Penser la sécurité… entre agriculteurs

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Penser la sécurité… entre agriculteurs

Dans le Jura, la cuma des Trois communes a mis en place une journée dédiée à la sécurité. Cette séquence est un moment important de la vie du groupe et permet à chacun d’apprendre ou de transmettre. En bref, de se former.

Qui dit que sécurité ne rime pas avec convivialité? Nicolas Clerc et Alexandre Camuset, respectivement président et trésorier de la cuma jurassienne des Trois communes, ne se doutaient pas qu’ils arriveraient à conjuguer les deux.

Et pourtant! Les résultats sont là. Chaque printemps, plus de la moitié des adhérents font le déplacement pour participer à cette séquence. Ils vont contribuer, par petits groupes de trois ou quatre, à entretenir et réparer les dispositifs de sécurité des matériels de la cuma. Mais aussi échanger, partager des savoir-faire, des idées… et un repas ensemble.

«Quinze jours avant, deux responsables font le tour des matériels sur les communes où ils sont stockés. Ils font aussi l’état des lieux des petits matériels à acheter, répertorient tout ce qu’il y a à faire», indique Nicolas Clerc.

Clignotants

Les priorités? L’éclairage, la signalisation et les cardans, notamment pour la dizaine de matériels roulants de la cuma. «Dans notre région d’élevage, le parcellaire est très morcelé, explique le président. Et l’été, en plus de nos activités d’élevage, nous faisons beaucoup de transport de paille.» L’hiver, «il y a aussi beaucoup de brouillard», ajoute le trésorier, Alexandre Camuset.

S’ajoute la prise en compte de la sécurité des salariés. «Nous en avons sur nos exploitations, ou en commun. Nous faisons appel au service de remplacement ou à des stagiaires… Cela nous paraissait important de régler cette problématique.» Il faut aussi souligner que la responsabilité du président peut être engagée.

Les dispositifs de signalisation comme les clignotants font donc l’objet d’une attention particulière. «Avec l’humidité, ils sont particulièrement soumis à la corrosion», note Alexandre Camuset. «Ces équipements sont d’une bien moindre qualité sur nos matériels que sur les camions, par exemple», complète Nicolas Clerc.

Outillage et compétence

Les adhérents, parfois rejoints par des salariés d’exploitations, se rencontrent donc vers 9h30 sur une exploitation centrale, bien équipée. Les matériels sont déjà sortis dans la cour lorsque les participants arrivent. Chacun amène «tout ce qu’il a de plus performant, en termes d’outillage». Mais aussi, «des compétences! Nous avons de bons électriciens. D’autres sont meilleurs en soudure ou s’y connaissent en mécanique…»

Le travail fourni à l’occasion de cette journée «amène une énorme tranquillité d’esprit aux chauffeurs des matériels», s’accordent les responsables.

«Et certains retiennent des informations. Il nous est arrivé de refaire complètement le chemin électrique sur une benne. Au-delà des dispositifs de sécurité, nous parlons aussi de fonctionnement. Par exemple comment positionner la chaînette sur le cardan. Tout le monde est bien volontaire», note Nicolas Clerc.

Les premières journées ont été essentiellement dédiées aux cordons d’alimentation électriques arrachés entre tracteurs et matériels roulants. Un problème réglé grâce à une solution mise en place au cours de ces séquences. «Dans l’année suivant l’achat d’un matériel roulant, nous renforçons une prise femelle sur le châssis à l’aide d’un petit boîtier métallique. Nous avons équipé chaque adhérents d’un cordon mâle-mâle de bonne qualité.» Les convois ainsi équipés, même en cas d’arrachement du cordon, sont rendus opérationnels rapidement par l’adhérent suivant.

Ce problème réglé, «nous commençons à aller travailler ‘dans les coins’ et pouvons nous accorder une vraie pause pour le déjeuner», plaisante le président. Même si, tempère son trésorier, «la journée reste très intense, nous essayons d’avoir couvert le maximum de sujets avant midi».

Penser sécurité tous ensemble

Pour lui, «c’est très intéressant de penser la sécurité tous ensemble plutôt que chacun de son côté». «Cela nous permet de maintenir et même d’approfondir l’investissement des adhérents dans la cuma, approuve Nicolas Clerc. Le niveau de confiance grandit. Nous pouvons échanger et discuter sur de nombreux sujets pas vraiment abordés pendant les réunions.» «Nous recueillons aussi le point de vue des autres agriculteurs, leurs besoins et même des idées d’investissements, résume Alexandre Camuset. Cela dépasse parfois même le cadre de la cuma.»