Essayer le désherbage mécanique, c’est l’adopter

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Essayer le désherbage mécanique, c’est l’adopter

La cuma l'Espérance propose une gamme de matériels de désherbage mécanique assez complète.

Samuel Belleannée a testé avec succès différents outils de désherbage mécanique. Depuis que son entreprise, le gaec Villeneuve, est entrée dans cet univers technique, elle ne l’a plus quitté. Rencontre.

La bineuse a une présence historique à la cuma l’Espérance. Mais ses adhérents sont parfois confrontés à des problèmes de levée de maïs dû à la battance des sols et à un salissement précoce des cultures. Initiateur du projet, Samuel Belleannée décide d’emprunter en 2015 et 2016 la houe rotative de la cuma voisine (Argencie). Puis, il convie ses collègues à venir observer le travail réalisé.

L’agriculteur en est convaincu: «A l’avenir, il faudra réduire l’utilisation des produits phytosanitaires Il motive les adhérents de la cuma et cette dernière dépose un dossier de demande de subvention Pcae pour une houe rotative de 6,40 m et une herse étrille de 12 m.

Désherbage mécanique à la cuma l’Espérance : un œil technique

Ainsi, la cuma achète une houe rotative Hatzenbichler en 2017. Le choix du modèle doit beaucoup au montage inversé des cuillères. Grâce à cela, la houe n’impose pas de travailler avec une vitesse élevée. Pour les utilisateurs, il est donc plus facile d’intervenir sur des stades précoces (plus fragiles) de la culture, sans ressortir les pierres.

Les adhérents de la cuma avaient un peu d’appréhensions par rapport à ces nouvelles techniques de désherbage. C’est pour les lever qu’ils ont fait appel à un collègue utilisant un matériel similaire, en agriculture biologique de plusieurs années. Après quelques consignes de réglages, de vitesse d’intervention selon le développement des adventices et de la culture, ils découvrent quelques astuces (voir encadré).

Comment savoir à quelle date désherber mécaniquement après le semis ?
Au moment du semis de la culture, poser une plaque de verre (ou plexiglass) à 4 ou 5 cm au-dessus sol induit un effet de micro-serre. L’observation de l’évolution du salissement sous cette plaque présage un développement identique sous deux à trois jours dans le reste de la parcelle. A l’arrivée des adventices sous la plaque, il faut alors déclencher l’intervention rapidement. En effet, l’efficacité optimale des matériels de désherbage mécanique se situe au stade filament blanc et il ne faut pas attendre au-delà du stade plantule.

Rendre son itinéraire cohérent

Après des premiers résultats positifs, la cuma décide d’acheter une herse étrille 12m. Pour augmenter les performances des chantiers, donner de la polyvalence et de la complémentarité entre les matériels, elle choisit le réglage à distance de l’agressivité des dents. En effet, à chaque stade et chaque condition de sol, correspondent une application dédiée. Samuel précise: «Il faut adapter ses pratiques culturales!»

Pour le maïs derrière une dérobée, il détruit le ray-grass par un déchaumage puis il réalise un labour systématiquement. Ensuite, il prépare son lit de semence à l’aide d’une herse rotative. Il réalise son semis en 6 rangs à 75 cm d’inter-rangs et à 4 cm minimum de profondeur. Ainsi il favorise l’enracinement en profondeur de la culture. Cela est important pour limiter l’incidence, en termes d’arrachage, lors des passages des outils ultérieurement.

Adaptation et débrouillardise

Après quelques années d’expériences, Samuel Belleannée arrive à quasiment 100 % de réussite en désherbage mécanique pour les cultures de printemps en cumulant et en alternant plusieurs passages des trois matériels à sa disposition. Pour les céréales c’est différent. Sur ses terres hydromorphes de la région de Saint-Maurice-Étusson, les fenêtres d’intervention sont très courtes, voire inexistantes. Enfin, ses légumineuses y trouvent un intérêt depuis que Samuel détourne un peu l’usage de la houe rotative: Avec un passage, il stimule la croissance de sa luzerne.

Et dans le secteur, la cuma fait des émules à son tour. Actuellement, ses trois matériels réalisent annuellement environ 250 ha chacun. En 2020, la cuma l’Espérance a été sollicitée par des agriculteurs des communes voisines afin de mettre à disposition ses équipements. Vu les conditions climatiques, ils cherchaient à casser la croûte de battance.

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