Coût de chantier en bio : « Structurer l’entreprise et la stabiliser financièrement »

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Coût de chantier en bio : « Structurer l’entreprise et la stabiliser financièrement »

Antonin Chevreuil est installé à Auvers-le-Hamon, sur 104 ha, dont 90 de cultures, et avec 3 poulaillers de Loué.

Ce qui ne change pas avec une production bio, c’est qu’il faut du matériel, que celui-ci coûte et que cela mérite une analyse préalable aux choix stratégiques. Antonin Chevreuil, installé en 2018, est passé par là.

C’est une question d’opportunité qui a conduit Antonin Chevreuil, 26 ans, à la tête d’un système de production en agriculture biologique dans le sud-ouest de la Sarthe. «L’exploitation était disponible dans le secteur que je recherchais», explique le jeune dont le père est déjà installé sur un élevage bio de chèvres. «Je bénéficie de son expérience ainsi que de sa proximité géographique.» Son installation est récente, 2018, et Antonin estime: «Une remise en état des terres s’imposait.»

Des charges de mécanisation plus élevées

Sur l’exploitation, un diagnostic de mécanisation a été effectué par l’Union des cuma dans le cadre d’un partenariat avec le conseil régional des Pays-de-la-Loire. Les premiers indicateurs, les coûts de mécanisation pour les cultures blé et maïs, se situent autour de 330€/ha (hors main-d’œuvre et récolte de la paille). «Dans mes cultures, les passages de tracteurs sont plus fréquents que dans un cadre conventionnel.»

Il mesure désormais la difficulté supplémentaire à tenir un système bio sans élevage. «Il me manque la fumure organique. J’essaie de travailler sur mes couverts végétaux. Les rotations sont plus difficiles. Je n’ai pas de prairie, pas de cultures structurantes sur le moyen terme.» Sa consommation de fioul équivaut à 110l/ha. Néanmoins, «mon parc matériel est très limité et je bénéficie des outils de mon père en cas de besoin.» Antonin Chevreuil compte aussi sur la solution cuma pour contenir son poste de charges. Il adhère à la cuma spécialisée Agri bio (Sarthe), constituée autour d’outils de désherbage mécanique et d’une écimeuse 6m. «Je travaille également avec la cuma des Rivières (Sarthe) pour l’ensemble des transports.»

agriculture biologique

Diagnostic de Mécanisation : Mecagest. En rouge : étude. En vert : objectifs personnels.

Le bio a de l’avenir

Pour l’avenir, le jeune homme aspire déjà à «structurer mon entreprise et la stabiliser financièrement». Il envisage ensuite de construire un bâtiment pour stocker la paille et les céréales, avec une couverture en photovoltaïque. Après deux ans d’activité, il juge: «L’agriculture biologique semble avoir de l’avenir, notamment pour les blés. Je suis toujours en apprentissage pour améliorer mes rotations, mes couverts végétaux… Il me faut maintenant structurer mes sols et penser aux vers de terre. Techniquement, c’est intéressant.» Le plus important, c’est «la motivation. Il faut être convaincu et ne pas aller dans le bio uniquement pour les prix. La technique est essentielle. Comme en conventionnel, c’est par la technique et le travail que l’on s’en sort.»

Mais Antonin insiste: «Avant de m’installer, j’étais salarié. A la fin du mois, mon salaire a diminué de 30% comparé à mon ancien statut. Par contre, je n’ai pas de compte à rendre à mon employeur, juste à mon banquier. Je dispose d’un espace de liberté et cela vaut bien cette diminution de salaire. C’est mon point de vue!»

Le matériel à la cuma

  • herse étrille 12 m
  • houe rotative 6 m
  • bineuse 6 rangs

Sur l’exploitation

  • une charrue et un déchaumeur en co-propriété
  • un tracteur Case avec fourche de 2009
  • Un tracteur 155 ch Claas de 2017
agriculture biologique

Exemple de rotation que le jeune agriculteur envisage : maïs grain / maïs grain / pois / blé / féverole / luzerne sur 3 ans. Les cultures de printemps favorisent le nettoyage des sols et régulent les folles avoines.

 

Article extrait du numéro spécial Entraid’ Vendée – Janvier 2020.

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