[Interview de Stéphane Le Foll] Une agriculture d’investisseurs serait catastrophique

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[Interview de Stéphane Le Foll] Une agriculture d’investisseurs serait catastrophique

La financiarisation de l’agriculture est-elle en marche ? Doit-on se féliciter d’une telle acquisition par un investisseur étranger ?

Stéphane Le Foll demande qu’une expertise juridique soit réalisée dans les plus brefs délais pour éviter que des capitaux étrangers s'emparent en masse du foncier agricole. Les conséquences sur le long terme seraient catastrophiques.

Interviewé par la rédaction d’Entraid, Stéphane Le Foll juge la situation préoccupante. Début avril 2016, l’AFP (Agence France Presse) a révélé qu’un groupe chinois Hongyang venait d’acquérir dans l’Indre 1700 hectares de terres agricoles. Cette opération laisse le secteur agricole sans voix.

«Nous sommes sur un sujet extrêmement sensible qui prend une dimension totalement nouvelle. Je vais demander une expertise juridique pour que les SAFER puissent agir là où elles ne peuvent pas» explique Stéphane Le Foll, en rappelant que dans le cadre de la loi d’avenir il avait cherché à donner le maximum de moyens aux SAFER pour qu’elles assurent leur droit de préemption. Selon le ministre de l’Agriculture, il reste maintenant à traiter la question des formes sociétaires afin d’éviter que ce type d’opération puisse se reproduire.

Catastrophique pour l’agriculture

Derrière tout ça, c’est le projet agricole français dont il est véritablement question. L’agriculture laissera-t-elle les investisseurs prendre le contrôle de la production et du développement agricole ces prochaines années ? Pour le ministre, «ce n’est pas l’avenir de l’agriculture».

«Pour pérenniser l’activité agricole, ce qu’il y a de plus solide et de plus durable, c’est l’engagement des hommes et des femmes qui sont attachés au métier d’agriculteur. L’agriculture a des cycles de vie économique qui sont extrêmement difficiles. Et si vous êtes uniquement dans une logique d’investisseur avec un besoin de rentabiliser le capital investi, vous prenez un risque». Celui de voir les investisseurs se désengager lorsque le capital n’est pas suffisamment rentable. «Et ça serait catastrophique pour l’agriculture» rétorque le ministre. «C’est pourquoi le maintien des agriculteurs est essentiel. Car eux assument cette part du risque de la volatilité du prix. Et grâce à cet engagement, on peut assurer la durabilité de la production agricole».

Les SAFER considèrent à ce sujet que «c’est une remise en cause totale de l’agriculture française fondée sur l’entreprise familiale (maîtrise des capitaux et prise de décision par l’exploitant et sa famille), source d’une production diversifiée et de qualité, d’emploi et de valeur ajoutée pour les territoires».

10 000 fermes

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Stéphane Le Foll déplore aussi que les prix d’achat des terres ont été très élevés, «ce qui a pour conséquence à terme d’augmenter le coût du foncier et donc l’accessibilité au métier d’agriculteur».

Dans la suite de cette interview, Stéphane Le Foll aborde également la baisse du nombre d’agriculteurs sur le territoire. A quand une agriculture française reposant uniquement sur 10 000 exploitations ? Quid de l’agriculture collective ? Il fait ainsi part de son regard sur l’évolution de l’agriculture française, tout en rappelant son attachement aux initiatives de groupes et à l’importance de partager les coûts des investissements liés au développement agricole et à la modernisation des structures.


Cet article complète l’édition mensuelle d’Entraid de mai 2016.

Pour consulter son sommaire cliquez sur : Ca déménage en mai 

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