Landes Béarn Pays Basque: activité au top, vigilance de mise

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Landes Béarn Pays Basque: activité au top, vigilance de mise

La dynamique des cuma ne doit pas masquer l’urgence, a souligné le président de la fédération des cuma Landes Béarn Pays Basque, Jean-Luc Broca: “Nous nous posons beaucoup de questions sur la réorganisation de l'agriculture."

Formule vitaminée pour la fdcuma Landes Béarn Pays Basque, qui avait choisi d’alléger son assemblée générale, axée sur trois témoignages vidéo concrets et une table-ronde percutante. Au-delà du réseau des cuma, dont l'activité bouillonne, l’équipe se questionne sur l’avenir de l’agriculture.

« Il est rare de voir une profession s’interroger autant sur les mutations qu’elle traverse »: coup de chapeau du vice-président de la région Nouvelle-Aquitaine, Bernard Uthurry.

Une dynamique qui ne doit pas masquer l’urgence, a souligné le président de la fédération des cuma Landes Béarn Pays Basque, Jean-Luc Broca: “Nous nous posons beaucoup de questions sur la réorganisation de l’agriculture sur nos territoires. Nous avons besoin d’avoir l’avis de nos adhérents.”

Le vice-président de la fédération, Fabrice Casteraa, confirmait en interrogeant la salle: “Notre réseau travaille sur la durabilité, le long terme. Mais il y a des trains à ne pas rater, comme la réorganisation de la collecte des céréales ou la recomposition du maillage des cuma sur le territoire. Les cuma ont peu de temps pour s’y adapter. Sommes-nous assez réactifs? Va-t-on subir sans rien faire ou prendre les choses en main?”

Les responsables de la fdcuma640 s'interrogent sur l'avenir de l'agriculture.

Jean-Luc Broca, le président de la fédération des cuma 640 au premier plan, et son vice-président Fabrice Casteraa.

 

Les nombreux partenaires ont salué l’action de l’équipe de la fédérations, portée par les élus et les salariés.

Forte consolidation du réseau

Et les chiffres parlent d’eux-mêmes:

Des investissements en forte hausse, avec 12,1M€ investis en 2019 (+18% par rapport à 2018). Les aides, fournies par la Région, le fonds européen Feader et les départements, ont atteint 1,5M€ (soit 50% de plus que l’année précédente). Avec sans doute un rattrapage par rapport à l’année 2018 plombée par la grippe aviaire.

Avec également 4,5% d’adhérents en plus dans les cuma: ils passent de 11.000 à 11.550, malgré la chute des actifs agricoles. “Ce sont les activités innovantes ou spécifiques qui mobilisent, liées à l’agroécologie ou l’autonomie alimentaire par exemple”, a souligné le directeur Richard Finot.

Et des créations d’emploi en hausse:  le territoire compte 102 cuma employeur de main-d’œuvre, et 25 groupements d’employeurs. Cela représente 104 emplois en CDI (+7 par rapport à 2018), dont 15 apprentis (+9) et 647 CDD (+155, avec notamment des GE en filière kiwi).

Echanges

Maryline Beyris, conseillère régionale et agricultrice, a également salué le travail des cuma et de leur réseau sur le terrain. Elle a toutefois souhaité repréciser certains points: “Le collectif fait bien l’objet de dérogations et de critères spécifiques par rapport aux investissements individuels”, a-t-elle souligné. “Par ailleurs, les matériels deviennent de plus en plus importants et chers, il va falloir faire attention, car les annuités s’envolent aussi, les enveloppes deviennent très importantes” a-t-elle mis en garde.

Maryline Beyris s'interroge sur l'avenir de l'agriculture

Maryline Beyris, conseillère régionale Nouvelle Aquitaine et agricultrice.

 

Arguments discutés par le président de la fédération: “Nous voyons des consommations d’enveloppes sur certaines filières plus importantes (en individuel, ndlr) que sur le collectif, nous vous demandons d’alerter les services”, a ainsi réagi Jean-Luc Broca. “Et la fédération accompagne les exploitations familiales, qui portent parfois des projets d’envergure, comme c’est le cas sur les séchoirs ou les remorques.”

Des projets d’envergure nécessaires, souvent liés à l’agroécologie, qui doivent être négociés finement si l’on souhaite que les exploitations familiales fassent partie du paysage à l’avenir, a souligné son vice-président Fabrice Casteraa. Ce à quoi madame Beyris a répondu en évoquant le projet NeoTerra porté par la Région.

Pour appuyer ce point de vue, l’équipe de la Fdcuma640 a choisi de projeter trois témoignages de cumistes en vidéo, histoire d’alimenter le débat.

Cuma kiwi ‘nouvelle vague’

Tout d’abord celui des responsables de la toute jeune cuma des Gaves-Arrigan, créée en novembre 2019 par quatre amis et présidée par Sébastien Vergès. Après s’être lancés dans la filière kiwi, ils ont créé leur cuma pour investir dans un broyeur satellite et une nacelle (élagage, pose de filets paragrêle).

La cuma dispose aussi dès le départ d’une activité groupement d’employeurs: un salarié est mis à disposition sur les exploitations. Le groupe, ouvert à de nouveaux adhérents et activités, envisage d’investir dans un tracteur vigneron à cabine pressurisée, un appareil de désherbage mécanique, un atomiseur avec un DPAE, une plate-forme pour le lavage.

“Il existe plus d’un exemple qui va dans ce sens. On voit que l’échelon communal historique des cuma est aujourd’hui remis en question”, a analysé Richard Finot, directeur de la fédération. “Ce nouveau type d’adhérent est prêt à faire quelques kilomètres, et ce en raison, à la fois de démographie agricole qui chute, de la spécialisation des exploitations et des affinités de travail.”

Répondre aux fermetures de silos

Interrogés dans le deuxième vidéo, les responsables des cuma de Montfort en Chalosse et de Poyartin et Montfort se sont organisés pour faire face à la fermeture d’un silo de maïs. Certains adhérents devant désormais parcourir de longues distances pour livrer, cela a créé des soucis de disponibilités des remorques. Certains membres de la cuma de Poyartin adhérant déjà à la batteuse de Montfort, le lien s’est rapidement établi: pourquoi ne pas investir dans une remorque supplémentaire ensemble?

La cuma de Montfort a porté le projet. Aujourd’hui les deux groupes mutualisent leur parc complet de remorques et travaillent avec des tracteurs de puissances adaptées. La coordination de l’activité repose sur un responsable spécifique au moment de la récolte. Les tarifs sont également mutualisés (95ct/km pour les remorques de 16 et 18t, 75ct/km pour celles de 14t et 50ct pour les 12t).

Lors de la dernière campagne, “chaque adhérent a pu être servi en temps et en heure”, se sont réjouis les responsables des deux groupes. “Cette expérience très positive nous permet de nous connaître, et nous envisageons d’évoluer vers d’autres mutualisation d’activités.”

Sécher pour capter la valeur ajoutée

Philippe Jouan et Laurent Galland, respectivement président et vice-président de la cuma de Poey d’Oloron, ont évoqué dans la troisième séquence vidéo la création dune activité de séchage de maïs. Dans cette cuma de polyculteurs-éleveurs, caractérisée par un solide groupe tracteur, de l’intercuma et l’emploi de deux salariés, les cessations d’activités laitières ont fini par toucher le noyau des responsables. Ils se sont donc mis en chasse de solutions pour préserver activité et exploitations.

C’est en voyant circuler de nombreux camions transportant du maïs sec qu’ils ont l’idée de se lancer. En 2016, ils visitent des installations de séchage gersoises, plus nombreuses que dans les Pyrénées-Atlantiques. Rassurés par ce qu’ils voient, et accompagnés par la Fdcuma640, ils proposent le projet à l’ensemble des adhérents de la cuma. “Nous avions une petite demande de maïs localement tracé, l’Ossau Iraty, de par son cahier des charges, va arrêter les produits fermentés et s’oriente vers des produits secs locaux.”

En outre, la demande croît pour “des qualités de maïs que l’on ne retrouve pas partout. C’est-à-dire du maïs séché à basse température. D’où aujourd’hui un d’équipement avec un séchoir basse température.”

L’investissement atteint 800.000€, sans aide. Les 11 adhérents actuels sèchent 3.200t par an, sachant que le séchoir peut aller jusqu’à 5.000. La structure cuma, préexistante, porte le projet. “Au niveau de la commercialisation, chacun est propriétaire de son maïs de par le statut cuma. Certains vendent en direct, d’autres ont choisi de regrouper leur tonnage pour faire un volume global”, indiquent les responsables.

“Nous réfléchissons aujourd’hui à monter une structure de vente qui faciliterait au niveau des acheteurs la répartition et la commercialisation.”

Le résumé de la table-ronde à lire également: « La question du travail fait davantage que se poser, elle s’impose!«