Attirer les jeunes dans les cuma… et dans leurs CA

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Attirer les jeunes dans les cuma… et dans leurs CA

Le conseil d'administration des cuma de Saône-et-Loire en réunion à la ferme de Jalogny le 6 avril.

Thème du rendez-vous annuel des cuma de Saône-et-Loire, la transmission de l’engagement en cuma est un sujet qui dépasse de loin les frontières de la Bourgogne.

« La cuma de l’Eau Claire cherche désespérément un trésorier », s’exclame François Grenot, l’actuel trésorier, qui peine à trouver un remplaçant alors que la retraite approche. « Certes, le poste n’est pas glamour », souffle-t-il, « mais il est primordial dans un bureau. »

Lors du rendez-vous annuel des cuma de Saône-et-Loire, qui s’est déroulé à la ferme de Jalogny près de Cluny le 6 avril, les participants ont pu répondre en groupe à un quizz autour du thème « la cuma, une affaire de générations ». Les réponses, souvent en lien avec la moyenne d’âge de l’équipe, étaient aussi consensuelles: nécessité de favoriser la transmission et l’engagement, progressivité du passage de témoin, belle perception de la jeunesse. Pour autant, même si la théorie est partagée par tous en la matière, la pratique met en exergue une réalité bien différente.

« la Cuma, une affaire de générations », le quizz par équipe pour introduire la table ronde

«La cuma, une affaire de générations», le quizz par équipe pour introduire la table ronde.

Avec le vieillissement des agriculteurs en France, la question de la transmission, aussi vaste soit-elle, est au centre des préoccupations car c’est tout un tissu social qui en dépend. Dans ces vases communicants, la reprise d’engagements dans les cuma est vitale pour les groupes.

Attirer les jeunes, les aider à s’intégrer, leur faire une place au chaud le temps qu’ils prennent leurs marques, transmettre progressivement l’exploitation comme l’engagement en cuma, mettre en place des administrateurs stagiaires : les initiatives sont nombreuses pour tenter de capter les jeunes qui ont fait de l’agriculture leur métier.

« On parle beaucoup d’individualisme, mais la réalité est que les jeunes s’emparent de la question du collectif en agriculture. On est convaincu qu’humainement, économiquement et techniquement, on n’a pas d’autres choix que de s’allier », lance Alexandre Saunier, le représentant du syndicat JA71 à la table ronde.

Formations à la coopération

Tout débuterait au lycée, où, de l’avis des nombreux participants au quizz, les principes de coopération agricole sont d’abord abordés lors des stages et pas assez en cours. « Le travail en commun n’est pas mis en exergue et peut sembler loin aux lycéens et étudiants qui se projettent davantage dans l’autonomie et l’indépendance. Certes, la modulation de la DJA augmente lorsqu’on est en cuma, mais il faut d’abord être convaincu que c’est une bonne solution », remarque le jeune cumiste, installé en 2009.

En admettant que les jeunes aient choisi de travailler en cuma, parfois par opportunisme, il faut ensuite les convaincre de prendre des responsabilités. Et là on en arrive au cœur du problème dans de nombreuses OPA. Les postes sont souvent en manque de candidats.

Les participants à la table ronde: Alexandre Saunier (JA71), Christophe Laragé (Cuma La Cyrisienne), Guillaume Marcellin (Cuma La Palingeoise) , François Grenot (Cuma de l'Eau Claire), Joël Pierre et Sebastien Landa (Cuma les Vignerons

Les participants à la table ronde: Alexandre Saunier (JA71), Christophe Laragé (cuma la Cyrisienne), Guillaume Marcellin (cuma la Palingeoise) , François Grenot (cuma de l’Eau Claire), Joël Pierre et Sebastien Landa (cuma les Vignerons).

Pour tenter de limiter cet état de fait, certaines cuma ont opté pour la mise en place d’administrateurs stagiaires. « Même si tout le monde ne vient pas, ça a le mérite de mettre en avant certains futurs leaders, en leur mettant le pied à l’étrier », illustre Christophe Laragé, de la cuma de la Cyrisiene.

Passé par ce statut, l’actuel président de la cuma la Palingeoise, Guillaume Marcelin, met en avant l’importance de l’expérience et de la formation des administrateurs.  » Nous sommes peu aguerris aux réglementations de sécurité vis-à-vis du matériel, en matière d’emploi ou de gestion d’équipe », déplore-t-il.

Absentéisme en réunion

L’absence aux réunions est pointée du doigt et en amène certains, comme François le trésorier, à s’interroger : «Peut-être que certains ne viennent pas aux réunions pour ne pas se sentir obligé de prendre une place?…»

«On est tous très sollicités, mais le manque de participation rend aussi la prise de décision quasiment impossible. L’absentéisme nuit au fonctionnement du groupe», s’énerve un autre intervenant.