Les prairies n’attendront pas la fin du confinement

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Les prairies n’attendront pas la fin du confinement

La campagne des ensilages d’herbe s’ouvre. Les cuma doivent faire preuve d’adaptabilité, mais leurs adhérents peuvent continuer de valoriser leur solidarité.

Le pic saisonnier des travaux agricoles débarque alors que la crise sanitaire du Covid 19 limite les contacts humains. A l’instar de la récolte d’herbe, les chantiers qui mobilisent obligatoirement plusieurs opérateurs auront un visage différent cette année.

C’est une campagne d’ensilage étrange à laquelle la cuma de Vancé s’est préparée. Autour du salarié, le chantier de récolte de l’herbe s’organise avec l’entraide entre voisins. Barbara Tiriou, juriste à la Fncuma analyse : les chantiers, de récolte notamment, qui impliquent de l’entraide entre agriculteurs, «sont des activités qui peuvent être poursuivies, car elles entrent dans le cadre des activités agricoles.»

A Vancé, depuis la semaine dernière, «l’ambiance est plutôt morose», relève le président de la cuma sarthoise qui n’aurait déjà plus dû être à ce poste: «Après la dernière assemblée générale, nous avions une réunion des élus, dont je ne fais plus partie», pour désigner un nouveau président. L’actualité a voulu que ce rendez-vous soit remis à une date ultérieure. «J’ai été président plus de 10 ans, je peux bien attendre 2 ou 3 mois de plus», en sourit Pierre Trotin.

Chacun son matériel

Mais dans la prairie et autres champs, l’urgence n’est pas la même. Dans l’est sarthois, «les conditions vont être bonnes cette semaine. Il va bien falloir récolter!» Surtout qu’après la mise en silo des dérobées, les éleveurs devront enchainer avec le semis des maïs. Si les questions d’assurer le chantier, et avec l’indispensable entraide, ne se sont pas posées, les dirigeants du groupe ont tout de même tenu à prévenir les risques: «notre objectif, c’est de protéger au maximum notre salarié et les adhérents.» Ils ont pris l’initiative d’adresser un message aux adhérents pour les appeler à travailler avec des gants, du produit désinfectant… et seul.

«Nous avons ajouté un mot sur l’ensilage», poursuit le responsable. Pendant la journée, «chacun est dans sa cabine, c’est relativement simple de ne pas être contact» et sa note proscrit les échanges d’outils. «Pour le bâchage, nous avons marqué qu’il faut au maximum respecter les règles d’éloignements.» Et le midi: c’est chacun chez soi.

Un peu partout, les responsables des cuma constatent que le Covid 19 nuit gravement aux habitudes conviviales sur les chantiers d’entraide. Un finistérien cite l’activité fumier qui d’ordinaire tourne avec un chargeur et trois ou quatre remorques. Même si la tâche n’impose pas aux opérateurs de se réunir hors de leur cabine, «on évite l’entraide. Il y a aussi que ce serait mal vu peut-être.»

Plusieurs matériels, donc plusieurs chauffeurs sur un chantier d'ensilage

Pour prendre part à des chantiers d’entraide, « les agriculteurs doivent se munir de leur attestation de déplacement dérogatoire et appliquer strictement les gestes barrières, les mesures de distanciation sociales, en s’inspirant, par exemple, de ce qui est fait pour les salariés », souligne Barbara Tiriou, juriste Fncuma.

 

«Et quand on voit la situation dans le milieu hospitalier… il faut respecter les consignes», complète un dirigeant brétilien. «Cela a forcément des conséquences.» Dans sa cuma basée à Iffendic, «l’impact, c’est déjà pour l’équipe des salariés», analyse Hervé Lesné. «Ils doivent se tenir éloignés les uns des autres. Le midi, ils mangent au restaurant ou chez les adhérents… c’est la moindre des choses. Mais là, ce n’est plus possible et ils doivent s’organiser par leurs propres moyens.»

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A l’heure où les ensilages devraient démarrer ici aussi, une inquiétude du président de la cuma Agribocage est que la situation évolue: Sans parler du ralentissement de l’économique et des interventions de dépannage, «un arrêt de l’activité peut tomber à tout moment si des cas sont détectés dans l’environnement de la cuma.» Il relève aussi la vitesse à laquelle les règles changent: «J’ai signé les documents pour que les salariés circulent la semaine dernière. Il y a eu des modifications, il a fallu que je revienne faire en début de semaine. Tous les deux jours, ça change. Il faut se tenir informé» pour être à jour des obligations administratives et des bonnes pratiques à adopter. «Il faut être réactif» et pas seulement vis-à-vis de la météo, pour ne citer qu’un facteur habituel qui influe la chaîne de décision.

Groupe de fauche Krone

Les faucheuses sont sorties, comme ici à Martigné-Ferchaud où la cuma la Fourragère présente son groupe 10 m sur Facebook.

Etant donné la fréquence de mise à jour des informations sur le coronavirus, il est conseillé de vérifier régulièrement les informations sur les sites officiels:

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