Méthanisation : sécuriser les projets

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Méthanisation : sécuriser les projets

Il ne s’agit pas de se faire peur. Mais les projets de méthanisation ont leurs risques parfois mal identifiés. Ils ont été décortiqués lors du salon Biogaz à Nantes.

Acclimater le zébu…

Luc Boucher

Luc Boucher, consultant en gestion des risques agricoles.

Une étude commandée par l’Ademe et portant sur cinq projets de méthanisation très divers, dont deux collectifs, a permis de localiser sept domaines de risques. Il s’agit de la gouvernance, la communication, le gisement (d’intrants), l’installation, l’exploitation, la valorisation des productions du méthaniseur et l’économie générale du projet. Tous sont importants, mais certains méritent qu’on s’y attarde. Ainsi des gisements d’intrants : s’ils sont généralement bien identifiés, leur variabilité est plus difficilement maîtrisée. Par exemple en cas d’accidents climatiques sur les CIVE (couverts végétaux à vocation énergétique). Autre point de vigilance, les contrats des constructeurs : aucun de ceux que nous avons vus ne propose de réelles garanties de performances du méthaniseur. On pense peu à la compétence de l’agriculteur «pilote» et aux impacts sur ses autres activités agricoles. Pourtant ils nécessitent souvent une formation ad’ hoc pour «acclimater le zébu» : le méthaniseur n’est ni une vache, ni un simple ensemble de tuyaux et de béton ! La valorisation de la chaleur constitue en soi un second projet à part entière. Nous proposons d’élaborer, à l’intention des porteurs de projets un auto-diagnostic permettant de mesurer et noter le niveau de chacun de ces risques.

Soigner le pré-projet

Paul Cocault

Paul Cocault, CER France Vendée.

Les 40 dossiers de méthanisation que nous avons en comptabilité permettent d’appréhender les risques, économiques notamment, liés à cette activité. L’étape du pré-projet est essentielle : elle permet de passer de la découverte de cette activité à la construction méthodique. Elle implique de monter en compétence pour comprendre tous les enjeux (techniques, réglementaires, fiscaux et juridiques) et, en définitive, faire ses choix. Il faut aussi être clair sur ses motivations individuelles ou collectives (recherche de revenu, réponse à un problème environnemental…) et sur les potentiels amont (intrants) et aval (utilisation du gaz et de la chaleur). Surtout, le projet doit être défini avant d’aller voir un constructeur, au risque sinon de rentrer dans la logique de celui-ci… C’est à lui d’adapter ses choix à votre projet, pas l’inverse !
Quant au financement, le regard du banquier diffère car il s’agit de projets face auxquels il manque d’habitude et de références… et avec des montants demandés souvent supérieurs aux encours des exploitations. La solution : en faire un partenaire en l’associant à l’idée dès le début et lui apporter une sécurité juridique et réglementaire.

Faire émerger motivations et craintes

Evelyne Lagarrigue

Evelyne Lagarrigue, conseil en ressources humaines (Optim RH).

Il n’y a pas que le technique ou le juridique à réfléchir, il y a l’humain. Pour le projet vendéen AgriBioMéthane, en service depuis janvier 2014, nous avons engagé un accompagnement RH fin 2012. Il fallait faire émerger les motivations et aspirations mais aussi les craintes éventuelles. Que chacun des associés puisse définir la place qu’il souhaitait, personnellement, dans le projet : technique, communication, gestion, communication, responsabilité de l’épandage ? C’était un point clé pour la réussite du projet. Cet accompagnement s’est poursuivi dans l’organisation des permanences liées à l’enquête publique, puis pour le recrutement et l’intégration du salarié. Aujourd’hui, il se poursuit par des rencontres semestrielles afin de mesurer le niveau de satisfaction de chacun, faire vivre le groupe et même se projeter dans l’avenir, vers d’autres projets.