Agroalimentaire : l’absentéisme des salariés progresse

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Agroalimentaire : l’absentéisme des salariés progresse

Dans le secteur de l'agroalimentaire, il y a les salariés que l'on croise dans les rayons mais pas que...

L'absentéisme des salariés de l'agroalimentaire, l'un des seuls secteurs d'activité à fonctionner totalement en France malgré l'épidémie de Covid-19, progresse au fur et à mesure de l'avancée du coronavirus sur le territoire, a indiqué mercredi l'association Ania qui regroupe les industriels du secteur.

Au global, dans les quelque 18.000 entreprises du secteur que compte la France, le taux d’absentéisme moyen est « encore bas », autour de 10%, indique l’Association nationale des industries agroalimentaires, dans un baromètre diffusé mercredi soir.

Mais il est très différent selon les régions. Ainsi selon une enquête réalisée du 24 au 27 mars dans la région Ile-de-France, très touchée par l’avancée du coronavirus, l’absentéisme « pourrait tourner autour de 40% en moyenne ».

« Le personnel a peur de venir travailler » indique le document, en signalant aussi des « problématiques de transports en commun et de mode de garde d’enfants ».

En Nouvelle-Aquitaine, moins touchée par le virus, il est estimé à 18%, et en Bretagne il est « inférieur ou égal à 10% » signale l’association bretonne ABEA.

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« Oui, forcément, il y a de l’absentéisme, on est en train de gérer sur certains sites des taux importants » a indiqué le président de l’Ania Richard Girardot sur RTL mardi.

« On fonctionne en mode dégradé, on ferme certaines lignes et on privilégie certains produits fortement demandés par les distributeurs », a-t-il précisé.

Investi de la mission de « nourrir les Français » confinés, le moral au sein du secteur agroalimentaire est néanmoins « plutôt bon », puisque « l’agroalimentaire fonctionne, est debout » a estimé M. Girardot.

« La première mission était de soigner, la deuxième de nourrir donc on l’a prise en charge et pour l’instant ça fonctionne. Les entreprises agroalimentaires sont plutôt extrêmement dynamiques pour l’instant, de par la frénésie d’achats d’il y a trois semaines » a-t-il dit.

Les gens ont stocké

Sur la seule journée du vendredi 13 mars, la distribution a vendu l’équivalent d’un an de consommation de pâtes en France, selon l’Ania.

Du coup, l’association tire un coup de chapeau à l’engagement de tous les salariés du secteur, beaucoup moins médiatisés et remerciés que les caissières de supermarché, ou autres acteurs de la chaîne alimentaire. « S’il n’y a pas de pénurie, c’est aussi grâce à eux » a noté une responsable.

M. Girardot a néanmoins mis en garde contre le maillon fragile du système, le transport.

« Pour l’instant, on est capable d’approvisionner, en particulier les produits frais » mais « le chauffeur est la clé de ce qu’il peut se passer actuellement, il faut qu’on soit attentifs à ce maillon » a-t-il prévenu, alors que des routiers ont menacé de ne plus rouler.

Autre maillon faible, la protection des salariés, due à la difficulté d’approvisionnement en masques. Dans ce secteur, 200.000 masques sont arrivés dans la région est, et les industriels bretons seraient aussi équipés.

Mais tous les salariés sont loin d’être équipés correctement encore. « Le premier besoin ce sont les masques », confirme une source au sein de l’Ania.

Les 17.723 entreprises agroalimentaires emploient 430.000 personnes en France, faisant du secteur l’un des premiers secteurs industriels de France, très épars sur le territoire et constitué à 95% de PME, 17% d’ETI, et seulement 3% de grands groupes internationaux (Danone, Bel etc.).

Elles réalisent un chiffre d’affaires annuel de l’ordre de 180 milliards d’euros.

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