Gagner avec l’appât du taupin

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Gagner avec l’appât du taupin

Du blé, de l’orge ou de l’avoine entre deux rangs de maïs peuvent régaler le taupin et épargner la culture.

Sale temps pour les taupins. Le principal ravageur du début du cycle du maïs est dans l’œil de plusieurs expérimentations pour affiner les moyens de protection. Et malgré le retrait de certains traitements, les solutions sur le marché, bien employées, sont performantes.

Aux manettes de leur semoir monograine, face au risque taupin, il y a ceux qui ont opté pour la méthode conventionnelle du (micro-)granulé et ceux qui tentent le levier plus original du détournement, les deux n’étant pas incompatibles. Pour les seconds, Arvalis propose quelques conseils à la lumière d’une vingtaine d’années d’expérimentations en alertant d’emblée sur les limites de la technique de l’appât si ça mise en œuvre n’est pas maîtrisée. Elle consiste à proposer aux larves une nourriture alternative qui les invite à se détourner du maïs fraîchement implanté. «A ce jour, les modalités où l’appât est un mélange de grains de blé et de maïs», s’en sortent plutôt bien, avec des efficacités supérieures à 50%, et «meilleure qu’avec un appât constitué de blé seul», constate Arvalis qui se penche sur l’évaluation d’autres céréales (orge et avoine notamment) pour confirmer la réalité de leur potentiel de séduction auprès de la gent larvaire.

La protection peut être plus nuisible que le ravageur

S’ils doivent se tenir près de la culture pour optimiser les chances de capter les taupins, les appâts ne doivent pas pour autant concurrencer la culture plus qu’ils ne la protègent. Les questions d’implantation et de destruction des compagnes ont donc leur importance. L’institut conseille «d’appliquer les grains en plein, par exemple avec un semoir centrifuge, puis de les incorporer dans la couche superficielle (sur 10-15 cm de profondeur) au cours des dernières préparations du sol.» C’est ainsi que les larves de taupins qui remonteront des couches plus profondes du sol «devraient rencontrer les plantes appâts.» La destruction des appâts (avant qu’elles ne concurrencent le maïs cultivé) «se fera avec l’application de cycloxydime au stade 3-4 feuilles, dans le cas d’un mélange intégrant du maïs» et la culture devra être tolérante à cette substance active. Dans le cas d’appâts constitués de blé ou d’orge, la destruction intègre le cadre d’une stratégie de désherbage plus classique.

En alternative, pour des itinéraires bio par exemple, le réseau cuma avec Corteva a aussi mené des essais qui intègrent une intervention mécanique pour la destruction. La méthode impose de placer les leurres sur une ligne distincte et a donné des premiers résultats encourageants, notamment avec de l’avoine pure. Du côté des insecticides micro-granulés enfin, l’institut du végétal profite de la saison pour rappeler que plusieurs produits sont autorisés et présentent des bons niveaux d’efficacité, si le mode d’emploi précis est respecté, avec «un sol suffisamment humide, un lit de semences bien préparé…» ou encore un diffuseur correctement positionné et adapté. Sur ce sujet encore, les cuma sont mobilisées.