Coop: remue-méninges participatif

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Coop: remue-méninges participatif

Forum Terrena, le 20 février à Poitiers, intitulé «L’agriculture se transforme, et les coops?», en présence de Jean-Yves Foucault, ex-président du groupe Limagrain (à d.) et Pierre Lafragette, président de la coopérative Fermes de Figeac (à g.).

En début d'année, Terrena a consulté ses adhérents et salariés pour nourrir son projet dans les 10 prochaines années. Un des forums consacré au fonctionnement des coops a mis en évidence différentes façons de coopérer.

Trois forums ont été organisés en début d’année par Terrena ainsi que 40 ateliers dans le cadre de l’opération baptisée ‘La consultation’. Plusieurs centaines de personnes étaient présentes à chaque forum. Pour les organisateurs, «débattre, échanger et proposer font partie de notre ADN coopératif. Nous parlons de tout, sans tabou, avec l’ambition de continuer à faire évoluer le modèle agricole et alimentaire sur notre territoire.»

Les 21500 adhérents agriculteurs de la coopérative et ses 14000 salariés ont exprimé aussi leurs attentes sur une plate-forme numérique dédiée. En tout, 4500 contributeurs ont avancé 700 propositions. Ce matériau doit servir à dessiner l’avenir de l’entreprise. Les témoignages exprimés lors de ces rencontres ont illustré la grande diversité des modèles coopératifs, tant du point de vue des objectifs que des modes d’organisation, à l’exemple des coopératives Limagrain et Fermes de Figeac.

Coopérative conquérante

Jean-Yves Foucault, ex-président du groupe Limagrain, défend avec verve une vision entreprenante de la coopération, en capacité de conquérir les marchés extérieurs. Le groupe est créateur et producteur de variétés végétales en grandes cultures et en cultures potagères. Il développe son activité via plusieurs filiales et dispose d’une holding. Mais c’est la coopérative et ses 1500 agriculteurs adhérents qui constituent l’actionnariat principal du groupe, insiste le président. «Dans notre cas, la coopérative contrôle la holding. Il est indispensable que le conseil d’administration garde le pouvoir et fixe les orientations. Que les adhérents s’approprient le projet. Pourquoi fait-on ceci ou cela? Quels impacts cela aura sur les exploitations?»

À un participant du forum qui l’interpellait sur le retour financier pour les adhérents, il argumente: «La coop peut reverser aux adhérents la valeur d’un treizième mois, constitué par le retour aux adhérents des dividendes dégagés par le groupe, des ristournes de fin de campagne, et du versement des parts sociales. Et on est aussi en mesure d’accorder des prix particulièrement rémunérateurs sur certaines variétés protégées à haute valeur industrielle.»

Ancrée sur le territoire

Pierre Lafragette est le président de la coopérative Fermes de Figeac. Celle-ci est orientée sur une coopération agricole et territoriale qui œuvre à la préservation des écosystèmes, au maintien d’une agriculture vivante et au développement d’une alimentation de qualité. C’est pourquoi elle s’implique dans la création de valeur, au travers par exemple des magasins de producteurs, dont les consommateurs locaux sont prêts à payer le juste prix.

Ici, on parle d’identité et d’attachement au territoire, dans lequel la coopérative encourage l’émergence de lieux où élus, salariés, agriculteurs se parlent ! Les Fermes de Figeac sont à l’affût des nouvelles pistes économiques locales, comme le développement des énergies renouvelables, «en mobilisant par le bais de la coopérative une puissance financière suffisante et des réponses à la complexité administrative, technique, financière», explique avec détermination le président: «On veut garder les manettes, garder la capacité d’agir, créer de la valeur localement.» Attention, prévient Pierre Lafragette, «on ne peut pas se contenter d’être seulement des philosophes, si l’on ne crée pas de valeur, cela ne durera pas.» Ces deux approches de la coopération ne sont pas forcément opposées. Pierre Lafragette, est d’ailleurs aussi livreur de lait à Sodiaal, la plus grande coopérative laitière française.


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