Du « gaz des champs » à Lamballe grâce aux producteurs de porcs

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Du « gaz des champs » à Lamballe grâce aux producteurs de porcs

"Emeraude bio-énergie" est un méthaniseur de grande capacité (156.000 T/an) qui fonctionnera exclusivement à partir de déchets issus des sites de production et élevages des adhérents de la Cooperl et qui ne nécessitera aucun épandage après traitement des déchets.

La Cooperl, numéro un du porc en France, a inauguré jeudi à Lamballe un méthaniseur géant qui sera capable de produire dès octobre l'équivalent de 75% de la consommation de gaz domestique de la ville de 13.000 habitants.

Le biogaz produit sur le site (79 millions de kwh/an) sera injecté dans le réseau GRDF et couvrira l’équivalent des besoins de 3.000 logements de 100 m2 environ, a détaillé Franck Porcher, directeur des activités environnementales de la coopérative.

« Emeraude bio-énergie » est un méthaniseur de grande capacité (156.000 T/an) qui fonctionnera exclusivement à partir de déchets issus des sites de production et élevages des adhérents de la Cooperl et qui ne nécessitera aucun épandage après traitement des déchets, contrairement aux installations classiques, a expliqué M. Porcher.

« C’est un outil unique dans sa conception. 100% de ce qui y est mis y est revalorisé, alors que la majorité des méthaniseurs sont avec des plans d’épandage », a assuré M. Porcher. La matière organique sortant du méthaniseur sera valorisée en engrais, et l’azote restant en sulfate d’ammonium. « L’eau qui ressort est pure, soit 100.000 m3 d’eau par an », selon le directeur.

Actuellement, 120 des 2.700 adhérents de Cooperl ont accepté l’installation sur leur élevage d’une technologie qui permet une séparation liquide/solide des effluents et facilite leur collecte pour alimenter le méthaniseur.

Selon le directeur de la coopérative, Emmanuel Commault, l’investissement pour le méthaniseur s’élève à 17 millions d’euros, dont 2,2 millions d’aides publiques. « On peut réenvisager un développement (de la filière porcine en France) en prenant totalement en compte l’exigence environnementale », a estimé M. Commault.

Parmi les autres projets en développement de la Cooperl, une unité de production de micro-algues, ainsi qu’une usine de biocarburants. Celle-ci devrait permettre de produire 10 millions de litres de biodiesel par an et d’alimenter dès 2021 l’ensemble de la flotte de la coopérative.

« Le mot « déchets » ne doit plus exister (…). Tout se transforme. Ce qu’on veut, c’est créer de la valeur », a résumé Franck Porcher.

Créée en 1966, la Cooperl, dont le siège est à Lamballe, compte 7.000 salariés sur 25 sites de production en France. En 2018, son chiffre d’affaires s’est élévé à 2,3 milliards d’euros.

En 2013, elle a créé deux filiales en Russie et en Chine. Un méthaniseur-pilote, dix fois plus petit que celui de Lamballe, avait été mis en oeuvre en 2016 en Chine par la Cooperl dans sa ferme d’animaux reproducteurs, à Linzhou, dans le Henan.