[Société] Des exploitations en diminution…

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[Société] Des exploitations en diminution…

Seulement 200.000 exploitations en 2035? L’hypothèse serait vraisemblable selon François Léger, enseignant-chercheur à AgroParis Tech.

La baisse du nombre d’exploitation agricoles devrait se poursuivre dans les prochaines années avec des effets plus ou moins accentués selon les filières, d’après François Léger, enseignant-chercheur à AgroParis Tech.

Le dossier du numéro d’octobre du mensuel Entraid’ est consacré aux perspectives d’évolution du nombre d’exploitations agricoles en France (cliquez ici, pour recevoir le mensuel Entraid’). Deux observateurs avisés du monde agricole, Patrick Ferrère, délégué général de la SAF, et François Léger, enseignant-chercheur à AgroParis Tech, ont livré leurs analyses sur le sujet. Pour ce dernier, la baisse du nombre d’exploitations semble inéluctable.

Des filières bousculées

Les filières de production les plus touchées devrait être, selon lui, les filières d’élevage et la viticulture avec la disparition presque complète des producteurs de raisin dans le Languedoc, mais pas seulement… «L’arboriculture « standard » me paraît également très mal partie, ainsi que toutes les cultures irriguées à grande échelle, du fait de la multiplication des restrictions sur l’usage de l’eau liée aux conséquences du changement climatique et à la transformation des arbitrages sur l’allocation de l’eau entre agriculture et autres activités. Le maraîchage peut tenir bon, à la fois dans sa dimension très industrielle (serres hydroponiques sans intrants chimiques…) et très « paysanne », parce que l’une et l’autre exigent des surfaces très ou relativement petites, et que l’augmentation de la consommation de légumes « sains » semble bien cadrer avec les nouveaux idéaux nutritionnels», complète François Léger. En production céréalière, la situation risque de se tendre aussi si les productions animales connaissent un fort déclin…

Exploitations fantoches

L’enseignant-chercheur s’inquiète à ce propos du risque d’apparition d’exploitations « fantoches » dont l’intégralité de la conduite des cultures serait confiée à des entreprises, «certaines étant entre les mains de fonds familiaux d’origine agricole, ou, on ne peut l’exclure, d’origine financière ou liées aux industries d’amont et d’aval». La question est aussi politique: « Cette situation dépendra évidemment du futur des politiques publiques: ces formes fantoches sont clairement favorisées par les primes PAC (je garde la prime, l’entreprise se paie avec la récolte). Mais que deviendra la PAC quand l’agriculture aura perdu tout spécificité culturelle?», redoute François Léger.

Les coops, des entreprises comme les autres?

En parallèle, cette restructuration du nombre d’exploitations devrait bousculer aussi le panorama des coopératives agricoles. Mais sur ce point, cet ingénieur agronome de formation ne se fait guère d’illusion: « Cela fait belle lurette que les grands groupes coopératifs sont des entreprises comme les autres. Il n’y a pas de raison que ça change, la question est de savoir si elles seront capables d’être compétitives par rapport aux autres industriels. Et aussi de savoir si les coopérateurs auront intérêt à passer de ce statut à celui de « petit porteur » sans pouvoir de décision. L’adhésion des porteurs de capital au projet industriel étant malgré tout une des conditions de sa réussite …»

Pour Patrick Ferrère de la SAF, la prise en compte de l’intérêt des exploitations adhérentes est essentiel: «Le principal enjeu pour les coopératives et les structures qui accompagnent les exploitants dans la commercialisation de leur production, sera de redescendre les bénéfices.»