Une occasion en or

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Une occasion en or

Accessible, bien équipé… le nouveau bâtiment de la cuma des quatre routes a beau ne pas être neuf, il a tout pour lui permettre de développer son activité.

En déménageant pour plus grand, la cuma a libéré le bourg où elle était établie, maintient l’usage de bâtiments déjà existants, qui plus est, parfaits pour développer son activité et donc l’emploi sur le territoire. N’y aurait-il pas eu matière à coup de pouce?

Depuis un an, c’est la cuma qui fait vivre le site de l’ancienne concession Braud, à l’entrée de Château-Gontier, le long de la nationale 162. «Nous sommes dedans depuis juin 2016», explique Alain Piquet, ancien président de la cuma de Ménil(1).

L’avantage pour une cuma de s’installer dans l’ancien atelier d’un concessionnaire agricole, c’est que toutes les installations sont parfaites pour l’entretien et les réparations du matériel: «Nous n’avons rien eu à faire, tout était prêt et aux normes», jusqu’à l’aire de lavage. L’atelier dispose même d’un chauffage. C’est dire! Et la cuma semble très satisfaite de son acquisition. Là n’est pas le problème, car une contrariété, il y en a bien une.

Les subventions dans une impasse

Alors qu’il avait lu dans la presse (Entraid d’octobre 2015) que le nouveau dispositif DiNA cuma permettrait au groupe d’obtenir une subvention pour un tel projet, Alain Piquet regrette qu’il n’en ait rien été.

Dans la région, le dispositif relatif aux bâtiments n’a pas été activé, au titre que «le PCAE prévoit déjà que les bâtiments soient subventionnés», explique le directeur de la fédération départementale des cuma, Benoît Bruchet. Il rapporte que pour l’administration compétente «pas question de doublonner…» Le hic étant que le PCAE ne concerne que le neuf, excluant ainsi le projet de la cuma des quatre routes qui, pourtant, ne manque pas d’arguments.

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Alain Piquet, alors président de la cuma de Ménil, avait travaillé sur le dossier du changement de site de la cuma.

Jusqu’ici, «nous avions nos locaux au cœur d’un bourg.» Le site de 1.600m² (dont 600 d’atelier), a depuis été «bien racheté par la commune, qui a joué le jeu», souligne l’agriculteur.

Il revient sur la localisation de ce siège qui n’était pas idéale pour le voisinage (mis à part pour les enfants de l’école émerveillés aux passages des engins) ; les logements neufs qui le remplacent sont une occupation de l’espace plus appropriée peut-être. Pour la cuma, il était surtout devenu «trop étroit pour notre activité.»

Mieux que du neuf et pour bien moins cher

L’entreprise Corbin, célèbre pour être concessionnaire Braud, vendait son site. «La famille préférait que le site conserve une activité agricole.» Pour 280.000€, la cuma est ainsi devenue propriétaire de plus d’un hectare, déjà clos, dont 1.900 m² couverts. Elle n’a donc pas construit de nouvel édifice, juste donné une seconde vie à de l’existant.

Vue de l'intérieur de l'atelier.

À l’intérieur, dans l’atelier, les mécaniciens ont l’espace et les installations pour travailler sereinement et efficacement.

Avec ce nouvel espace plus fonctionnel, «nous avons gagné une heure et demi par jour aux ensilages, sur les temps improductifs de nettoyage, rangement, plein de carburant, révision…» Le service est amélioré et coute moins cher, tandis que les salariés sont plus tôt à la maison.

Pour l’heure, la cuma fonctionne avec une équipe de deux permanents qui, outre ce confort de travail amélioré, bénéficie de perspectives: «cet hiver, nous avons doublé les heures de mécanique», illustre Alain Piquet en considérant là un signe que la cuma répond encore mieux à une demande qui s’exprime sur le territoire. Il sollicite les collectivités: «ce serait bien que ce genre de projets assumés par les adhérents au moment de la crise soit reconnu.»

En attente de réponses

Pour le moment, les sollicitations de la cuma et de sa fédération pour élargir le périmètre des aides aux bâtiments d’occasion n’ont pas reçu de réponse favorable. Et du côté du PCAE, rien de plus n’est à attendre pour ce genre de dossiers. «Le PCAE dépend du Feader», avec une enveloppe définie pour une période pluriannuelle. Et Florence Désilière rappelle l’objectif de disposer de crédits jusqu’en 2020, malgré un budget déjà «serré». La conseillère régionale dans les Pays de la Loire rappelle aussi «nous avons déjà élargi les PCAE à de nouveaux matériels, y compris pour les cuma.» Mais, on l’aura compris, «on ne peut pas élargir à tout.»

L’élue argumente enfin que les arbitrages sont à l’origine «des choix faits en concertation avec un ensemble d’acteurs dont les représentants de la production agricole.» Le long de la nationale 162, à l’entrée de Château-Gontier, les responsables publics ont pourtant une occasion en or de constater, par les faits, comment une cuma peut s’intégrer dans le développement d’un territoire, même sans construire.

 

(1)Un des groupes à l’origine de la cuma actuelle.