Luc Duthoit, agriculteur : « L’énergie est l’avenir de l’agriculture »

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Luc Duthoit, agriculteur : « L’énergie est l’avenir de l’agriculture »

Pour cette activité, la cuma de Condé a joué un rôle essentiel : « de la tonne à lisier au matériel d’épandage du digestat, tout le matériel qui intervient sur l’exploitation lui appartient. » Image d'illustration d'une installation de production de biométhane.

« L’énergie est l’avenir de l’agriculture », estime Luc Duthoit, administrateur de la frcuma Gand Est, et président de la cuma de Condé-les-Autry, dans les Ardennes.

« La France est à la ramasse derrière la plupart des pays européens. Il faut s’y intéresser, travailler le sujet, et ne pas laisser passer les occasions. » Éleveur laitier, Luc Duthoit s’est lancé dès 2012 dans la méthanisation. Le GAEC avait déjà prouvé sa capacité d’adaptation au changement avec une conversion à l’agriculture biologique en 2009, à l’issue de laquelle il a obtenu un agrément en 2011.

grdf methanisation cuma

Luc Duthoit, administrateur frcuma, s’est lancé en 2012 : « avec le recul, il est plus facile d’élaborer le projet aujourd’hui en cuma pour l’approvisionnement et l’épandage ».

 

LOGIQUE DE TERRITOIRE

Il n’a pas vraiment choisi d’avancer hors du collectif pour la méthanisation : « à l’époque, voisins et cumistes n’étaient vraiment pas prêts à se joindre au projet, constate t-il. Nous avons du nous contenter d’un projet à l’échelle du GAEC Duthoit Philippoteaux. »

Si le siège est dans la Marne, sa ferme est à cheval sur les Ardennes. Voilà qui n’est pas anecdotique : « 4 ou 5 ans plus tôt, c’est là qu’a été la première installation de méthanisation en France, bientôt suivie par 4 ou 5 autres unités avant la nôtre. »

Depuis, tout s’est accéléré : « devenu département pilote dans le cadre du Pacte Ardennes, le territoire bénéficie de fonds nationaux et européens pour le développement de nouvelles énergies. À la signature en 2019, le gouvernement prévoyait de financer 27 actions à hauteur de 12 M€ pour l’extension du réseau de gaz naturel, avec des pipelines qui vont jusqu’aux fermes, et l’implantation de nouvelles unités pour l’alimenter. On parle de 70 projets à l’étude ».

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AVEC LE MATÉRIEL DE LA CUMA

Chez Luc Duthoit, les ouvriers venus construire l’unité de méthanisation ont pu être embauchés à terme. « En plus des quatre associés, l’exploitation fait désormais vivre sept salariés, dont mon fils », se réjouit-il.

Pour cette nouvelle activité, la cuma de Condé, dont Luc Duthoit est adhérent et président, a joué un rôle essentiel : « de la tonne à lisier au matériel d’épandage du digestat, solide et liquide, tout le matériel qui intervient sur l’exploitation (ou presque) lui appartient. » Signe des temps, la cuma va prochainement construire de nouveaux bâtiments, couverts de panneaux photovoltaïques pour gagner en autonomie.

PLUS FACILE AUJOURD’HUI

Si la ferme achète très peu de déchets agro-industriels pour le méthaniseur, elle pratique couramment l’échange entre déchets verts et digestat. Luc Duthoit tient à préciser : « nous faisons des couverts intermédiaires, mais pas du tout de cultures énergétiques. »

L’unité a reçu beaucoup de visiteurs. « L’investissement reste lourd, mais il est plus facile d’envisager un projet collectif de méthanisation aujourd’hui, parce que chacun peut constater à quel point ceux qui se sont lancés sont satisfaits. » Pour lui, le fait que les pipelines s’approchent des fermes pour injecter du biogaz est encourageant. « Il y a de la place pour tout le monde, y compris des entreprises de travaux agricoles (ETA), quand il n’y a pas de cumistes. Mais il est essentiel que les paysans gardent la main. »

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