Maïs et sorgho en sec : mariage de raison

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Maïs et sorgho en sec : mariage de raison

Un essai réalisé par la Chambre d’agriculture du Lot a associé 40% de maïs et 60% de sorgho. Pour ce dernier, un mélange de 2 variétés du semencier Semental a été effectué : 30% de Sweet Virginia (plus riche en matière sèche et amidon) et 70% de Big Kahuna, une variété résistante à la verse.

Et pourquoi pas associer maïs et sorgho!?

Un été un peu aride, et les plants de maïs sèchent sur pied. C’est ce qu’affrontait régulièrement Philippe Pointelin, éleveur dans le Lot, qui travaille sur argilo-calcaires superficielles séchantes non-irriguées. Il a testé avec la Chambre d’agriculture du Lot la culture de sorgho, puis il y a 3 ans a émergé l’idée de cultiver maïs et sorgho en association, pour garantir la valeur alimentaire de l’ensilage et sécuriser la production de matière sèche en cas d’épisode sec, auquel cas la croissance du sorgo s’arrête, puis reprend. Testée sur 4, puis 8ha, l’association a conquis lors de la dernière campagne 15ha de l’exploitation qui s’étend sur 107ha, avec un troupeau de 45 montbéliardes/Prim’Holstein. Les résultats, plutôt positifs, peuvent intéresser les éleveurs dans des zones où l’eau est un facteur limitant, mais également ceux qui souhaitent maintenir une forte production laitière en diminuant les risques acidogènes : les sorghos sucriers BMR (pour « Brown Mid Rib », nervure brune centrale) peu ligneux, contiennent plus de sucre et moins d’amidon que le maïs.

Désherbage

Fabien Bouchet-Lannat, de la Chambre d’agriculture du Lot a lancé cette expérimentation: « En maïs, les rendements chez Philippe Pointelin atteignaient 7t/ha maximum, et sorgho seul, entre 9 et 10t/ha sur les dernières années, et a donc prouvé sa capacité à faire mieux. Nous avons associé sur la parcelle 60% de sorgho et 40% de maïs, en calant l’itinéraire technique sur le sorgho et la récolte sur le maïs. Le semis, en un passage et alternance de rangs est effectué mi-mai, en terres réchauffées avec un semoir monograine (3 sorgho + 2 maïs. La densité, par chance, était parfaite). Pour le maïs, le choix s’est orienté sur un indice tardif (600) pour récolter le plus tard possible et laisser au sorgho la capacité de se développer en septembre, un mois qui permet souvent de doubler le volume. » Pour ce dernier, un mélange de deux variétés a été choisi (voir légende ci-dessus).

L’étape la plus délicate ? Le désherbage : « les solutions chimiques sorgho sont homologuées maïs, pas l’inverse, et les doses autorisées sont plus faibles, détaille Fabien Bouchet-Lannat. Les graminées représentent le plus gros problème, donc Philippe Pointelin travaille les rotations et implante en général derrière céréales. Le semis tardif permet dans l’idéal de réaliser un faux-semis. » La gamme de solutions chimiques pour sorgho est en train de s’étendre avec l’arrivée, en raison des regroupements d’usages, d’un produit recommandé en post-levée précoce (Dual Gold Safeneur/Aliséo Gold Safeneur de Syngenta).

Lait… et viande

La récolte, effectuée par l’ensileuse de la Cuma de Cahors, s’est déroulée sans encombre mi-octobre, en ouvrant les éclateurs et hachant long pour favoriser la rumination. Le taux de sucre permet une conservation optimale. Pour Benoît Piquet, du Contrôle laitier du Lot, « ce troupeau tourne à 22 kilos par vache et par an. L’an dernier, avec une alimentation basée sur ce mélange, elle sont passées à 24-25kg. Cette année malheureusement des facteurs extérieurs perturbent la lecture des résultats. »

Ailleurs aussi le sorgho fait des émules: la cuma de la Région de Montignac, en Dordogne, a ensilé l'année dernière une dizaine d’hectares de sorgho pour l’un de ses adhérents, en culture pure cette fois.. Techniquement, il a simplement fallu enlever l’éclateur pour éviter de frictionner les plantes.

Ailleurs aussi le sorgho fait des émules: la cuma de la Région de Montignac, en Dordogne, a ensilé l’année dernière une dizaine d’hectares de sorgho pour l’un de ses adhérents, en culture pure cette fois.. Techniquement, il a simplement fallu enlever l’éclateur pour éviter de frictionner les plantes.

Chez Arvalis, 8 essais issus des stations expérimentales ont fait apparaître un maintien, voire une amélioration de l’efficacité laitière (augmentation du taux butyreux de 5 à 10%),  en associant les variétés digestibles de sorgho Bmr à 50% de maïs, plus d’infos ici. En production de viande également, le sorgho tire son épingle du jeu : un ensilage 50% maïs/50% sorgho BMR a fait apparaître à la station de la Jaillière des GMQ plus élevés qu’en maïs pur (1640 vs. 1612 g/jour) et une meilleure valorisation en poids de MS/kg de carcasse (9,68 vs. 10,29). Plus d’infos sur ce sujet ici.

AvantagesLimites
améliorations zootechniques en élevage bovin lait et allaitant (performances et santé)Eviter les parcelles où les adventices liées au maïs sont déjà un souci
En sec, moindre diminution des rendements en cas d’année sèche. Maintien ou amélioration en année normale ou humide. désherbage délicat (prévilégier un faux-semis, binage. Pour le moment seuls des produits de rattrapage sont autorisés. Homologation d’un désherbant en post-levée l’année prochaine)
Conservation améliorée en silo (teneur en sucre élevée)
Peu ou pas d’adaptation des matériels (semis, récolte)