[Portrait] A 56 ans, il se lance dans le maraîchage bio

Partager sur

[Portrait] A 56 ans, il se lance dans le maraîchage bio

Sous l’un des trois tunnels, Denis Brosset creuse des trous à la tarière pour installer les plants de tomate.

Producteur de viande bovine et de biogaz, Denis Brosset a aussi, dans le passé, élevé des lapins et cultivé du tabac. Le voilà désormais maraîcher... pour allier travail et plaisir.

Il n’y a pas de temps à perdre car le printemps est bientôt là. Tout en discutant, Denis Brosset creuse des trous à la tarière sous un tunnel en plastique pour y installer ses plants de tomates déjà bien développés en ce début mars. Il a l’air heureux. «Je suis un homme du dehors, confie-t-il. Avant je subissais, aujourd’hui je choisis.» L’agriculteur fait notamment référence à la production de lapins présente sur l’exploitation jusqu’en 2015. Pour la ferme de 70ha et 50 vaches à viande, c’était un atelier qu’on lui présentât comme incontournable pour vivre, suite à son installation en 1987 aux côtés de son père et son frère.

Aujourd’hui, l’un des anciens bâtiments d’élevage hors-sol est devenu une serre. À l’abris de celle-ci s’épanouissent les plants de légumes… à la chaleur générée par un moteur transformant du biogaz en électricité. «Notre méthaniseur fonctionne depuis treize ans. C’était l’une des premières installations dans la voie solide.» Par là comprendre qu’il fonctionne sur une base de fumiers. «Il produit 30 kilowatts par heure. Nous avions fait ce choix dans le cadre de la mise aux normes.»

Denis Brosset

Dans un ancien bâtiment à lapins, les plants de légumes profitent de la chaleur issue du moteur transformant le biogaz en électricité, et diffusée dans des tuyaux d’eau.

Une envie personnelle avant tout

Denis Brosset, et son associé actuel Jean-Louis Vrignaud, n’ont jamais cessé d’innover et de transformer leur entreprise, le «gaec le Bois joli». Pour travailler moins et gagner plus, ils ont tour à tour arrêté l’engraissement de taurillons, fait le pas de l’agriculture biologique en 2016, et finalement implanté des prairies sur l’ensemble de leurs terres. Tout cela avec l’accompagnement du Civam Grapea. «Cela nous a changé la vie, affirme Denis. Avant, nous travaillions 70 à 80 heures par semaine. Notre système ne nous convenait pas. Toutefois, en 2021 les aides à la conversion bio s’arrêtent alors il faut jouer la prudence.» D’ici découle cet atelier naissant de production maraîchère. L’agriculteur avoue quand même satisfaire avant tout une envie personnelle, une attirance pour l’art potager qu’ont pratiqué avant lui sa mère et son grand-père.

Beaucoup de demande… avant même de produire

Pas question pour autant d’agir en amateur. Depuis trois ans, il se forme à la production de légumes avec le groupement des agriculteurs biologiques de Vendée (GAB85). «En 2020, nous nous sommes fait la main et nous avons planté 80 arbres fruitiers.» Des arbustes à fruits rouges peuplent aussi son parcellaire: cassis, framboises, myrtilles. Autour, des magasins bio sont demandeurs d’un approvisionnement local. «Cette année, avant même de démarrer la production, j’ai déjà beaucoup de demande de la part aussi des cantines scolaires, et d’un Ephad. On me réclame même des plants. Je n’avais pas prévu d’en vendre à l’origine.»

Denis Brosset cultivera 7.500m2 de cultures maraîchères, dont trois tunnels de 400 m2 chacun. «Mon associé n’est pas intéressé par cette production. Il se consacrera aux vaches pendant que je m’occupe des légumes. Je sais que j’aurai besoin de renfort en main d’œuvre à la pleine saison. Cette année, j’embaucherai mon fils.»