Redorer le blason de la coopération!

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Redorer le blason de la coopération!

Le développement des coopératives ne doit pas compromettre leur ancrage territorial et l’implication active de leurs associés coopérateurs.

Quelques signaux brouillent l’image des coops. Le «guide de Gouvernance» publié par Coop de France édicte plusieurs recommandations, garantes du respect des principes fondateurs de la coopération agricole.

Baisse de performance?

Le solde commercial de la branche agricole et agro-alimentaire française connaît une baisse tendancielle. Et ceci, malgré la hausse de 2018 qui rattrape le mauvais résultat de 2017, selon Dominique Chargé, le nouveau président de Coop de France, et Arnaud Dugoulet, président de Coop de France agroalimentaire. Les entreprises françaises ne parviennent pas à s’imposer à l’export sur les produits d’entrée et de moyenne gammes.

Sur le marché intérieur, les négociations commerciales menée début 2019, ont été tendues. «Pour ¾ des coopératives, l’entrée en négociation a ainsi porté directement sur une demande de déflation», rapportent les responsables de Coop de France qui relatent aussi les menaces de déférencement partiel ou total… Dans ce contexte, l’ensemble des coopératives agricoles observe en 2018, une pause dans leur croissance.

Gouvernance controversée?

Les fortes dissensions apparues dans le groupe sucrier Terréos ont fait l’effet d’un coup de tonnerre dans le monde de la coopération agricole, jusque dans la sphère politique. Dans son guide de la gouvernance, les élus de Coop de France réaffirment la nature foncièrement démocratique de la coopérative.

Dans les faits, la plupart des coopératives agricoles applique la règle de vote : «une personne, une voix». Plus rares sont les coopératives qui fonctionnent selon un système de pondération des voix lié avec l’activité de la coopérative. Coop de France rappelle que cette pondération ne peut pas se faire en fonction des pourcentages de détention du capital et qu’elle est plafonnée en voix à l’AG.

Eloignement du terrain?

A force de fusions et d’acquisitions successives, certaines coops s’étendent désormais sur de très vastes contrées. Comment dans ces conditions faire vivre «l’ancrage territorial» alors que les centres de décision deviennent éloignés? Ajoutons que la notion de circonscription territoriale rattachée à l’existence juridique d’une coopérative, n’empêche pas la présence sur un même périmètre géographique d’autres coopératives qui font le même métier, au risque de se concurrencer…

Dans ce contexte, Coop de France plaide en faveur de la mise en place d’assemblées de section territoriales pour les grosses coops. Celles-ci garantissent l’écoute des associés et de leurs besoins de manière à renforcer l’attachement à «leur» coopérative.

Folie des grandeurs ou développement porteur?

Alors que certaines coops restent cantonnées à leur territoire, d’autres telles que Agrial, coop polyvalente basée à Caen, se développent sur l’Hexagone et même à l’international. En 2018, le groupe a fait l’acquisition (via une filiale) d’une entreprise cidrière au Royaume-Uni et du numéro 1 allemand du fromage de chèvre.

Pour les responsables de Coop de France, il n’existe pas un seul modèle coopératif. Chacun a sa place. Néanmoins, ils reconnaissent que les phénomènes de fusions devraient vraisemblablement se poursuivre dans un contexte mondial où les coops étrangères sont souvent plus importantes. Ainsi, Agrial figure en 2e place des groupes coopératifs français avec un CA consolidé de 5,495 milliards d’euros. Mais il n’arrive seulement qu’à la 10e place à l’échelle européenne. Une constante demeure: quelle que soit la stratégie, les coopérateurs veulent légitimement que leurs produits soient durablement payés correctement!

Sociétés privées ou filiales de coop?

La présence dans un territoire de deux entreprises exerçant dans le même secteur de collecte-approvisionnement, l’une étant une entreprise privée filiale de l’autre qui est une coopérative, peut troubler les agriculteurs.

Dans un avis de 2016, le HCCA précise que «cette concurrence apparaît d’autant plus discutable que la filiale négoce a le plus souvent fait l’objet d’une acquisition avec les fonds propres de la coopérative constituée par les générations d’associés coopérateurs». C’est pourquoi le Haut conseil de la coopération agricole recommandent clairement que «les conditions appliquées aux adhérents soient, après ristournes, supérieures (ou à minimum égales), aux conditions proposées aux clients de la filiales …»

Des coops banalisées?

Le fonctionnement et l’organigramme des groupes coopératifs peuvent sembler complexes pour les coopérateurs de «base». Et la finalité du projet coopératif échappe parfois aux agriculteurs qui ne font plus guère de distinction entre négoce et coop!

Les chiffres de participation confirment d’ailleurs un manque d’assiduité à la vie coopérative puisque le taux moyen de participation aux assemblées (incluant présents et représentés) est de seulement 47%. Pour remédier à ce défaut d’implication, Coop de France recommande dans son guide de gouvernance plusieurs dispositions.

 

Dominique Chargé, le président nouvellement élu de Coop de France, et Arnaud Degoulet, président Coop de France Agroalimentaire.

Plusieurs recommandations

  • Envoi des informations en amont de l’assemblée, aux associés coopérateurs
  • Présentation didactique des comptes pour leur bonne compréhension
  • Formalisation des procédures de représentation des coopérateurs et du fonctionnement des instances dirigeantes (ex : instauration du vote à bulletin secret pour certaines décisions)
  • Vigilance sur la représentativité du conseil d’administration de manière à garantir un renouvellement régulier (ex : fixation d’une limite d’âge), l’ouverture aux jeunes et aux femmes, élargie éventuellement aux salariés
  • Aide à la prise de décision avec la mise en place éventuelle d’un comité d’audit et de rémunération composé d’administrateurs et pourquoi pas de personnalités extérieurs, capables d’appréhender la maîtrise des risques.

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