Moins d’éleveurs laitiers, c’est désormais sans plus de salariés

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Moins d’éleveurs laitiers, c’est désormais sans plus de salariés

La production de lait reste 1er pourvoyeur d’emplois agricoles non salariés. C’est aussi la 1ère filière en termes d’installation.

Le cheptel national de vaches laitières s’érode. Le nombre d’actifs impliqués dans la production continue de diminuer. Pour autant, le lait est toujours la production qui installe le plus. Et l’institut de l’élevage observe que les trajectoires de développement sont peut-être en train d’évoluer.

«En janvier et février, la production laitière a fortement reflué en France.» L’effet de cheptels réduits se fait sentir, tout comme l’hiver plus rigoureux qu’en 2020. Gérard You (chef du service économie des filières Idele) pointe aussi les prix du lait, «peu incitatifs». Surtout au regard des coûts de production en hausse. Et si sur la fin d’année le niveau de la collecte pourrait jouer le maintien, c’est là l’hypothèse la plus optimiste qu’envisage l’économiste. Le point sur la production laitière française en 2021.

2020, puis 2021: toujours moins de génisses de renouvellement

Ce signal prolonge une tendance mise en avant lors de la conférence annuelle Grand angle. Le cheptel laitier s’érode depuis la campagne 2014-2015. Comme moins de génisses de renouvellement sont actuellement dans les starting blocks, cette année encore, «les effectifs de vaches laitières devraient diminuer, de -1,5% et -2 %», évalue Gérard You dans la dernière note de conjoncture laitière de l’institut.

Reste que les 3,5 millions de vaches laitières disposent aussi de moins en moins de bras pour les traire, les pailler, les nourrir. «Entre 2016 et 2019, nous sommes à -4% de chefs et co-exploitants sur les élevages laitiers», pose Christophe Perrot (chargé de mission économie et territoire Idele).

«50 % des éleveurs laitiers actifs en 2018 seront partis en retraite en 2027», poursuit-il. Dans la mesure où un départ sur deux, à deux départs sur trois, se font sans installation, la baisse du nombre d’éleveurs est actuellement sur «un rythme relativement inédit.» Et elle n’est pas, ou plus, compensée par le salariat. «Entre 2016 et 2019, le nombre de salariés de la production laitière a baissé de 700 unités», observe le spécialiste. Et de rappeler qu’entre 2010 et 2014, ce nombre d’UTA salariées avait progressé de 4.000.

-700UTA salariées en trois ans

Ce qui surprend aussi dans l’analyse démographique, c’est que le phénomène de restructuration marque un certain pas. Le nombre d’élevages ayant 25 à 50 têtes continue de s’effondrer, certes. Mais la progression du nombre de grands troupeaux s’essouffle sur la fin de la décennie. «Entre 2010 et 2017, nous en avions environ un millier de plus par an», poursuit Christophe Perrot. Depuis, la courbe se tasse. Quant aux étables de plus de 150 ou 200 laitières: «elles n’apparaissent pas aussi rapidement que ce que nous imaginions.» Et ce, dans un passé encore récent.

Production laitière française en 2021, les grands troupeaux sont plus nombreux, mais moins qu’attendu

La main d’œuvre disponible limitée est un des facteurs qui peut l’expliquer. De plus, l’économiste précise que la tendance semble difficile à inverser. Pour autant cette production laitière reste leader de l’installation. «Notamment chez les plus jeunes porteurs de projet.» Ils sont environ 2.000 nouveaux producteurs chaque année. Et ils témoignent «d’une très forte diversité de projet en termes de système, de valorisation. L’univers des possibles est pleinement exploré.»

C’est une note d’espoir que retiendrait Christophe Perrot de son intervention du 19 mars.