« En s’organisant, on mouille rarement le foin »

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« En s’organisant, on mouille rarement le foin »

Première enrubanneuse de la cuma de Drulhe.

La fenaison était perçue comme une activité 'sensible' en cuma: la peur de mouiller le foin en a fait reculer plus d’un. Le coût des machines, le recul de la main-d’œuvre disponible dans les exploitations et le développement du salariat dans les cuma sont en train de changer la donne. Les pionniers l’affirment, en Aveyron et ailleurs: on peut s’organiser pour ramasser les fourrages en collectif, sans en compromettre la qualité.

«Pour l’enrubannage, nous nous organisons en entraide, à la manière des chantiers d’ensilage» décrit Bruno Cantaloube, président de la cuma de Drulhe. La demi-douzaine d’adhérents qui procède ainsi enrubanne «1.400 bottes par an. Pour une cuma, c’est joli», apprécie-t-il.

Le déclencheur? Il y a une douzaine d’années, un adhérent qui travaillait beaucoup en ensilage d’herbe bascule en enrubannage. «C’est lui qui nous a proposé de fonctionner en entraide. Il est passé d’une cinquantaine de bottes à 800.»

Enrubannage en entraide

Au total, sept personnes se relaient sur ces chantiers. L’un charge, un autre décharge, trois s’occupent des plateaux, un de la presse et un dernier de l’enrubanneuse. Des chantiers menés sans banque de travail formelle, et qui s’étalent en général sur trois semaines, «sans se prendre la tête», souligne le président.

«Nous sommes dans la convivialité totale, avec un repas le midi et un le soir. On ne compte pas», résume-t-il. Reste qu’un adhérent a estimé que les chantiers reviennent à environ 6,50 à 7€ par botte, contre 11€ environ en entreprise. «Même si, reconnaît Bruno Cantaloube, le tarif des ETA comprend la main-d’œuvre.»

Organisation à la semaine

L’équipe s’organise à la semaine, en fonction des priorités de chacun. Chacun tient les autres informés des surfaces fauchées. «L’un de nous est chevrier et récolte tôt, ensuite viennent ceux qui font du bovin viande.» Deuxième critère présidant au planning, la géographie. «Nous n’avons pas tous des parcellaires regroupés, donc nous travaillons aussi en construisant des secteurs de récolte.»

Enfin, en fonction de la météo et de la végétation, d’autres chantiers peuvent entrer en collision avec la fenaison. «Le mois de mai est sans doute l’un des plus diversifié pour les activités agricoles chez nous, reconnaît le président. En mai, nous pouvons avoir encore des semis de maïs ou bien de l’ensilage.» Tous ces facteurs sont pris en compte par l’équipe qui délibère des priorités pour établir son planning.

Avec 11 campagnes de recul, Bruno Cantaloube est formel. « Nous n’avons jamais mouillé l’enrubannage. On a parfois terminé tard mais on n’a jamais mouillé. Idem pour la presse.» Un argument de poids qui vient contrer les idées reçues sur la fenaison en groupe.

La chaîne de fenaison de la cuma de Drulhe

Fauches, pirouettes et andaineurs sont détenus par les adhérents de manière individuelle. La cuma possède deux presses Rotocup, avec lesquelles neuf adhérents fonctionnent. Une demi-douzaine d’entre eux utilise également l’enrubanneuse simple Tanco. La cuma possède un plateau fourrager bientôt rejoint par une deuxième unité, en cours d’acquisition.