Charges de mécanisation, un enjeu sous-estimé

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Charges de mécanisation, un enjeu sous-estimé

La fiscalité intervient plus que la pure stratégie.

Un rapport remis au Ministère de l’agriculture rappelle combien les charges de mécanisation pèsent sur les exploitations agricoles. Mais aussi à quel point les agriculteurs manquent d’armes sur le sujet. Le point sur ce qu'il faut retenir.

A la demande du Ministère de l’agriculture, le CGAAER vient de publier un rapport «La charge de mécanisation des exploitations agricoles». Les experts confirment ce qu’on proclame depuis longtemps dans les cuma: ce poste pèse lourd. Ils l’estiment à 30% du total des charges, avec de grosses variations selon les productions et les exploitations. Mais aussi des difficultés à établir des chiffres vraiment fiables sur le sujet.

Des économies à faire sur la charge de mécanisation

Néanmoins, chaque année, la ferme France met selon eux 18 milliards d’euros dans la mécanisation. Leur conclusion: « le poids des charges de mécanisation et la faiblesse des revenus moyens en agriculture pose nécessairement la question des économies à faire en matière d’investissement».

Des investissements sans conseil stratégique

En outre, les auteurs reconnaissent le rôle de la mécanisation dans les gains de productivité, le confort de travail ou la transition agroécologique. Mais ils observent que les agriculteurs demandent peu de conseil sur ce sujet. Ils demeurent par ailleurs sensibles aux motivations fiscales. L’offre n’est pas non plus énorme, sauf dans le réseau cuma. L’accompagnement se réduit souvent à l’étude financière de la banque, sans vision stratégique.

«Globalement le financement de l’agroéquipement est assez simple et facile, il y a toujours une solution pour pouvoir financer l’acquisition d’un matériel quand l’agriculteur a décidé de s’équiper. Mais il ne s’agit pas toujours d’une décision d’achat qui repose sur une stratégie précise et ordonnée».

petit tracteur avec faneuse

Tout pousse à renouveler les matériels anciens. (Crédit photo Krone).

Pas de rapport de force

En face, le marché des agroéquipements est vu par les experts comme «concentré, où les agriculteurs peinent à établir un rapport de forces». Même s’il existe un fort réseau de PMI-PME, ils voient le monde des constructeurs comme dominé par cinq grands mondiaux, «s’appuyant sur des réseaux de distribution très structurés». Ils passent avec eux «des contrats d’exclusivité renforçant ainsi leur influence».

Par ailleurs, le rapport de 82 pages balaie également d’autres sujets comme les politiques publique et la formation, dans le domaine précis des agroéquipements.

Voici pour terminer le détail des recommandations formulées par les auteurs du rapport, dont la version intégrale est disponible en ligne.

Créer un comité de filière

« R1. Créer un comité de filière de l’agroéquipement pour la transformation de notre agriculture et mettre au point une stratégie partagée avec l’ensemble des acteurs et adaptée au besoin de transformation de notre agriculture ».

Rééquilibrer les relations entre les acheteurs et les fournisseurs

« R2. Lancer une étude sur le fonctionnement du marché des agroéquipements et analyser les évolutions possibles à apporter pour rééquilibrer les relations entre les acheteurs et les fournisseurs en étudiant notamment les avantages et les inconvénients du contrat d’exclusivité qui lie constructeur et concessionnaire ».

récolte pommes de terre avec machine Grimme

Point positif: la mécanisation permet d’améliorer le confort de travail. (Crédit photo: Grimme).

Développer le conseil en matière de charge de mécanisation

« R3. Développer le conseil en agroéquipement dans une démarche stratégique pour faciliter et objectiver la prise de décision des agriculteurs en s’appuyant sur une méthode et une boite à outils à construire ».

Cohérence des formations

« R4. Renforcer la cohérence des stratégies de développement des formations entre le Ministère de l’Education Nationale et le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, entre l’Etat et les Régions, en y associant les fédérations de l’agroéquipement ».

Un pilotage interministériel

« R5. Elaborer la feuille de route de l’agroéquipement en pilotage interministériel avec l’ambition de mettre en cohérence les différentes politiques de l’Etat ».

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