Un médiateur, pour renouer les liens

Partager sur

Un médiateur, pour renouer les liens

Les médiateurs assurent en général une ou deux médiations par an dans des exploitations sociétaires où les relations se délitent.

Nombre d’exploitations sociétaires sont confrontés à des difficultés relationnelles. La Bretagne a étendu à toute la région son réseau Agrimédiation constitué d’agriculteurs-médiateurs en capacité d’intervenir dans les situations conflictuelles

Agriculteur actif ou retraité, impartial, bienveillant, discret, formé pour écouter et comprendre les antagonismes entre associés de GAEC ou autres structures agricoles sociétaires: tel est le profil des médiateurs qui interviennent régulièrement dans le dispositif Agri Médiation en Bretagne. Celui-ci est coordonné par quatre animatrices départementales. Il a été présenté le 12 septembre dernier au SPACE à Rennes.

Conflits à tout âge

médiation, conflit dans exploitations sociétaires

Jean-Yves Guillaume, agriculteur retraité dans le Morbihan et ancien président de Cuma. Médiateur depuis 2013.

Une vingtaine de médiateurs sont formés. C’est le cas par exemple de Jean-Yves Guillaume, agriculteur retraité dans le Morbihan et médiateur depuis 2013. Ses anciennes fonctions de président de cuma l’aident probablement à appréhender avec discernement et doigté, des sujets délicats. Les médiateurs assurent en général une à deux médiations par an. Ils interviennent en duo. Attention: cette démarche est volontaire ! On n’impose pas une médiation. Mais on peut faire librement appel à elle lorsque la souffrance au travail devient trop aiguë avec des risques pour la pérennité de l’exploitation et sa propre santé. Un réseau de partenaires prescripteurs (*) décline cette possibilité aux exploitations sociétaires en difficultés relationnelles, sachant que ces tourments peuvent survenir à tout âge de la société: en vitesse de croisière ou en phase de transmission de l’exploitation.

De 1000 à 1500 euros

Une charte de médiation encadre le principe et le déroulement des médiations dont le coût varie entre 1000 et 1500 €. Dans le Morbihan, où le relais Agrimédiation a démarré dès 2003, 71 médiations ont eu lieu. Selon Hélène Amouriaux, médiatrice qui présentait les résultats d’une étude «sur la médiation par les pairs» (17 bénéficiaires enquêtés), 1/3 des exploitations concernées ont essayé de résoudre leurs difficultés par elles-mêmes ou via un technicien ou leur entourage, avant de se tourner vers ce dispositif. Les autres bénéficiaires n’avaient entrepris aucune démarche. Les responsables observent que les agriculteurs concernés attendent parfois la dernière minute!

Plus facile entre pairs

Savoir que le médiateur est, ou a été, agriculteur lui-même, est source de mise en confiance: «On parle le même langage.» Les agriculteurs commencent souvent par «vider leur sac». Les bénéficiaires de lamédiation reconnaissent le caractère apaisant des entretiens menés «sans partis pris».

De leurs côtés, les médiateurs sont animés par plusieurs motivations: la possibilité de transmettre un vécu relationnel, un attrait pour l’écoute, le désir de garder un contact avec la profession. La fonction de médiation apporte aux médiateurs eux-mêmes un approfondissement dans leurs relations aux autres et à eux-mêmes, et un sentiment de solidarité envers la profession.

Une amélioration dans les 2/3 des cas

Bien sûr, la médiation ne permet pas de résoudre tous les conflits. Pour plus des deux tiers des cas enquêtés, elle a permis cependant d’améliorer la situation. Ceci malgré les écueils régulièrement rencontrés: manque de participation de l’une des parties, impossibilité de trouver un accord, médiation qui arrive trop tard…

Dans la majorité des cas au terme de la médiation, la perception de la relation avec l’autre ou soi-même évolue positivement. Cela se traduit par une plus grande facilité de dialogue, d’attention, d’aptitude à nouer des compromis.

L’aboutissement de la démarche peut conduire à des décisions de tous ordres. Structurel: retrait d’associés, séparation… Financier: gestion des investissements… Organisationnel:  formalisation de temps d’échanges professionnels, nouvelle répartition des tâches, recours à de la main-d’oeuvre occasionnelle, amélioration du cadre de travail…

Et si les bénéficiaires étaient à nouveaux confrontés à une situation difficile, deux bénéficiaires sur trois referaient appel au relais médiation.  

(*) Chambre d’agriculture Bretagne, CER, Cogedis, Icoopa, BPO, Crédit agricole, CMB, Groupama, MSA, Fdsea, JA, Confédération Paysanne, Cuma, SDAEC, AEF, Resagri, Aveltis, Finistère remplacement. Chaque partenaire apporte à l’échelon départemental d’Agrimédiation Bretagne, une participation au financement de la formation des médiateurs et l’organisation du dispositif.  Renseignements: Agrimédiation Bretagne, tél. 02.23.48.27.11.