La « Ferme France »: un rebond mais un modèle en question

Partager sur

La « Ferme France »: un rebond mais un modèle en question

La contribution de la branche agricole au Produit intérieur brut français devrait être en hausse en 2018 pour la deuxième année consécutive après la crise de 2016, à 6,7% du PIB.

Malgré un été terriblement sec, les revenus de l'agriculture française ont rebondi en 2018. Mais cela cache, chez les éleveurs comme les céréaliers, de nombreuses questions sur l'avenir de son modèle et la pérennité des exploitations.

Leader européen et part de marché stabilisée

La « ferme France » a conservé en 2018 son statut de leader européen: avec une production, tous secteurs confondus, estimée à 73 milliards d’euros, elle devance nettement l’Allemagne (56 milliards) et l’Italie (51 milliards) sur le podium européen.

Elle a surtout stabilisé sa part de marché sur l’échiquier communautaire, de 16,8% en 2017 à 16,9% en 2018, alors qu’elle reculait dangereusement depuis quelques années, avec notamment une année 2016 catastrophique, encore dans tous les esprits.

En termes de surfaces agricoles, la France est également au premier rang avec près de 30 millions d’hectares.

Les exportations de produits agricoles et produits agroalimentaires ont représenté 6,6 milliards d’euros d’excédent commercial, contre 5,8 milliards en 2017, inversant la courbe par rapport aux années précédentes plombées par de mauvaises récoltes de céréales.

Contribution en progression au PIB français

La contribution de la branche agricole au Produit intérieur brut français devrait être en hausse en 2018 pour la deuxième année consécutive après la crise de 2016, à 6,7% du PIB.

La valeur de la production agricole, hors subventions sur les produits, continue d’augmenter (+4,7% après +3,2% l’année précédente). Cependant, après quatre années de baisse, les charges des agriculteurs repartent à la hausse (+1,7%) en raison de la remontée des prix de l’énergie, en particulier des carburants, souligne l’Insee.

Eleveurs en souffrance, cultures plombées par la sécheresse

La valeur des productions animales décroît de 1,2%, sous l’effet de la chute des prix du porc de 12,4%, après deux années de hausse soutenue.

Les productions végétales rebondissent quant à elles de 2,2%, principalement grâce à la hausse du volume de vin (+28,5%), seule production végétale en croissance.

Les conditions climatiques, en particulier la sécheresse estivale, ont en effet pesé sur les rendements des céréales, mais aussi des fruits et légumes. Cela a fait monter les cours, mais dans de nombreux cas (abricots, cerise, courgettes) cette hausse des prix a été insuffisante pour combler la perte de production.

La sécheresse a également touché la production laitière, faute d’herbe pour nourrir les vaches: au mois d’octobre 2018, la collecte affichait ainsi un repli de 3,7% par rapport à octobre 2017. En revanche, comme les maraîchers, les éleveurs laitiers ont vu les cours remonter.

Baisse des défaillances mais inquiétudes pour la relève

Globalement, la conjoncture est meilleure: le nombre de défaillances d’entreprises a fortement baissé en 2018. A fin novembre, il était en recul de 8%.

Mais le nombre d’agriculteurs reste en baisse continue, de 1,5% à 2% par an. Ils étaient ainsi 448.500 en 2018, contre 514.000 dix ans auparavant, selon les chiffres de la mutualité sociale agricole (MSA) qui invoque l’extension de la taille moyenne des exploitations et le développement de l’urbanisation et des forêts.

Et le phénomène semble loin de devoir s’arrêter, entre les incertitudes économiques, avec des exploitations fragiles, des revenus chétifs, une trésorerie maigrelette, et un sentiment de dénigrement systématique: certains observateurs évoquent une montée des retraites anticipées chez les seniors et une chute des vocations chez les jeunes. Un phénomène inquiétant, alors que plus de 50% des agriculteurs ont aujourd’hui plus de 50 ans, et vont prochainement prendre leur retraite.

Sources: Agreste, Insee, Eurostat, ministère de l’Agriculture, MSA.