[Maïs en semis direct et couvert] Objectif 100% photosynthèse

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[Maïs en semis direct et couvert] Objectif 100% photosynthèse

Une nécessité : optimiser la couverture des sols en maïs pour développer la qualité de fonctionnement des sols.

Accrochez-vous, direction l’univers technique de Konrad Schreiber, expert agronome à l’Institut de l’agriculture durable (IAD). Ou comment faire de son sol une machine autofertile qui produit plus de 500 unités d’azote par hectare, grâce à une couverture végétale totale, et le tout sans aucun travail du sol.

Pour Konrad Schreiber, les systèmes culturaux traditionnels vont droit dans le mur. « Il ne faut plus travailler le sol, et faire en sorte de disposer d’une couverture végétale la plus importante possible sur l’espace d’une année. Regardez les forêts. Elles fonctionnent toutes seules. Objectif : obtenir une photosynthèse permanente sur les sols. »

Dans le cadre d’une formation technique dispensée en juillet 2018 auprès d’agriculteurs des Landes, Konrad Schreiber insiste sur la pertinence d’optimiser la couverture des sols en maïs pour développer la qualité de fonctionnement des sols.

Avec un semis début mai et une récolte au 15 octobre, le maïs grain n’exploite en réalité le processus de photosynthèse que durant 4 mois. « Pendant 8 mois, il ne se passe rien. C’est une perte d’énergie gratuite, explique-t-il en évoquant celle du soleil, et une diminution de l’activité du sol et du système cultural. » Durant ces 8 mois, il faut couvrir le sol et le laisser fonctionner tout seul, mais sans négliger la fertilisation. « Plus il y a de photosynthèse sur une parcelle, plus il y a d’eau, plus il y a de plantes et plus le sol fonctionne. » Le travail de l’agriculteur aujourd’hui est de gérer les plantes pour entretenir le sol et produire de l’eau. C’est aussi simple : l’agriculteur est là pour s’assurer que le sol est en couverture maximale et cela afin de faire fonctionner le système cultural de manière autonome : sans fertilisation, ni phytosanitaire ou encore travail du sol.

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La ration du sol

Comme pour un éleveur qui pilote la ration de ses vaches laitières, Konrad Schreiber évoque la ration du sol. Celle-ci ne se compose pas uniquement de la fertilisation ou d’oligoéléments. Elle prend en compte l’ensemble des éléments des plantes qui restent après une récolte (les pailles, les résidus racinaires des cultures, etc.).

couverture végétale maïs et ration du sol

Si on n’exporte que le grain, on réintègre 350q de matière sèche.

« En considérant un objectif de rendement de 100 quintaux pour un hectare de maïs, le sol produit 100 quintaux de grains, 100 quintaux de paille et 100 quintaux de racines, soit 300 quintaux de matières végétales dans les grandes lignes, histoire de donner des notions et des répères. En exportant 100 quintaux de matières à la récolte, on réduit la ‘ration du sol’ à 200 quintaux. Autrement dit, on ne restitue au sol que les deux tiers de ce qu’il a produit. Afin de faire l’équilibre, l’intégration d’un couvert végétal permet de réintégrer 150 quintaux de matière sèche sur le sol (100 quintaux de cultures + 50 quintaux de racines), ce qui, à l’échelle de l’année, donne une ration du sol de 350 quintaux de matière sèche. »

Selon l’expert de l’IAD, il faut 20 tonnes annuelles de paille sur un hectare pour qu’un sol soit autofertile. Il faut aussi 5 années de mise en place de ce type de dispositif pour que les bactéries du sol et l’ensemble des composants du système cultural soient opérationnels pour réaliser par exemple le process d’humification du sol. « Les pailles en décomposition dans les parcelles et en surface protègent le sol. Elles assurent le développement de la biodiversité des organismes type bactéries, champignons, insectes. Elles favorisent la vie microbienne du sol, indispensable pour assimiler la ration végétale nécessaire au fonctionnement du cycle. »

Plus d’information sur : Agriculture de conservation en cliquant sur ACS

500 unités d’azote/ha

L’intégration de ce type de système à couverture intégrale du sol (culture + couvert + culture + couvert, etc.) nécessite impérativement de favoriser un rendement maximal des différentes cultures. Autrement dit, de pousser sur les premières années la fertilisation à son maximum. Dans un sol autofertile, ce sont plus de 500 unités d’azote par hectare et par an qui circulent pour faire fonctionner le sol. La production de 10 tonnes de couverts végétaux par hectare de type légumineuse assure la production de 300 unités d’azote pour le sol.

couverture végétale maïs et vie microbienne

Il faut 4 à 5 ans pour que les bactéries soient opérationnelles.

Associé à 10 tonnes de paille de maïs en résidus de cultures qui dosent 10 unités d’azote par tonne de paille (pour un rendement de 8 tonnes de paille par hectare) et le sol est en capacité de transformer et de disposer de 380 unités d’azote par hectare. Et cela, rien qu’en couvrant le sol via un couvert et en laissant les pailles de maïs. En ajoutant l’effet légumineuse et la capacité de fixer l’azote de l’air, la récupération d’azote peut gagner aussi 100 unités par hectare, soit plus de 500 unités.

Mais pour que cette dynamique se mette en place, « il faut alimenter la machine sol et favoriser le développement de sa ration. » C’est-à-dire chercher le maximum de rendement sur les cultures installées en activant le système grâce à une fertilisation généreuse qui booste les cultures sur les 5 premières années. Une sorte de starter en quelque sorte.


La luzerne, parfait couvert pour l’itinéraire technique type

Sauf dans les zones hydromorphes, constate Konrad Schreiber… Le problème de la luzerne, c’est l’eau. « Nous testons d’autres couverts pour pouvoir lever cette contrainte. Mis à part cela, la luzerne est un excellent candidat pour accompagner les maïs… et les maïs sur maïs. Elle dispose d’un très long pivot pour favoriser les remontées capillaires de l’eau et de l’effet légumineuse pour la production d’azote. »

couverture végétale luzerne

La luzerne, un excellent candidat pour accompagner les maïs. Seule contraite : l’eau.

« L’itinéraire technique est simple. Implantation durant l’été ou à l’automne. Une fertilisation de 30-40 t/ha sur cette même période. Au printemps, la luzerne est soit broyée, soit fauchée à 4 cm, avec un semis en direct du maïs. Fertilisation de 150 unités d’azote dans la foulée. Et la suite, c’est que tout pousse en même temps, pour laisser apparaître le maïs début juillet. Avec une telle couverture, pas besoin de désherbage, ni de réimplanter la luzerne après la récolte. C’est testé et ça marche » a constaté Konrad Schreiber. « Il faut veiller à une bonne fertilisation et laisser la biologie faire le reste. »

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