L’ensilage d’herbe s’inscrit au planning dans l’Orne

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L’ensilage d’herbe s’inscrit au planning dans l’Orne

A Bellou-en-Houlme, dans l’Orne, ensiler de l’herbe est devenu chose commune en novembre... Une décennie auparavant, cette pratique était encore marginale. Le changement climatique en est l’une des raisons. Rencontre avec Olivier Denis, éleveur et président de la cuma locale.

Dans la campagne d’ensilage à Bellou-en-Houlme, la récolte d’herbe en novembre est aujourd’hui naturellement planifiée. Cette tendance, Olivier Denis, président de la cuma du secteur, la constate depuis une dizaine d’années.

Mais ce n’est que depuis cinq ans qu’elle s’est vraiment inscrite durablement. «Deux choses expliquent ce changement. La réglementation, imposant qu’après les récoltes d’été, les couverts végétaux doivent être semés assez tôt. Mais aussi l’arrière-saison, qui est maintenant plus longue et plus chaude dans la région.» Ainsi, aujourd’hui, deux récoltes d’ensilage d’herbe sont possibles sur la même parcelle, une en novembre et une autre en avril/mai, à condition, bien sûr, que ce soit du ray-grass d’Italie.

Une fois l’ensilage du maïs fini (généralement vers le 20 octobre), l’une des deux machines est donc préparée par le concessionnaire en vue de retourner à l’herbe.

Une récolte de RGI au printemps…

Une à deux semaines lui sont nécessaires afin que l’ensileuse soit opérationnelle pour le 11 novembre. «Nos deux machines, une de 8 rangs, l’autre de 10 rangs, peuvent, toutes les deux, être équipées pour l’herbe. Nous la choisissons en fonction des interventions à faire dessus et du respect de l’équilibre des heures, explique le président. Et de poursuivre : «Chaque machine réalise près de 200 h/an. Cinq chauffeurs adhérents, organisés sous forme d’entraide, les conduisent.»

Pour la cuma, ce regain de travail lié à l’herbe est financièrement intéressant. Avec 20 à 30 h d’utilisation en plus pour un tarif d’intervention de 50 €/ha, le coût de la machine est mieux dilué.

Cette organisation reste dépendante de la météo. Mais avec deux machines, la coopérative dispose d’un peu de souplesse. Et là encore, le changement climatique joue un rôle. Auparavant, la période de récolte de maïs s’étalait jusqu’au 1er novembre. Maintenant, elle se finit dix jours plus tôt, même avec des variétés plus tardives. Ceci évite le télescopage de cette seconde récolte d’herbe avec la fin de l’ensilage de maïs.

…mais aussi en automne maintenant

«Néanmoins, reconnaît Olivier Denis, ensiler de l’herbe en novembre n’est pas toujours évident. Par exemple, une période pluvieuse comme cet automne 2019 rend la portance du sol fragile.» Le pourcentage de matière sèche est également deux fois moins important qu’une récolte au printemps (15 % contre 30 à 40%).

Ainsi, l’herbe doit être obligatoirement distribuée l’hiver de la récolte sous peine de mauvaise conservation. Le produit, plus humide, nécessite aussi le re-nettoyage de l’ensileuse. En dépit du regain des cultures herbagères dans les assolements, les ensileuses continuent de tourner.

Depuis qu’Olivier Denis est adhérent à la cuma, aucune heure d’ensilage n’a été perdue. Le maïs a progressivement été remplacé par l’herbe. Il y a encore 10 ans, ce fourrage représentait 60 h/an contre 120 à 130 h/an aujourd’hui. Et la récolte d’automne y contribue grandement. 

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