Cuma: pourquoi sont-elles toujours attrayantes?

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Cuma: pourquoi sont-elles toujours attrayantes?

La création de la cuma Bresse Fourrages a permis la mutualisation de moyens techniques, humains et organisationnels, tout en confortant l’installation d’un jeune agriculteur.

Même si sur le territoire le nombre d’agriculteurs tend à diminuer, le modèle cuma continue à rassembler. Focus sur trois d’entre elles créées en 2020 avec des thématiques différentes.

Le modèle cuma a toujours des attraits. La preuve avec quatre exploitations agricoles basées en Bresse. Avec l’objectif d’organiser l’ensemble de leurs chantiers de fourrage en commun, elles ont créé en février 2020 la cuma Bresse Fourrages. Parmi les fondateurs, Jérôme Curt, gérant de la ferme du Trèfle à Vandeins (quelque 400 animaux de race Aberdeen-Angus, 167 ha, certifiée HVE) dont la philosophie est «la préservation de la terre et de l’environnement en faisant de la nature une alliée et partenaire de travail.»

Mais aussi Dominique Curt, qui a repris en 2020 l’exploitation céréalière de 20ha du Moulin-Neuf, basée à Mézériat, avec pour objectif «d’assurer le développement de surfaces fourragères de grande qualité nutritionnelle dont la récolte est vendue localement.» Et Alexandre Mazuire qui exploite 120ha de cultures (plus 30ha d’herbe) à Marsonnas et élève parallèlement des volailles de Bresse qu’il vend en direct.

La cuma permet d’optimiser le temps

Pour cet exploitant, qui commercialise chaque année davantage de fourrage et de paille pour répondre à une demande croissante, «le fait de rentrer dans la cuma a permis d’optimiser le temps consacré aux foins et cultures grâce au partage de matériels très adaptés lors de fenêtres climatiques souvent trop courtes. Mais aussi de bénéficier d’un soutien de main-d’œuvre dans les périodes où il faut mener de front les trois ateliers, développer la commercialisation des fourrages tout en assurant une qualité optimale.»

Ce trio est complété par Baptiste Curt, installé en février 2020 à Vandeins, en polyculture élevage (SAU de 130 ha), dont l’objectif est de cultiver une herbe de très haute qualité pour développer un cheptel de haute valeur génétique exclusivement nourri à l’herbe. Le dispositif cuma lui «permet de maîtriser les charges opérationnelles et compter sur l’appui d’un salarié, tout en utilisant une grande diversité de matériels essentiels à un travail de qualité.» La cuma a investi près de 300.000€ dans du matériel performant (combiné de fauche, tracteur équipé de la technologie de précision GPS, faneuse, andaineur, remorque autochargeuse, semoir adapté au semis d’herbe de 6m de large…) avec à la clé des prix de revient maîtrisés des productions et la sécurisation de l’installation de Baptiste Curt.

La cuma permet l’émergence de nouveaux projets

En juillet 2020, cinq exploitations basées sur les communes de Villemotier et Bény (bovins lait, vaches allaitantes, ovins, et céréales) décidaient de créer la cuma de Moulin-des-Ponts. Objectif: mutualiser du matériel d’aménagement foncier, ainsi que des matériels de travail du sol, de transport, etc. Les investissements suivent très vit: un déchaumeur Lemken, une lame à ensilage, une épareuse, une bineuse… ainsi qu’une pelle mécanique Sany de 5tonnes (pour un montant de 55.000€). Un matériel performant qui permettra à chacun des adhérents d’assurer l’entretien des abords de prairies, la reprise de drains, tous les travaux d’aménagement foncier de leur exploitation comme du terrassement pour des projets d’agrandissement ou encore lors de projets d’installation en facilitant l’autoconstruction. Du volume d’activité engagé par les adhérents, de l’ordre de 300h annuelles, découle une charge fixe d’environ 22€/h.

attrait du modèle cuma Moulin-des-Ponts dans l'Ain

Les adhérents de la cuma Moulin-des-Ponts, accompagnés par Nicolas Boinon, directeur de la fdcuma de l’Ain (à droite).

La cuma permet d’avoir des matériels performants

«La cuma nous a permis d’avoir du matériel performant et, à la clé, moins de pression au niveau des horaires et de la disponibilité. Elle a rendu possible la concrétisation de plusieurs projets individuels comparables qui n’auraient pu aboutir sans une mutualisation de moyens techniques, humains et organisationnels. Nos exploitations sont toutes très proches les unes des autres. La cuma a joué un rôle fédérateur », explique avec satisfaction son président, Quentin Basset. Une cohésion très appréciée par les autres membres du groupe et qui favorise l’émergence de nouveaux projets. Une réflexion est d’ores et déjà engagée sur des projets d’entraide ou la mise en place de banque de travail. Un fonctionnement et une mutualisation du matériel qui ont notamment participé à conforter l’installation de nouveaux jeunes exploitants.

La cuma du Bellaton, de par son implantation géographique (sur une circonscription territoriale de 14 communes située autour du siège social basé à Ambronay), a notamment permis aux quatre exploitations qui l’ont fondée de développer des activités de production en agriculture biologique sous la forme de chantiers organisés ou prestations de service spécialisées. L’intérêt est triple: économique, territorial et social. Des exploitations (l’EARL de Lormet, la SCEA ABL, l’exploitation de Maxime Jolivet et celle de Sylvain Christophe) qui totalisent à elles quatre 733ha (cultures et fourrages), dont 240ha en bio.

attrait du modèle cuma Bellaton dans l'Ain

Didier et Mathieu Fournier, de l’Earl de Lormet, présentent le tracteur à chenilles, dernière acquisition de la cuma du Bellaton.

La cuma permet d’avoir une facturation simplifiée

«L’objectif est de faire cohabiter deux systèmes d’exploitation innovants en agriculture de précision, en bio et en conventionnel, de travailler toujours plus efficacement et d’optimiser la disponibilité et l’utilisation du matériel. On travaillait déjà tous ensemble avant la création de la cuma, mais 85% du matériel utilisé étant propriété de l’EARL de Lormet, cela engendrait des problèmes de facturation. L’objectif est non seulement la simplification des facturations, mais aussi la valorisation du matériel des trois exploitations bio», explique Mathieu Fournier, l’un des trois associés.

En plus des matériels déjà utilisés (tracteurs, travail du sol, semis, fertilisation, traitement, transport et récolte…), la cuma a investi 300.000€ en décembre dans un tracteur à chenilles pour le labour et la préparation des semis. L’objectif étant d’avoir un débit de chantier important avec des coûts maîtrisés. Une création de cuma qui a engendré l’embauche de deux salariés à temps plein et renforcé la démarche environnementale et le développement des engagements en agriculture biologique, tout en diminuant les intrants pour l’exploitation en système conventionnel ; et qui permettra le développement de filières (comme la luzerne) pour une valorisation des produits en circuit court et une commercialisation locale.