Les cuma de demain : projection à 10 ans

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Les cuma de demain : projection à 10 ans

Les réunions de secteur ou de petites régions (comme ici à Brousse, dans le Tarn en 2014) ont permis lors de l’hiver 2018-2019 d’esquisser des pistes de développement pour les années à venir.

Cet hiver, les fédérations de cuma d’Occitanie se sont interrogées lors de leurs réunions locales, avec les responsables de terrain, sur la manière de faire évoluer les groupes dans les 5 ou 10 ans à venir. Un travail qui permet de prendre des orientations dès aujourd’hui. En voici le résumé dans trois départements pas si éloignés du Lot.

Quatre questions dans le Tarn-et-Garonne

Dans le Tarn-et-Garonne, les réunions de secteur ont permis de poser 4 questions aux responsables et adhérents participants, remises sur la table lors de l’AG des cuma du Tarn-et-Garonne.

Demain, quel sera l’intérêt du collectif ? Les répondants se sont déclarés attachés à la proximité, la disponibilité des matériels, la possibilité d’accéder de la main d’œuvre et l’accès à l’innovation que permettent les cuma.

Quelle seront les activités des cuma ? Les répondants ont plutôt mis en avant une demande de disponibilité des matériels que de compétitivité (prix de revient), en envisageant de grosses exploitations nécessitant des matériels en appoint. L’innovation leur semble être une piste à creuser encore, avec par exemple la création de réseaux de sondes météo ou hygrométrique en commun. Dernier point : le développement de l’emploi partagé en cuma semble évident, sous une multitude de formes possibles.

Qui les fera vivre ? Les petites cuma devraient être amenées à se regrouper pour augmenter le nombre d’adhérents et donc mécaniquement le pool de responsables potentiels. Les cuma plus importantes devraient se doter de salariés de direction.

Qu’êtes-vous prêts à faire aujourd’hui pour contenir la diminution du nombre d’adhérents ? Il ressort de cette consultation un fort besoin de communication entre cuma voisines et même au sein des cuma, pour connaître les besoins et projets des uns et des autres, et s’y rattacher. 

Dans le Tarn, des services cohérents au niveau d’un bassin de vie

Parmi les attentes exprimées par les adhérents lors de la consultation sur l’avenir des cuma, sont ressorties deux priorités : d’abord travailler mieux, plus vite et à coût maîtrisé, en suite résoudre les problèmes de temps et de disponibilité sur les exploitations.

Le service complet est la solution spontanément évoquée par une grande partie des participants, qui y voient notamment la possibilité de faire appel à un complément de main d’œuvre, de se libérer du temps, de faire appel à une personne qualifiée pour de la conduite ou de l’entretien, avec en exergue la notion d’efficacité.

La mise à disposition, aujourd’hui offerte aux cuma sans restriction en levant l’option « groupement d’employeurs », fait partie des options aussi soulevées, pour le travail administratif et sur l’exploitation.

« Le nombre d’adhérents va diminuer », ont noté Marie Kuhn, en charge de ce dossier à la fédération et Guillaume Bourguès, l’administrateur qui l’a accompagnée. « Mais les surfaces à travailler resteront les mêmes », ont-ils souligné, même si se dessinent la disparition de certaines activités.

« Notre réseau est constitué de petits groupes qui ont peu l’habitude de travailler ensemble », et cela doit changer pour mettre en place des services cohérents au niveau des bassins de vie, ont-ils conclu, car « chaque cuma ne pourra pas créer de service complet pour toutes les activités. »

D’où la nécessité, pour les groupes qui veulent durer, de « redevenir un lieu privilégié où l’on se retrouve pour parler de nos métiers », où les projets ne sont pas portés seulement par le binôme président/trésorier mais par l’ensemble des adhérents. Concrètement ? « Parlez-vous, parlez de vous, mettez en place des responsables d’activité sur plusieurs cuma… » A aussi été soulevée la possibilité de faire évoluer les statuts des cuma pour que les groupes puissent s’adapter aux évolutions rapides des stratégies d’exploitations.

Aveyron : plancher sur des cas réels

Les réunions de secteur ont été cette année l’occasion de sonder les responsables de cuma sur les moyens de relancer les activités et les projets, a expliqué Pascale Caldéran, directrice de la fédération des cuma de l’Aveyron. En petits groupes, les animateurs ont fait plancher les responsables sur des exemples concrets de projets n’aboutissant pas pour trouver des solutions et lancer les projets. Thierry Roques, secrétaire général de la fédération, a exprimé sa satisfaction sur ce travail : « Tous les participants se sont exprimés et cette mise en situation a permis de poser un regard neuf à chaque fois. Ce qui peut sembler impossible à l’un est par exemple très simple pour un autre. Cet exercice a permis de changer les points de vue. »

Philippe Rauly président fncuma46 occitanie exploitations

Philippe Rauly, président de la fdcuma46 : ‘‘Nous devons être capables de garder des exploitations à taille humaine, à côté des grandes exploitations. S’agrandir c’est souvent se couper du monde en s’immergeant dans le travail. Si nous voulons installer, il faut notamment pouvoir avoir une vie sociale, donc de l’entraide et des revenus en diminuant les charges. Les cuma peuvent jouer un rôle à tout ces niveaux.

Ce travail a bien sûr permis d’engager la réflexion au sein de l’équipe fédérative pour réarranger l’organisation et les priorités de travail, à l’exemple de la création de la commission Gestion.

Les solutions exprimées pouvaient être classées selon trois axes :

Les solutions internes à la cuma : parmi lesquelles une gestion plus affutée, au service des prix et de la lisibilité, des projets bien dimensionnés par rapport aux attentes, des outils disponibles et des chantiers efficaces, et enfin le développement du service complet, très attendu pour attirer et fidéliser des adhérents confrontés à de fortes contraintes de main-d’œuvre.

La coopération de cuma : inventer de nouvelles façons de travailler entre cuma, en commençant par communiquer entre groupes, travailler ensemble et éventuellement, lorsque cela reste cohérent avec un maintien de la dynamique locale, fusionner certains services

S’ouvrir, à la fois aux demandes des adhérents, aux besoins de diversification des exploitations et aux autres acteurs des territoires.

Christophe Perraud secretaire general fncuma occitanie federations

Christophe Perraud, secrétaire général de la fédération nationale des cuma, a salué le travail de projection dans l’avenir des fédérations occitanes lors de l’assemblée générale de la fédération tarnaise. « C’est une très bonne démarche. Il faut que nous relancions cette question de la résilience des groupes au niveau national. » Il a souligné le travail réalisé ces dernières années à ce niveau : « L’écoute est plus forte et nous sommes de plus en plus associés aux réflexions, car nous faisons bien, nous le faisons savoir et nous le partageons », même si, notait-il, toutes les batailles, notamment celle de la reconnaissance de l’agriculture de groupe, ne sont pas gagnées.


Cet article est issu du spécial Lot de mai 2019.