Budget de l’UE après 2020: la France ne veut pas se précipiter

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Budget de l’UE après 2020: la France ne veut pas se précipiter

Dans son intervention devant ses collègues, la ministre a rappelé l'engagement de la France en soutien de la Politique agricole commune (PAC) face aux nettes réductions proposées par la Commission.

La France ne veut pas précipiter les négociations sur le budget à long terme de l'UE, pour la période 2021-2027, alors que la Commission espère un accord avant les élections européennes.

« La question c’est d’avoir un bon budget, ce n’est pas de se précipiter pour avoir n’importe quelle forme de budget avant les élections », a déclaré la ministre française des Affaires européennes Nathalie Loiseau à son arrivée lundi à Bruxelles.

Les 27 ministres de l’UE – sans le Royaume-Uni – ont débattu lundi après-midi, pour la première fois publiquement, de la proposition de la Commission européenne sur le prochain cadre financier pluriannuel (CFP) pour la période 2021-2027.

Ce budget à long terme fait face à deux défis: l’inclusion de nouvelles priorités qui ont émergé ces dernières années (migration, sécurité intérieure, défense) et des ressources en baisse avec le départ du Royaume-Uni, contributeur net.

Les discussions s’annoncent donc denses, non seulement entre Etats membres dans un premier temps, mais aussi dans la négociation avec le Parlement par la suite.

« Je ne suis pas absolument sûre, compte tenu de l’enjeu, compte tenu du caractère sans précédent de ce budget (…) que nous soyons capables d’être prêts dès avril », a expliqué Mme Loiseau.

« Je ne suis pas sûre non plus que démocratiquement ce soit un bon signal pour les électeurs qui vont aux élections européennes de leur dire qu’on a choisi les priorités et les moyens qui vont avec ces priorités avant même qu’ils se soient exprimés », a-t-elle ajouté.

Dans son intervention devant ses collègues, la ministre a rappelé l’engagement de la France en soutien de la Politique agricole commune (PAC) face aux nettes réductions proposées par la Commission, qui veut diminuer la part de cette politique historique de l’UE, tout comme celle de la politique de cohésion.

La France soutient également le développement de ressources propres pour « maîtriser l’évolution des contributions nationales » dans le futur budget et a appelé à la suppression pure et simple des rabais accordés à certains Etats, sur le modèle de ce que les Britanniques avaient obtenu.

Paris est aussi favorable à des mécanismes de « conditionnalité » qui lieraient l’obtention de fonds européens au respect de l’Etat de droit ou encore au respect de la politique migratoire.

Le commissaire européen au Budget Gunther Oettinger a averti les Etats membres à l’issue du débat que l’unanimité requise pour le vote du budget nécessitera que « chacun mette de l’eau dans son vin », en particulier vis-à-vis de la PAC.

Le futur CFP fera l’objet d’un débat au plus haut niveau lors du sommet entre les chefs d’Etat et de gouvernement européens les 13 et 14 décembre.