Le premier salarié de ma cuma

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Le premier salarié de ma cuma

Le salarié a été embauché en décembre 2013, à temps plein. De gauche à droite : Laurent Darosey (président), Vincent Laillet (salarié), Philippe Zver et Pascal Boudy (administrateurs).

La première embauche d'un salarié n'est pas une mince affaire. Après avoir fonctionné des années en banque de travail, la cuma de la Saône-et-Planey en Haute-Saône a franchi le pas il y a 2 ans. Récit.

C’était une démarche qu’on découvrait. Nous n’avions aucune expérience avant”, raconte Laurent Darosey, le président de la cuma de la Saône-et-Planey, en Haute-Saône. Il y a deux ans, cette cuma a pourtant pris le taureau par les cornes en concrétisant sa première embauche. “Avant, on fonctionnait avec une banque de travail pour que le matériel tourne au maximum, même pendant la traite. Nous étions arrivés au bout du système. C’était toujours les mêmes qui aidaient”, poursuit le président. Depuis quelques années, la cuma cherchait aussi un lieu pour centraliser le matériel. La construction d’un bâtiment s’articule bien avec l’embauche d’un salarié. En 2013, la cuma se lance.

On ne s’improvise pas manager

“Nous sommes allés voir plusieurs cuma avec des salariés. On est tombé de notre chaise !” Les visites aident le groupe à identifier ses besoins. Un noyau dur se convainc de l’intérêt d’un salarié. Tous les adhérents sont alors convoqués. La cuma se fait accompagner par des structures compétentes. “Nous avons obtenu une enveloppe financière de 22 000 € pour nous aider à investir sur l’emploi et nous former. Sans cela, nous ne serions pas allés aussi loin dans la recherche de fondamentaux”, note le président. Ordinateur, bureau, premiers mois de salaire… L’aide européenne est un sacré coup de pouce. Les cumistes assistent aussi à des cours de management. “Le montage du dossier FSE a pris beaucoup de temps. Mais on a bien fait de passer par cette étape. L’humain est la matière la plus difficile à travailler!”

Des responsables investis

Une commission “salarié” est mise en place. “Nous avons passé des petites annonces dans la presse. La cuma a étudié 15 candidatures et organisé deux jours d’entretiens”, détaille Laurent Darosey. Problème : les personnes qui correspondaient le mieux étaient les plus éloignées ! Le choix se porte sur un jeune habitant le secteur. Ses missions sont clairement définies : entretenir et conduire le matériel. Cela représente assez de travail pour ne pas le mettre à disposition des adhérents. “Nous avons délégué au centre de gestion la réalisation de la fiche de paie et tout le suivi social. Par contre, le planning hebdomadaire est toujours bâti par un administrateur, avec l’aide du salarié. Nous devons continuer à assumer notre rôle de responsable, sans quoi nous n’aurions plus envie de nous engager.

L'avis de Nicolas Boinon, fédération des cuma de l'Ain

Oser en parler
Leur projet était mûr depuis longtemps. Il fallait simplement les aider à mettre des mots dessus. Je conseille aux cuma de raisonner par étape. L’essentiel est d’oser en parler et de partager le projet au sein du conseil d’administration et des adhérents. Sans oublier de faire sanctionner le projet politique, étape par étape. Cela renforce le mandat des élus. De plus, il ne faut pas hésiter à s’entourer. La cuma de la Saône et Planey a replacé son entreprise dans son environnement et elle est allée chercher des compétences. En collectif, on ne peut pas prendre de risque, notamment au niveau du droit du travail. Après toutes ses étapes, le projet a souvent besoin d’être canalisé et ordonné. C’est le rôle de l’animateur cuma !
Quel bilan économique ?
En 2014, les factures d’entretien du matériel ont baissé de 20 000 €, un résultat à prendre avec prudence car l’embauche est encore récente. “Notre objectif est de dynamiser le groupe. Nous voulons dire aux jeunes que l’outil cuma est là, qu’il permet de s’installer plus facilement. Le parc matériel n’a pas encore évolué avec l’embauche du salarié, même si le sujet est en réflexion. L’idée est d’abord de valoriser l’existant, tout en laissant le temps aux adhérents de s’adapter”, explique Laurent Darosey.