Le groupe, la force des Brésiliens

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Le groupe, la force des Brésiliens

Exploitation maraîchère près de Rio.

Au Brésil, l’organisation des producteurs en groupes, pas toujours aussi formels qu’en Europe, leur permet de devenir visibles dans un pays où l’accès à la terre est source de tensions.

Des coopératives, l’histoire a laissé une mauvaise image aux agriculteurs brésiliens. Au sortir de la dictature en 1985, le pays comptait des coopératives agricoles, « la plupart du temps instrumentalisées dans le but de faire taire les revendications, en l’échange de services », explique Gilles Maréchal, fondateur de l’association Acteurs dans le monde agricole et rural (Amar-Brésil). Cette ONG rennaise travaille avec les associations de petits producteurs vivriers de l’Etat de Rio de Janeiro, pour qu’ils s’organisent démocratiquement et se fassent entendre des décideurs. Amar-Brésil agit main dans la main avec des associations et mouvements sociaux de l’état de Rio de Janeiro.

Amar travaille depuis fin des années 1980 sur l’accès à la terre, question brûlante dans ce pays gigantesque (15 fois la France) où, héritage d’un système latifundiste colonial, moins d’un pour cent des propriétaires possède 43 % de la surface rurale. C’est sur ce terreau que s’est développé le Mouvement des paysans Sans-Terre, qui lutte notamment pour une redistribution plus équitable des terres. « Ces luttes étaient peu organisées en matière d’économie et de techniques agricoles. Or, au bout du compte, il faut que les agriculteurs qui ont retrouvé une terre vivent de leur travail. »

Groupes informels

Moins d’un pour cent des propriétaires possède 43 % de la surface rurale.

L’accès à la terre est une question épineuse. Moins d’un pour cent des propriétaires possède 43 % de la surface rurale.

Si les coopératives ont un temps perdu les grâces du monde paysan, « un peu partout, se sont constituées des associations de producteurs, par exemple pour la production de plants, l’achat d’un camion, mais aussi pour gérer les activités sociales », explique Gilles Maréchal. Peu à peu, au fil des années 90, certaines associations se sont réapproprié le titre de « coopérative », et se sont restructurées.

Á Rio, un projet emblématique des revendications a vu le jour, indique le fondateur d’Amar-Brésil : « Au départ, quatre ou cinq coopératives ont demandé un espace de vente au Marché de gros. Quand elle a compris que les coop demandaient l’autogestion de cet espace, la direction a d’abord refusé, pensant que les producteurs n’en étaient pas capables. Les coop ont lutté et obtenu ce qu’elles voulaient vers 1995. Après quelques difficultés, l’espace est autogéré par l’union des coopératives », qui regroupait dès le début des années 2010 plus de 130 structures (qui pour la plupart préfèrent l’appellation d’association), soit 10 000 familles, et ont créé d’autres points de vente.

Kiosque Bresil

Kiosque de vente directe à Seropedica inspiré du magasin Brin d’herbe.

Un autre exemple de structuration en zone rurale : « « La coopérative Coopaterra regroupe 3 communautés du Mouvement des Sans-Terre. Celle qui accueille le siège de la coopérative, nommée Terra Prometida », à traduire par Terre promise. Cette coopérative a accueilli cet été des jeunes français venus pour « échanger et comprendre la situation des agriculteurs familiaux. Ils ont aussi contribué à une œuvre utile. Ils ont construit avec la coopérative une « cuisine communautaire » permettant d’éplucher le manioc. », explique le président d’Amar Brésil qui leur avait présenté le projet. Leur témoignage sera à retrouver sur Entraid.com dans les prochains jours.

Des Quilombos aux Sans-Terre, l’agriculture de groupe au Brésil

Les Sans-Terre occupent aujourd’hui des terres privées non-cultivées et décident du degré de collectivisation du campement, qui peut aller jusqu’au partage des terres, du travail, des moyens de production et de commercialisation.

Pour aller plus loin, l’agriculture brésilienne en chiffres :

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