Des antibiotiques pas automatiques!

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Des antibiotiques pas automatiques!

Réduire l’usage des antibiotiques en élevage est capital pour éviter les phénomènes d’antibio-résistance.

L’INRA cherche des alternatives pour réduire l’usage des antibiotiques en élevage. Le point sur les comportement des éleveurs et les pistes étudiées.  

Non, les antibiotiques, ce n’est pas toujours fantastique! Dans un dossier complet publié sur ce sujet, l’Inra présente ses travaux de recherche ciblés en particulier sur les phénomènes de résistance aux antibiotiques. Cette tendance est clairement liée à l’utilisation massive d’antibiotiques qui permet progressivement aux bactéries de s’adapter. Et même de transmettre cette résistance à d’autres bactéries! Le monde de l’élevage redoute ainsi la disparition de certains antibiotiques devenus inefficaces. Ce qui laisserait les éleveurs démunis contre certaines pathologies.

Toutes les productions

Porcs, volailles, laitières, bovins viande… Toutes les productions sont plus ou moins touchées par ces phénomènes d’antibio-résistance. L’emploi d’antibiotiques au moment du tarissement des vaches, au moment du sevrage des porcelets, de l’apparition de boiteries chez les poulets de chair…, est parfois systématique. «Cela augmente les risques d’apparition et de dissémination des gènes d’antibio-résistance», observent les chercheurs qui constatent que «plus la durée d’exposition au médicament se prolonge, plus on augmente le risque d’apparition de résistance».

Situation à risques

Le type de conduite d’élevage impacte évidemment la santé des animaux et donc le recours éventuel aux antibiotiques. En aviculture par exemple, le transfert du couvoir au bâtiment d’élevage laisse un long moment les poussins sans eau et sans aliment. Ce qui va engendrer une plus grande fragilité. Dans le même ordre d’idée, il est parfois difficile en élevage hors-sol de repérer les animaux à risques. Les éleveurs sont tentés de tous les traiter aux antibiotiques

Certains types d’élevages présentent davantage de risques sanitaires comme les engraisseurs de bovins qui reçoivent des lots de broutards provenant de différents naisseurs. Ce mélange génère plus de risques et conduits les éleveurs concernés à traiter d’emblée les animaux aux antibiotiques pour prévenir tout risque. Peut-être serait-il préférable pour réduire cette pratique que les naisseurs vaccinent leurs veaux de manière à atténuer les risques ultérieurs pour l’engraisseur.

Stratégies alternatives

Les solutions étudiées pour diminuer le recours aux antibiotiques sont de plusieurs ordres. Les chercheurs étudient les variants génétiques susceptibles de caractériser la résistance aux maladies. But: sélectionner des animaux plus robustes.

Le recours aux huiles essentielles, algues, homéopathie, administration de bactéries bénéfiques, se développe aussi… Les chercheurs, rejoints par des sociétés privées, mettent progressivement en place différents types de substituts aux antibiotiques.

La recherche se concentre aussi sur la mise au point d’une nouvelle génération d’antibiotiques dont les mécanismes d’action ne sont plus conçus pour tuer le pathogène «mais pour permettre aux défenses immunitaires de s’en charger plus facilement», analyse l’INRA. L’ensemble des acteurs de l’élevage, éleveurs, vétérinaires, groupements d’élevage…, prennent conscience de l’importance de cette question qui a fait d’ailleurs l’objet du plan Ecoantibio 2017, lancé par le ministère de l’Agriculture. Et c’est plutôt sur la bonne voie puisque entre 2002 à 2016, la consommation d’antibiotiques a baissé de 37%. Soit 12% de mieux qu’attendu!