Pourquoi intégrer un aliment toasté dans la ration ?

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Pourquoi intégrer un aliment toasté dans la ration ?

Le toaster de la cuma Terr'Eau (Nièvre) peut traiter du soja, de la féverole ou du lupin.

Le toastage des protéagineux était au coeur de l'AG de Cuma Bourgogne-Franche-Comté le 21 janvier dernier. Comment ça marche et quel(s) intérêt(s) ? Eléments de réponse.

La fédération Cuma Bourgogne-Franche-Comté tenait son assemblée générale le 21 janvier. Principal temps fort de cet évènement, la table ronde consacrée au toastage des protéagineux. Et plus précisément, l’intérêt d’intégrer un aliment toasté dans la ration. En outre, cette discussion s’appuyait notamment sur l’expérience de la cuma Terr’Eau, qui a investi dans un toasteur de protéagineux en 2019. Ainsi, en 2020, la cuma Terr’Eau a toasté 300 tonnes de protéagineux.

Intégrer un aliment toasté dans la ration : un intérêt économique

En complément, Denis Chapuis (conseiller laitier expérimentation et nutrition à la Chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire) et Marc Didienne (consultant en nutrition animale) apportaient leur expertise au débat. Un des premiers arguments est l’intérêt économique du toastage des protéagineux. En effet, les experts ont souligné des prix de tourteaux à des niveaux rarement atteints. Ainsi, l’autonomie alimentaire des exploitations agricoles prend ici tout son sens. Via leur affranchissement du prix marché et des hausses du prix des tourteaux. En outre, le coût du toastage des protéagineux par la cuma Terr’Eau s’affiche à 110 €/h. En prenant en compte le débit de chantier du toasteur (2 à 2,5 t/h), on obtient un coût de 50 à 55 €/t.

Par ailleurs, l’expérience montre que la production laitière reste stable lors de l’intégration d’aliment toasté dans la ration des vaches. Les experts précisent qu’il y a un léger recul des taux lié à une baisse de la méthionine. Cependant ces derniers sont compensés par les économies sur le coût de l’alimentation. De plus, ils soulignent l’appétence, qualifiée de très bonne tant pour la féverole que le soja.

Au service d’un développement des cultures riches en protéines

Ensuite, rappelons que les graines de protéagineux contiennent des facteurs anti-nutritionnels. Ces derniers sont gênants pour les monogastriques à court terme, mais aussi pour les bovins à long terme. Le toastage permet de détruire les facteurs anti-nutritionnels.

Concernant la conservation des aliments toastés, le processus descend l’humidité de la graine à 8%. « Il n’y a ni problème de conservation, ni problème de colmatage lors de la distribution », précise Hervé Mouron (président de la cuma Terr’Eau).

Enfin, il y a aussi un intérêt écologique du toastage des protéagineux. En effet, la valorisation d’une production locale du soja impactera favorablement le bilan carbone de la production de lait et de viande. Même si le toasteur consomme du Gnr pour chauffer la graine à 280°C.

A lire sur cette thématique :

Toaster collectif pour gagner en autonomie alimentaire.

Soja : toaster pour une alimentation de qualité.

Un toaster de soja pour les filières tracées. (Vidéo).

Le projet de toaster se poursuit en Dordogne

D’abord un problème de production de la graine

Finalement, ce n’est pas la valorisation de l’aliment toasté qui pose problème. Mais plutôt la production de la graine en elle-même. Notamment dans le cas du soja. En effet, selon les premières estimations, il faudrait des rendements supérieurs à 25 q/ha pour que la production des graines restent intéressante. La table ronde a mis en évidence deux freins à lever. D’une part un frein culturel : le soja reste une culture complexe. Comment l’intégrer dans la rotation ? Et d’autre part, il y a un facteur limitant non négligeable : l’eau. La région a connu plusieurs sécheresses importantes ces dernières années.

Ainsi, il faudrait une réflexion au niveau régional. Une mise en relation entre les céréaliers et les éleveurs. Les premiers produisant les graines à destination des seconds.

2020 : année de recrutement et de dynamisme

Autre temps fort de cette AG de Cuma BFC, le bilan de l’année 2020. Au-delà du contexte sanitaire, l’année 2020 fût marquée par un développement des moyens humains de la fédération, avec plusieurs recrutements. Sur cette période, la fédération note aussi une augmentation des appuis administratifs, avec par exemple 124 dossiers PCAE instruits.

Quelques autres chiffres concernant les prestations de l’équipe : 12 constitutions de cuma, 5 formations Vivea, 18 DiNA cuma, 17 dissolutions de cuma, accompagnement de 253 AG de cuma, ou encore 684 prestations de conseils divers et d’accompagnement.

Dans son rapport d’orientation, Hervé Delacroix (président de Cuma BFC) a souligné le dynamisme du réseau cuma dans une période troublée et difficile. En effet, si l’agriculture a été relativement épargnée par la crise sanitaire (en comparaison des autres secteurs industriels), l’agriculture régionale a souffert par ailleurs (sécheresse, prix, etc). Il a aussi souligné la réussite de la fusion, avec une gouvernance proche du terrain grâce aux référents.

Retour sur quelques temps forts de la fédération :

Les cuma fortement représentées à Tech&Bio 2020.

Stratégie : faire passer les cuma en mode projet.

Sécheresse : une journée de formation sur l’entretien des prairies.

Essai du JCB Teslecopic 532-70 par la cuma de la Saône et du Planey. (Vidéo).