Bovins : la viande moins bien lotie que le lait

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Bovins : la viande moins bien lotie que le lait

La baisse du cheptel allaitant s’accélère dans le Limousin selon le représentant du Cerfrance qui intervenait à l’AG de la Fdcuma Creuse le 3 mars. En comparaison, la filière lait résiste mieux.

La Creuse est dominée par l’élevage bovin où trône la production de viande, loin devant le lait. A l’AG de la fdcuma du 3 mars, le Cerfance a présenté une conjoncture économique «contrastée» pour ces deux filières, mais qui toutes les deux risquent d'être chahutées par le Coronavirus.

Guillaume Gayaud est responsable du conseil économique du Cerfrance Centre Limousin qui rayonne sur la Creuse et la Haute-Vienne. Il est intervenu dans le cadre de l’AG de la Fdcuma. Il s’est focalisée sur la situation économique des exploitations creusoises. Avec un chapitre sur les charges de mécanisation qui représentent une composante majeure dans la formation du revenu.

Bilan 2018 (les résultats économiques 2019 n’étant pas finalisés): des revenus en berne. En 2016, un agriculteur limousin dégageait en moyenne 1,5 SMIC. En 2018, ce n’est plus qu’un SMIC! A défaut d’une hausse des cours des produits, les augmentations des prix de l’engrais, du carburant, de la main-d’œuvre, des bâtiments…, ont grevé les trésoreries. Les propos de M. Gayaud sur l’évolution de la filière viande n’ont guère rassuré.

Viande: poursuite de la décapitalisation

«La baisse du cheptel allaitant s’accélère en 2018 et 2019.» Une réalité que les responsables de cuma présents à l’assemblée ressentent sur le terrain. Les générations aînées d’éleveurs sont sur-représentées dans la pyramide des âges. La rentabilité médiocre de l’élevage bovin-viande décide même certains d’entre eux à arrêter avant l’âge de la retraite.

Le mauvais sort du climat en 2019 a compliqué les choses. La sécheresse estivale a ratatiné les récoltes de fourrages. Ce qui a gonflé les coûts d’alimentation. Ajoutons aussi l’impact de la FCO (Fièvre Catarrhale Ovine) qui affecte la fertilité des bovins.

Parallèlement, les importations de viande bovine continuent de croître. En outre, la concurrence entre vaches laitières et allaitantes reste vive. Cette combinaison de facteurs conjoncturels et structurels entraîne une inquiétante décapitalisation du cheptel.

Guillaume Gayaud, responsable du conseil économique au Cerfrance Centre Limousin.

 

La production de broutards, très répandue dans le Centre de la France, fléchit encore. Ceci suite à la baisse du nombre de vaches mères et donc à celle du nombre de veaux. Contrairement à ce que l’on pensait, les cours n’ont pas redressé la tête après la sortie massive d’animaux précoces.

Les opérateurs en début d’année se montraient plutôt confiants sur le marché italien : rendement de maïs correct pour la finition, hausse de la consommation, cotation correcte, femelles très prisée par les Italiens. Mais c’était avant la pandémie actuelle…

Lait: relative confiance

La description du la situation laitière est moins décliniste. Les échanges restent dynamiques avec une demande soutenue de la Chine en 2019 (+7%). En France, la collecte globale décroît très légèrement. Si elle progresse dans l’Ouest de la France, elle diminue dans le reste du pays de 3 %.

En 2019, le prix de base du lait conventionnel s’est élevé entre 325 et 335 €, soit + 15/1000 litres par rapport à 2018. Parmi les tendances, notons la demande émergente de lait non OGM. «Cela deviendra la norme standard en Allemagne en 2022», entrevoit le représentant du Cerfrance.

Le pilotage de la ration et la qualité des bâtiments (ambiance sanitaire, équipements…) sont jugés déterminants pour demain. Certes, le climat économique est plus favorable aux installations que les années précédentes. Mais on est encore loin du prix indicatif de 396 € calculé par le Cniel. Ce prix permettrait de couvrir intégralement les coûts de production et rémunérer correctement l’éleveur.

D’autre part, la déprise laitière sévit dans certains territoires. Elle risque à terme de compromettre la poursuite de la collecte sur ces zones, redoute le représentant du Cerfrance.

Et trois inconnues

Difficile d’écrire l’avenir en raison des facteurs d’incertitude. D’abord le Brexit. A défaut d’un accord équilibré, on craint que les flux d’exportations habituels de produits agricoles irlandais vers la Grande Bretagne se réorientent vers les autres pays membres. Cela concerne surtout la viande bovine et ovine et le lait.

La réforme de la PAC constitue un deuxième sujet d’inquiétude. L’absence d’éléments précis sur le budget agricole et les priorités de financement sont propices au doute. Les exploitations très dépendantes des aides européennes sont directement exposées aux arbitrages à venir.

Enfin, une dernière inconnue se rajoute à cette équation déjà compliquée: le Coronavirus (voir notre dossier sur le sujet). Ses conséquences bousculent les équilibres économiques actuels et les échanges commerciaux agricoles.