Qui l’eût cru ? La ferme des 1000 vaches en cuma

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Qui l’eût cru ? La ferme des 1000 vaches en cuma

«Dans notre groupe, chacun s’y retrouve : les gros comme les petits», assure Benoît-Joseph Caffin. A sa droite : Jean-Louis Dhalluin.

La ferme géante de la Somme adhère à une cuma environnante pour épandre son lisier. Elle a aussi créé une coopérative pour mettre en commun l'intégralité de son matériel agricole.

Dans les campagnes, on entend souvent dire que les grosses exploitations n’ont plus besoin de partager leur matériel en cuma. La ferme des 1000 vaches est un contre-exemple.

Elle adhère à la cuma de Cavillon, spécialisée dans les tonnes à lisier. «Dans notre groupe, chacun s’y retrouve : les gros comme les petits», assure Benoît-Joseph Caffin, le président d’honneur. Il explique : «Notre cuma va fêter ses 50 ans en 2016. Nous disposons de sept cuves de 11.000 l à 24.000 l, avec lesquelles nous avons transporté 46.000 m3 de lisier en 2015.»

La cuma s’est adaptée à la concentration des exploitations environnantes. Elle est ainsi passée de 80 à moins de 40 adhérents. Tout en conservant son volume d’activité. «Depuis 1977, nous avons décidé d’appliquer des tarifs différents par tranche», commente Benoît-Joseph Caffin. Au-delà de certains seuils, le prix du mètre cube baisse. Une politique tarifaire dégressive qui peut surprendre en cuma. Elle est pleinement assumée par le président d’honneur : «Nous avons voulu une solution équitable, qui permette à chaque adhérent de s’y retrouver.»

Gros et petits : des besoins complémentaires

La ferme des 1000 vaches, du moins l’exploitation qui la précédait, travaille avec la cuma « depuis plus de 20 ans », selon Jean-Louis Dhalluin, le président de la cuma de Cavillon. «Nous n’avons pas de parti pris face à cette structure. Nous sommes allés visiter, le Bureau s’est réuni. Je trouve que les gérants de la ferme des 1000 vaches ont l’esprit cuma», estime ce dernier. Il les présente comme des entrepreneurs maîtrisant parfaitement l’arithmétique des charges de mécanisation, mais qui savent attendre leur tour quand il s’agit de partager le matériel.«L’augmentation du tonnage réalisé à partir de 2016, sans matériel supplémentaire, va permettre d’améliorer le prix de revient au profit de tous», résume Benoît-Joseph Caffin.

«Nous épandons avec un système sans tonne, explique pour sa part Michel Welter, le gérant de la ferme des 1000 vaches. Nous rencontrons un problème de logistique pour transporter le lisier jusqu’aux fosses tampons. Nous utilisons les cuves de la cuma comme moyen d’affrètement. Avec  les autres adhérents, nous avons trouvé une complémentarité. Ils sont prioritaires en période d’épandage», souligne-t-il.

La cuma des 1000

Le gérant ajoute aussitôt : «Nous avons également créé la cuma des 1000 pour partager le matériel des huit structures qui se sont rapprochées pour former la ferme des 1000 vaches. Nous sommes convaincus que le matériel est là pour être utilisé au maximum. Nous songeons à ouvrir ce groupe aux exploitations voisines, sur du matériel de récolte du lin par exemple.» Cette cuma est présidée par Michel Ramery.

Cumiste ou opportuniste ?

«La ferme des 1000 vaches  est une bonne forme de mise en commun de moyens, à condition que chaque partenaire ait bien son libre arbitre et le choix de ses décisions », souligne Thierry Bailliet, le président de la frcuma Nord Pas-de-Calais Picardie. Il complète : «La seule crainte que nous pourrions avoir, concerne la façon dont sera gérée la cuma. La gestion doit être plurielle. Mais sur le fait qu’une exploitation de grande taille adhère à une cuma, je dis oui ! Le système n’est pas uniquement là pour les petites structures. Il s’agit d’une façon d’optimiser nos résultats, de rendre nos structures plus viables.»

Alors, la cuma des 1000 se situe-t-elle dans l’opportunisme ou dans la coopération ? «Je n’ai aucun moyen de le savoir», répond Thierry Bailliet. Il se veut optimiste : «Si cela leur permet de s’ouvrir à d’autres horizons… On ne naît pas forcément coopérateur, on le devient avec le temps !»