D’une logique de copropriété à la moisson en commun

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D’une logique de copropriété à la moisson en commun

Aujourd'hui, les trois fermes adhérentes récoltent ensemble 550 ha avec la moissonneuse-batteuse de la cuma de la Vallée Bleueu.

Installé dans l’Aisne, François-Xavier Sainte Beuve est passé depuis son installation, il y a 5 ans, d’une logique de copropriété avec des voisins, à des chantiers de moisson en commun avec d’autres adhérents de la cuma de la Vallée Bleue. Rencontre.

Après des études agricoles et une première expérience de sept années dans le milieu bancaire, François-Xavier Sainte Beuve revient s’installer sur l’exploitation familiale de 295 ha dans l’Aisne en 2015. Son père est alors adhérent de la cuma de la Vallée Bleue pour un rouleau Cambridge. La majorité du matériel de l’exploitation est en propriété ou en copropriété avec des voisins.

Un choix humain

C’est principalement par curiosité que François-Xavier Sainte Beuve a commencé à se rendre aux réunions de la cuma. «L’exploitation était équipée pour pouvoir travailler seul mais leur façon de travailler m’intéressait. Je la trouvais humainement intéressante. Je venais d’un environnement de travail avec des collègues et je ne voulais pas travailler seul. La cuma n’était donc pas un choix financier. C’est le côté humain qui m’a attiré.»

En 2016, le président de la cuma de la Vallée Bleue emmène François-Xavier Sainte Beuve et un autre adhérent à une formation «responsable de cuma». L’occasion d’échanger avec d’autres groupes, de comprendre le fonctionnement des cuma plus grandes. Mais aussi les difficultés rencontrées par certains groupes et les solutions trouvées. «Je venais de changer la moissonneuse-batteuse de l’exploitation et, pour moi, il n’était pas question d’aller en cuma pour plus d’activités. Mais après ces discussions et ces témoignages, je me suis plus ouvert à la réflexion. Nous avons décidé de faire un test et de travailler ensemble.»

Cuma de la Vallée Bleue

Pour François-Xavier Sainte Beuve, la cuma n’est pas forcément un choix financier, c’est le côté humain qui est déterminant.

550 hectares récoltés en commun

Ainsi, pour les moissons 2016, François-Xavier Sainte Beuve et la cuma de la Vallée Bleue récoltent ensemble 50 ha de l’exploitation avec les deux moissonneuses (celle de l’exploitation et celle de la cuma). Un test concluant mais qui amène durant l’hiver 2016 la question de l’organisation pour la suite. «Pour moi, il n’était pas intéressant économiquement de changer car la machine de l’exploitation était neuve.» Mais c’est le côté humain du travail en groupe qui le convainc et il rejoint la cuma de la Vallée Bleue pour la moisson. Les deux machines sont vendues, la cuma en achète une nouvelle et, aujourd’hui, les 3 fermes adhérentes récoltent ensemble 550 ha.

La même année, l’agriculture de conservation, notamment le semis direct, est également en réflexion au sein du groupe. François-Xavier Sainte Beuve décide d’engager la moitié de la surface de l’exploitation dans le projet. «C’est une technique intéressante qui entrait dans mon projet pour avancer sur l’exploitation. Et le faire avec la cuma limite le risque.»

Le cadre de travail de la cuma rassure car il permet d’établir des règles de travail en commun. «On reste des hommes, on a tous des qualités et des défauts. J’ai encore à apprendre. Je suis un jeune agriculteur et, dans ce contexte, la cuma est rassurante.» François-Xavier Sainte Beuve est aujourd’hui en charge de l’activité moisson et de la planification des chantiers de semis à la cuma. «Il faut être acteur de sa cuma, pas seulement un utilisateur. Sans humain, il n’y a plus de cuma.»

Article extrait du numéro spécial Entraid’ Hauts-de-France – Mai 2020.