Epandage de lisier : cent tonnes ou sans tonne ?

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Epandage de lisier : cent tonnes ou sans tonne ?

La rampe de 12 m de la cuma de Piacé, reconditionnée avec des canalisations en inox (Crédit Gérard Poujol).

L’épandage sans tonne trouve petit à petit des adeptes, principalement pour des raisons agronomiques. Témoignages dans l’Ouest.

Non, les ensembles d’épandage de lisier ne pèsent pas encore cent tonnes mais au fil des années on s’approche déjà de la moitié de ce chiffre. De quoi inquiéter nombre d’agronomes. A côté, certains agriculteurs choisissent d’avoir le pied léger et d’épandre sans tonne, avec une rampe installée sur un petit tracteur et alimentée par un tuyau déroulé au sol, lui-même raccordé à une pompe qui puise dans la fosse.

Une enquête dans l’Ouest
On compte peut être une quinzaine de cuma équipées en France. Douze d’entre elles ont été étudiées par la Frcuma Ouest, et une synthèse en a été donnée au dernier Salon aux Champs. La motivation principale à ce système est d’épandre sur des sols sensibles ou sur des cultures peu propices au passage d’une tonne (céréales en fin d’hiver), donc de mieux valoriser le lisier et faire des économies d’engrais. Avantages collatéraux : moins de terre sur les routes, un débit instantané élevé, pas besoin de gros tracteur. Par contre, cette méthode convient mieux aux grandes parcelles dégagées, pour « amortir » le temps de mise en place et de rangement à chaque opération d’épandage. Elle demande également des parcelles proches de l’exploitation (800 à 1000 m de tuyau maxi), sauf à transporter le lisier avec une citerne et à installer une cuve tampon à la parcelle. Enfin, on s’en doute bien, la préparation du lisier est primordiale : il doit être brassé, et haché s’il est pailleux.
Les cuma observées épandent 4500 à 24 000 m3/an. Elles ont investi de l’ordre de 50 000 €, sachant qu’il ne s’agit pas de matériels standards mais d’un ensemble souvent étudié sur mesures. Ce montant peut être doublé dépassé pour un investissement à neuf aujourd’hui selon la capacité et les options. Les groupes mobilisent généralement deux personnes sur les chantiers, adhérents ou salariés.

cuma de Piacé Gérard Boulay

Gérard Boulay (cuma de Piacé) explique qu’il faut prévoir une période d’apprentissage.

Un rodage nécessaire
La cuma de Piacé (Sarthe) a démarré l’épandage classique en 1988, et a complété sa panoplie en 2005 avec un équipement d’épandage sans tonne pour 9 adhérents. Ils passent 18 000 m3/an, sur 500 ha de cultures. La tonne de 17 000 l, elle aussi avec pendillards, couvre quant à elle 200 ha, soit 6000 m3/an. « Il a fallu du temps pour rôder la mise en place des chantiers, explique Gérard Boulay, un des responsables. Maintenant, ça va. On installe la veille ». Le prix facturé dans cette cuma s’élève aujourd’hui à 1,30 €/m3, pour l’équipement de base. « Depuis trois ans, nous utilisons aussi un caisson pour les parcelles éloignées, que nous alimentons avec une rotation de trois ou quatre tonnes ».
Au fil du temps, des réparations et modifications ont eu lieu. « Nous changeons environ 200 m de tuyau par an, c’est le principal poste de frais. L’usure vient des frottements sur le sol ou d’arrachements accidentels ». Les tuyaux de la rampe vieillissent aussi. « Récemment, nous avons fait refaire en inox par un artisan la liaison entre le répartiteur et les extrémités souples du pendillard ». Au fil des saisons, les hommes apprivoisent la technique et l’outil se perfectionne.

Une astuce à la cuma de Piacé : cette jante permet de tirer sur le tuyau sans l’abimer inox (Crédit Gérard Poujol).

Pour les parcelles éloignées, une cuve posée en bord de champ stocke temporairement le lisier amené par la route inox (Crédit Gérard Poujol).

 

La rampe de 12 m de la cuma de Piacé, reconditionnée avec des canalisations en inox (Crédit Gérard Poujol).