplois, +17%) et les services comme le conseil et la formation (2.200 emplois). En 2017, plus de 5.000 exploitations se sont engagées dans le bio, qui représente 6,6% de la surface agricole utile en France.

Il s’agit de l’un des critères les plus suivis puisque le gouvernement souhaite passer à 15% en 2022. Pour M. Guhl, « c’est vraiment atteignable, le vrai enjeu c’est d’en faire des fermes pérennes économiquement. On craint toujours que par un effet d’entraînement arrivent des exploitations plus fragiles ». En considérant les surfaces en conversion fin 2017, les surfaces certifiées bio devraient augmenter rapidement dans les prochaines années, assure l’Agence Bio.

Elle prévoit une hausse de 23% en 2018 et de 13% en 2019. « Cette augmentation des surfaces produites en bio permettra de répondre à la demande croissante des consommateurs en produits bio français », avec une consommation qui s’est envolée de 17% par rapport à 2016, à 8,3 milliards d’euros, tirée par les produits transformés, précise l’Agence Bio. Dans la continuité des Etats généraux de l’alimentation, toute la filière travaille aujourd’hui avec le gouvernement sur le programme « Ambition Bio 2022 ». « Pour ce faire, une grande concertation a été lancée par l’Etat, dont le point d’orgue sera la réunion du Grand conseil d’orientation de l’Agence Bio le 21 juin », a indiqué M. Guhl, qui prévoit l’aboutissement des travaux « à la fin de l’été ».


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