Comprendre la transition vers l’agro-écologie

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Comprendre la transition vers l’agro-écologie

Pour les agriculteurs venus témoigner lors de la journée «Coopération entre agriculteurs et agro-écologie», le cheminement vers une agriculture plus respectueuse de l’environnement est long et l’appartenance à un groupe, primordiale pour avancer.

Les trajectoires des agriculteurs vers l’agro-écologie sont semées d’embûches, de doutes, mais aussi de satisfaction personnelle. Le 4 octobre à Paris, s’est déroulée la troisième journée de réflexion «Coopération entre agriculteurs et agro-écologie», pilotée par la Fncuma en étroite collaboration avec la fédération nationale des Civam, Trame, Gaec & Sociétés, la FNAB/GABNOR et la recherche (Inra, SupAgro Florac et l’ESA d’Angers).

journée réflexion agroécologie Fncuma

Une journée qui a permis d’entendre le témoignage de trois producteurs engagés dans une transition vers l’agro-écologie.

«Le travail de ces réunions doit être connecté au terrain», a insisté Luc Vermeulen, président de la Fncuma, en introduction de la journée, rappelant que c’est en connectant «ensemble» les différents acteurs du monde agricole que l’on «apportera des solutions à nos agriculteurs».

L’envie de changement

Les trois agriculteurs venus témoigner de leurs expériences personnelles démontrent une certaine «sensibilité environnementale» couplée avec un besoin de changement. «Je ne m’y retrouvais pas», explique Pierre-Yves Lairy, polyculteur-éleveur en Ille-et-Vilaine et membre du Geda «Sols vivants». Adhérent à un groupe «lait» de 1991 à 2013, Pierre-Yves «tournait en rond» en ayant l’impression d’avoir «toujours les mêmes analyses économiques». Après être resté tout seul quelque temps, il a finalement rejoint, sur les conseils de son épouse, un groupe de technique de conservation des sols avec lequel il «avance davantage».

Ne pas être isolé

Le groupe apparaît comme une solution pour les agriculteurs qui souhaitent changer leurs façons de produire. «Je me suis souvent senti isolé», regrette Samuel Blin, polyculteur-éleveur breton de 33 ans, engagé dans le semis direct. «Ce qui m’a aidé, c’est ma témérité — car j’ai eu de nombreux doutes — et les encouragements et le soutien du groupe dans la durée pour maintenir une certaine motivation», explique-t-il.

Pour ces agriculteurs, la reconnaissance des pairs est primordiale dans le changement de pratique. En agriculture, les connections avec la famille et le terrain sont primordiales. «L’environnement familial a été une difficulté, se rappelle Samuel, même si, à d’autres moments, ça a été une aide. Le voisinage n’a pas été très aidant non plus.»

Une évolution lente mais en marche

 «Il y a une transition en cours, pense Yvan Alquier, agriculteur dans les Landes, amorcée avec la génération actuelle et largement poussée par celle qui arrive.» Pour Xavier Coquil de l’Inra, «la transition démarre toujours par l’accès à l’impensable et des difficultés pratiques comme la réduction d’intrants forcée à cause des problèmes financiers». Il n’y a donc pas de phénomène linéaire pour les agriculteurs qui ont fait ces choix de production mais des «allers-retours permanents entre ce que l’on souhaite faire et ce qui est possible». Samuel Blin ne dit pas autre chose: «Il n’y a pas de recette miracle, chacun doit se la faire sur le terrain. L’azote fait partie des choses à anticiper. Au début, mieux vaut réduire le travail du sol mais maintenir un niveau de fertilisation suffisant pour que les plantes poussent. J’ai préféré y aller sagement dans un premier temps plutôt que tout supprimer.»