Les expériences collectives fertilisent la culture des légumineuses

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Les expériences collectives fertilisent la culture des légumineuses

Des agriculteurs, des techniciens, des chercheurs, enseignants ou étudiants… ont passé une journée pour poser les bases d’une valorisation des enseignements ressortis du programme Luz’co.

Partout en France, des groupes se sont constitués pour développer la culture de légumineuses fourragères, ou ont au moins tenté. Luz’co en a étudié certains qui font émerger des enseignements marquants et avancer la cause. Une journée de restitution avait lieu cette semaine.

Une adresse: le centre de ressources. Il symbolise trois ans de travail réalisé par les partenaires Luz’co. Il rassemble les enseignements qui en sont issus, en mode prêt-à-valoriser. La culture des légumineuses fourragères, dont on pourrait s’étonner qu’elle soit tombée en désuétude, reprend des couleurs à coup de volontés de plus d’autonomie, d’une meilleure résilience des systèmes économiques ou d’agroécologie. Néanmoins, les freins et menaces à l’origine de leur déclin restent d’actualité. Le réseau des cuma est à la baguette de ce programme, qui met en avant les manières dont les organisations collectives contribuent à lever ces obstacles.

Vers une agriculture empreinte d’autonomie protéique

Lancé à Paris il y a trois ans, le programme Luz’co touche à sa fin. C’est encore dans la capitale que ses acteurs ont donné rendez-vous à ceux que l’autonomie protéique intéresse. Que l’on regarde par la fenêtre des EGA où l’orientation fait plutôt consensus, ou avec le filtre des signes officiels de qualité toujours en vogue, et qui font la part belle aux notions de proximité, de durabilité, et à l’herbe, ou encore par le biais de l’intérêt des services de l’Etat pour un renouveau du soutien à la production de protéines, il apparaît qu’actuellement le sujet a un avenir.

Luz'co. Jérôme Pavie, chef de service Idele

Jérôme Pavie (Idele) souligne que 2009 et 2016 ont rappelé aux éleveurs laitiers que l’autonomie, à défaut d’être nouveau, reste un sujet essentiel à la gestion d’entreprise.

Et en matière de récolte des fourrages protéinés, la voie collective s’affiche comme un moyen de simplifier les choses, en plus de jouer de ses avantages universels (rationaliser les investissements, faire naître et croître les idées potentiellement fructueuses…). «Choisir un système intégrant des légumineuses fourragères conduit à complexifier, et la gestion grâce au collectif est une réponse qui permet d’assumer ce choix», rappelaient les organisateurs dans leur présentation. A partir de la réussite de groupes ayant formalisé une organisation et investi pour récolter ou pour sécher leurs fourrages, leur analyse tire les enseignements et les bonnes recettes pour réussir un projet.

La proximité est une clef

Les bienfaits des légumineuses dans un système de production agricole portant aussi sur l’agronomie, elles intéressent aussi des céréaliers. Pour eux, se pose alors la question de la valorisation. Comment le groupe peut-il encadrer les échanges? Questions auxquelles les études se sont intéressées. «De la version ‘Leboncoin’, au schéma type ‘coopérative qui centralise et redristribue’, nous observons une multitude d’organisations possibles», pour animer une filière territoriale impliquant des céréaliers et des éleveurs, qui bien souvent «doivent commencer par recréer un lien qui n’existe plus», poursuivent Aurélie Garcia-Velasco et Fabien Valorge (Frcuma Ouest). Ils observent que dans tous les cas, la distance géographique est un facteur déterminant de la réussite. Il est déterminant mais loin d’être unique.

Les échecs n’en sont pas

L’association Luzerne Dombes Saône est un des projets suivis à l’origine par Luz’co, qui illustre la difficulté de créer ce genre de filières d’échanges. Définitivement abandonnée en 2017, l’idée se solde par un échec qui n’en est finalement pas un. En effet, la démarche inachevée des agriculteurs a depuis fait l’objet d’un support d’études concret et efficace pour des étudiants de l’EPL de Cibeins. «On apprend des erreurs en analysant les raisons pour lesquelles cela n’a pas fonctionné. En creux, cela sous-entend que nous réfléchissons à ce qu’il faudrait mettre en œuvre pour que cela fonctionne», explique Christian Peltier, doctorant en sciences de l’éducation, impliqué dans le travail construit par l’équipe pédagogique que Brigitte Ringeval représentait. Etudiante en BTS qui a décortiqué l’histoire du groupe, Camille Andrez témoigne de l’intérêt de la démarche: «Au lieu d’être spectateurs, nous avons été acteurs du projet. C’était motivant, et les aspects techniques ont vite été assimilés, car basés sur un cas réel. Et le fait de travailler en groupe pour travailler sur un groupe était intéressant, car nous avons, nous aussi, rencontré des difficultés, et certains ont dû faire des concessions…»

Luz'co. Etudiante de Cibeins et doctorant en sciences de l'enseignement

L’expérience collective propose de nouvelles constructions des enseignements. A l’EPL de Cibeins, c’est un support de formation original, motivan, et prometteur qui a vu le jour sous l’aile du programme Luz’co. Camille Andrez et Christian Peltier en ont présenté la démarche.

Des supports d’apprentissages, les groupes repérés dans le cadre de Luz’co fournissent aussi de l’eau au moulin des propositions politiques nées du terrain. Devant un représentant du ministère de l’Agriculture, Christophe Perrault suggérait quelques orientations et idées qui devraient encourager le développement des légumineuses fourragères. Outre rappeler l’efficacité accrue des dispositifs ciblant les démarches collectives locales, le secrétaire de la fncuma invitait entre autres à «se donner les moyens de mesurer, qualifier et sécuriser le développement des légumineuses fourragères et des coopérations de proximité.»