Transmettre la cuma à la génération suivante

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Transmettre la cuma à la génération suivante

Transmission de l'outil cuma: un itinéraire pas forcément fléché!

Il n'est pas rare qu'une cuma soit l'émanation d'un groupe de copains plus ou moins du même âge, qui, par conséquent, arrivent ensemble à l'âge de la retraite. Se pose alors la question de la transmission à la génération suivante et de ses modalités.

Passer le relais aux jeunes. Pendant longtemps, à la cuma La Marguerite, à Meyras (Ardèche), la question ne s’est pas posée. Le même président est resté pendant près de 18 ans et tout le monde était satisfait. «Les fondateurs, qui sont de la génération du retour à la terre des années 70, se sont rendu compte trop tard qu’ils n’avaient pas fait entrer de jeunes au bureau», raconte Benoît Bresse, le président actuel. Par conséquent, «les quadragénaires étant peu impliqués, on a presque sauté une génération».

Sur la transmission des responsabilités, il n’y a pas eu de problème, puisque l’équipe sortante était prête à laisser la place. Président depuis six mois, Benoît Bresse peut compter sur l’aide et l’expérience de l’ancien président, avec qui tout se passe bien. Et si devenir président de sa cuma fait un peu peur, «il faut s’y mettre», conclut-il.

Des disparités de besoins entre générations

Créée en 1983, la cuma La Marguerite est presque l’addition de deux cuma. Elle regroupe en effet des éleveurs et des arboriculteurs, qui n’ont pas les mêmes besoins. Il y a donc deux groupes entre lesquels il y a peu d’interconnexions. Pour Benoît Bresse, ce n’est pas un problème. La difficulté réside plutôt dans la disparité des visions d’une génération à l’autre. Les jeunes ne veulent pas entrer dans une cuma de «vieux» par peur que ces derniers refusent d’investir. Il faut donc travailler pour les convaincre que ce n’est pas le cas.

Benoit Bresse, nouveau président de la cuma de Marguerite: « Les jeunes ne veulent pas entrer dans une cuma de ‘vieux’, par peur que ces derniers refusent d’investir. Il faut donc travailler pour les convaincre que ce n’est pas le cas. »

Benoît Bresse aimerait ouvrir la cuma aux exploitants du sud de l’Ardèche. D’autant plus que certains, qui ont des fermes éloignées, se trouvent voisins en montagne. Avoir du matériel en commun et se grouper pour l’utiliser peut donc être intéressant. Il mise pour cela sur l’investissement (achat d’une herse de prairie, d’un épandeur à fumier, d’un épandeur d’engrais) et la diversification. Convaincre qu’il n’y a pas que l’arboriculture qui peut avoir besoin de matériel, travailler en inter-cuma pour avoir accès à du matériel plus gros (épareuse ou pelle mécanique)… Il ne manque pas d’idées.

Quand les jeunes sont moteur

A la cuma de Soyans (Drôme), les jeunes ont poussé au changement, via une remise à plat de son fonctionnement. Cette équipe d’âges diversifiés était organisée depuis longtemps autour d’une moissonneuse, qui servait de moins en moins. Guillaume Emery, son président actuel, a réclamé un bilan qui a montré que son coût était devenu excessif. Cette démarche ayant précipité la décision de l’ancien président de passer le relais, il s’est un peu trouvé dans l’obligation de se proposer pour le remplacer. Un DiNA, réalisé en 2017, a permis de préparer la transmission.

Parce qu’il tient à «l’outil cuma», Guillaume Emery exprime une vraie volonté de redynamiser l’équipe. Néanmoins, «pour que ça marche, il faut une volonté de tout le monde de faire perdurer la cuma», dit-il. Pour le moment, le matériel est seulement renouvelé mais «c’est un peu juste pour garder le dynamisme». L’achat d’un tracteur ne lui semble pas envisageable parce qu’il y a trop de distances entre les adhérents, géographiquement et humainement. Même si les adhérents s’entendent bien, ils n’ont pas l’habitude de travailler ensemble ou de mutualiser, par exemple. Pour Guillaume Emery, «ce sont des habitudes historiques, il est difficile Entraidde revenir en arrière». La possibilité nouvelle d’être groupement d’employeurs pourrait être une piste.