La Nouvelle Zélande laitière : entremêlée de spécialistes

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La Nouvelle Zélande laitière : entremêlée de spécialistes

Au pays du rugby, chacun a son poste dans les systèmes d’élevage. Les acteurs sont spécialisés et complémentaires.

Suite du voyage dans le lait kiwi, qui est aussi une terre de rugby. La valeur collective du sport au ballon ovale se cantonne-t-elle à son rectangle vert ou fait-elle une percée jusque dans les prairies laitières, tout aussi vertes?

La rédaction d’Entraid vous emmène à travers une quinzaine d’articles à la découverte de l’élevage laitier Nouvelle Zélande. Un voyage d’étude rendu possible grâce à notre partenaire Agrilys spécialisé dans l’organisation de voyage d’étude professionnel à l’étranger. Suivez notre journaliste en cliquant sur le lien suivant pour voir le sommaire et l’intégralité des articles traitant de l’élevage laitier.

La Nouvelle Zélande prend-elle exemple sur la France et ses cuma en matière d’entraide et de chantiers partagés ?

En France, il y a les cuma, un exemple de ces groupes où l’agriculteur trouve des solutions pour évoluer et/ou travailler au quotidien. Les cuma, où le matériel passe de main en main ou à l’échelle d’un petit territoire, où se mêlent les idées, les moyens, les forces des agriculteurs, parfois en consommant des packs, avec modération, mais toujours pour réduire les charges, et là sans modération si possible.

En Nouvelle-Zélande, l’agriculture de l’entraide, des chantiers partagés semble être restée un peu sur la touche. «Ça existait avant», confie l’un des éleveurs rencontrés lors de la formation organisée par l’Institut de l’élevage. Sous-entendu: maintenant, c’est différent.

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85% du lait produit en Nouvelle-Zélande passent par les mains d’une coopérative.

Déjà, les pelouses ne sont presque foulées que par des sabots. Le pâturage est le principe de récolte ultra-dominant dans le pays. Selon les secteurs géographiques, il peut même n’y avoir aucune interruption du pâturage. Néanmoins, quand la croissance de l’herbe dépasse le besoin, la constitution de stocks se pratique mais, ni avec la faucheuse, ni avec la faneuse ou l’andaineur de cuma.

Reste aussi la question des implantations de prairie entre autres travaux. Pour cela aussi, «j’appelle l’entreprise», résume le même éleveur néo-zélandais. Rien d’étonnant donc dans un pays où les systèmes sont extrêmement spécialisés. L’éleveur laitier cultive des prairies, nourrit et trait des vaches laitières. Souvent, l’élevage de génisses, voire de taries (pour 1/3 des éleveurs), est délégué. Les achats de fourrages, dont le maïs, sont monnaie courante. Chacun à sa place dans l’équipe.

Des engins plutôt en catégorie «vétéran»

Ainsi, pendant les visites de ferme du voyage en Nouvelle-Zélande organisé par l’Idele, les stagiaires n’auront pas vu beaucoup de matériels entreposés sous les hangars, relativement rares eux aussi. Les éleveurs, spécialisés sur leur cœur  de métier, concentrent leurs investissements sur ce qui leur est essentiel. Sur les routes ou dans les champs, il n’y avait pas non plus énormément d’engins à circuler. Heureusement que les moissons battaient leur plein en janvier dans le Canterburry. Traverser ainsi la province à cette saison laisse penser qu’ici, les outils agricoles ont tendance à être amortis de manière respectable.

Beaucoup des partenaires

Pour autant, penser que l’agriculture laitière néo-zélandaise vit sur un mode individualiste, serait une idée reçue à plaquer immédiatement. Arrêt buffet! Sans parler du statut un peu particulier du sharemilking qui associe, dans la ferme, un propriétaire terrien plus ou moins investi dans le quotidien de l’élevage et un sharemilker qui détient aussi une partie du système de production et dirige l’exploitation.

Il nous faut néanmoins poser un fait: l’acteur n°1 de la collecte est une coopérative. Et quel pilier! 85% du lait néo-zélandais transite par les tanks de Fonterra. C’est avec ce maul formé par le pays en fusionnant les principales coopératives, que la Nouvelle-Zélande pousse son lait au-delà des mers. La Chine en premier en-but.

Conquérir le public

Comme l’ensemble des membres de la «team New Zealand» du lait, Fonterra travaille pour vendre, auprès de la société insulaire et auprès de ses clients étrangers, l’image Clean&Green du pays. «Les éleveurs sont critiqués dans le pays depuis pas mal de temps», analyse un responsable syndical, «donc ils veulent regagner la confiance de la société» et les transformateurs semblent travailler aussi en ce sens. «A l’image des All Blacks, les Néo-zélandais, éleveurs, transformateurs… font block ensemble pour porter leur produit. C’est un énorme atout», retient Michel Debernard (CerFrance PCH) qui participait à la formation.

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Comme le pâturage est la base de tout, les éleveurs ont des besoins en matériel très limités. Leur niveau d’équipement est en conséquence très raisonné. Ici, tous les tracteurs et outils attelés d’un élevage de 700 vaches sont sous ce hangar. Et si l’entraide entre voisins a pu exister pour certains travaux, le plus souvent, tout est désormais délégué aux entrepreneurs.

La recherche aussi s’implique sur la question de produire du lait à l’herbe de manière intensive en limitant les impacts environnementaux. Mettre des pieds de plantain sur les terrains est, par exemple, une idée qui semble déjà conquérir les élevages. Avec ses propriétés diurétiques, la plante force les troupeaux à mieux répartir leurs pissats sur l’ensemble de leur aire de jeu. Affaire à suivre pour ce qui est de l’impact concret sur les lessivages d’azote, première préoccupation environnementale du secteur.

L’effet d’entraînement du partage d’expérience

Retour au champ, au terrain, où les éleveurs, comme en France par exemple, font avancer le développement dans la cocotte collective. « Par territoire, nous avons des groupes de formation, organisés avec un consultant », explique un autre éleveur visité. Grâce à une dizaine de réunions par an, les expériences et références se partagent en continu à l’échelle de petits territoires. Pour ce qui est de la recherche et développement, c’est aussi au niveau national que les éleveurs se fédèrent. Avec DairyNZ, un organisme dont ils sont propriétaires et pour lequel ils décident régulièrement de maintenir une cotisation volontaire de l’ordre de 0,04NZ$/kg MS.

De la France, ces éleveurs connaissent sa diversité laitière et fromagère, son influence importante dans une Union européenne que ces professionnels de l’hémisphère sud estiment qu’elle sera leur principal challenger des prochaines années. Entre autres choses, ils citent aussi de la France son équipe de rugby qu’ils considèrent comme « un bon rival pour les All Blacks ». L’un d’entre eux voit même un parallèle à faire. « Danone ou Lactalis sont des entreprises comparables et concurrentes de Fonterra, mais si ça peut se passer comme la dernière coupe du monde, tout ira bien ». Avec un sourire fairplay, voilà comment la France du lait se voit renvoyée dans ses 22.


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Pour aller plus loin, vous pouvez également aller dans notre dossier spécial Nouvelle Zélande :

Filière laitière Nouvelle Zélande : cap sur la Nouvelle Zélande avec une série de quinze reportages réalisés par Ronan Lombard, journaliste chez Entraid.

Cliquez sur l’image pour suivre le roadtrip de notre journaliste parti 15 jours en Nouvelle Zélande.