Des capteurs au Big Data en agriculture

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Des capteurs au Big Data en agriculture

Un drone en démonstration à PotatoEurope les 14 et 15 septembre dans l'Aisne.

L'œil de l'Homme est petit à petit remplacé par des capteurs capables d'analyser les données pour fournir à l'agriculteur des informations sur l'état de ses cultures et de son sol. Ces données sont aujourd'hui lorgnées par les plus grands opérateurs du monde agricole pour les valoriser et proposer un service à la carte.

L’arrivée des capteurs intelligents et du matériel agricole connecté pose question. Que faire de toutes ces informations ? Comment s’en servir à bon escient dans l’objectif d’améliorer ses rendements ? A l’occasion de PotatoEurope, les 14 et 15 septembre à Villers St Christophe dans l’Aisne, Arvalis avait choisi d’échanger sur ce thème lors d’une conférence intitulée : « Capteurs : vers une agriculture connectée ».

Remplacer le diagnostic visuel par des mesures par capteurs

Si les capteurs ont toujours existé en agriculture (l’œil de l’homme est un capteur), l’arrivée d’outils sensibles à la lumière ou à l’électricité, capables de transmettre les données en numérique, de les garder en mémoire, puis de les transférer à un outil qui permette leur interprétation est relativement récent.

Juchés sur un tracteur, un satellite ou un drone, les caméras peuvent désormais mesurer la teneur en azote d’un sol ou identifier avec précocité les attaques parasitaires. Ces données sont transmises à l’agriculteur et lui permettent d’ajuster ses doses d’intrants et d’en réfléchir l’usage afin de maîtriser ses coûts. Pour aller plus loin, ces données, une fois regroupées, lui permettent, saison après saison, d’identifier les caractéristiques de ses sols, les variétés les mieux adaptées et l’itinéraire cultural le plus à même de lui garantir les meilleurs rendements.

Valoriser les données

« 90% des données ne sont pas exploitées », signale Julie Besnard (Arvalis). Mais de grands acteurs se positionnent déjà (coopératives, négoces, machinistes) pour en avoir la maîtrise et les valoriser afin de proposer des services (payants) de plus en plus performants. Cette valorisation peut être individuelle avec un service à l’agriculteur adapté et géolocalisé. Elle peut aussi être collective ou destinée aux machines. Quoiqu’il en soit, « valoriser la loi des grands nombres » permettra demain un marketing ciblé, un complément d’expérience et la possibilité d’aller vers des pratiques plus vertueuses.

CaptureFBN

La start-up Farmers Business Network recense les données de plus de 10 Mha aux Etats Unis.

La donnée n’a pas de valeur si elle n’est pas affinée

« Plus on croisera les informations, plus on arrivera à être précis », poursuit Julie Besnard. La Data Science, qui permet le tri et l’analyse des données, nécessite des compétences informatiques mais aussi des expertises terrain afin de mettre en place des statistiques et de la modélisation. Cela existe déjà pour la consommation, tout le monde a déjà vu apparaître une page de publicité hyper ciblée en surfant sur le web. En agriculture, cela risque d’être plus compliqué et pose question quant à la marchandisation et à la protection de ces données fournies par les agriculteurs eux-mêmes. Aux Etats-Unis, le « Farmers Business Network » (traduisez le réseau d’affaire des agriculteurs) démocratise l’information agricole en fournissant la puissance de l’analyse de données agrégées de façon anonyme et en la rendant disponible à tous les membres FBN. Ce service agricole recense déjà plus de dix millions d’hectares aux Etats-Unis et a été racheté par Google pour 15 millions de dollars en 2015.